Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 18 décembre 2021

 

Horreur en « Arabie heureuse »

 

L’Arabie heureuse est le nom donné à une région du sud de la péninsule arabique par les Romains quand ils l’ont découverte. Son nom arabe était « al yiumna » qui signifie « prospérité ». En effet, la partie ouest était montagneuse et relativement bien arrosée, les habitants maîtrisant parfaitement les techniques d’irrigation. On y a retrouvé les ruines d’un barrage (2 000 avant JC) de 600 m de long et de 15 m de haut, associé à des canaux ; ces ouvrages permettaient de pratiquer une agriculture qui répondait, sans problèmes, aux besoins des populations. On vivait plutôt bien dans cette région, à cette époque. Elle correspond au Royaume de Saba, un parmi les nombreux qui occupèrent la région. Cette zone a bien changé : aujourd’hui, c’est le Yémen. En plus de ce passé prospère, ce pays d’une superficie égale à la France et peuplé de 28 millions d’habitants, possède une autre caractéristique surprenante : il est très jeune, puisqu’il existe seulement depuis le 22 mai 1990.

 

Depuis l’Antiquité, il fut composé de multiples royaumes autonomes, relativement à l’abri des convoitises des grandes puissances, ceci, jusqu’au développement du commerce mondial. Sa position géographique faisait alors d’Aden, le grand port du sud, une escale idéale sur la route des Indes. Le détroit de Bab al Mandeb permettait, lui, de contrôler l’accès à la mer Rouge, peu important dans un premier temps, mais qui devint vital à la construction du canal de Suez, en 1869. L’Empire ottoman contrôlait alors, partiellement et sporadiquement, la partie nord du pays et les Anglais, eux, la partie sud, en particulier le port d’Aden, dès 1880.

 

Union et désunion du Yémen

 

En 1962, dans le nord du pays, un coup d’Etat renversa le principal royaume. Cette partie devint la République Arabe du Yémen, dirigée par Al Abdallah Saleh. La capitale était Sanaa et le régime était pro-occidental. Le territoire de cet Etat, appelé communément le Yémen du nord, correspond à « l’Arabie heureuse » favorable à l’agriculture.

 

En 1967, dans la partie sud, zone désertique et beaucoup plus pauvre, une révolte contre les Britanniques donna naissance à la République Démocratique Populaire du Yémen (Yémen du Sud). Ce régime à parti unique, soutenu par l’URSS, fut immédiatement combattu par les monarchies du Golfe et les Occidentaux qui, par de multiples interventions militaires, tenteront de le déstabiliser. Malgré ces agressions répétées, le pays mit en place des réformes très progressistes dans cette région : éducation universelle, santé gratuite, égalité Hommes/Femmes inscrites dans la Constitution, code de la famille progressiste… Mais, économiquement, pour ce pays constamment en état de guerre, ce fut un échec et c’est, exsangue, qu’il entama les négociations d’union avec le Yémen du nord.

 

Arriva ce qui devait arriver : en 1990, naquit de cette union la République du Yémen. Ses voisins terrestres sont l’Arabie Saoudite au Nord, Oman à l’est et il a des  frontières maritimes avec la Somalie, Djibouti et l’Erythrée, par l’intermédiaire du golfe d’Aden et de la mer rouge. Le nouveau président fut celui du Yémen du nord, Saleh, idem pour la capitale, Sanaa. Cela créa immédiatement une rancœur des populations du sud, qui se sentirent, à juste titre, quelque peu flouées. Malgré cela, les débuts de l’union se passèrent plutôt bien. Une nouvelle Constitution fut adoptée : système politique multipartiste, élections libres. Par contre, la première grande décision de politique internationale qui fut de soutenir l’Irak dans la guerre du Golfe, en 1991, lui attira les foudres des USA et de l’Arabie Saoudite : la monnaie fut attaquée, dévaluée, et l’Arabie Saoudite expulsa 1 million de travailleurs yéménites de son territoire.

 

En 1994, les anciens dirigeants du Yémen du sud, exclus du gouvernement, firent sécession et proclamèrent la République démocratique du Yémen, soutenus par l’Arabie Saoudite qui ne voulait pas d’un  Yémen unifié et fort dans la péninsule. En juillet, l’armée yéménite reprit le contrôle du sud, mais le bilan fut lourd : près de 10 000 morts et l’exil de nombreux dirigeants de l’ex-Yémen du Sud. La réunification est à nouveau en place mais l’histoire de la République du Yémen commence bien mal, d’autant plus que les premières élections présidentielles (1999) mettent sérieusement en doute le régime multipartiste puisque Saleh est élu avec 96.3 % des voix (en 1990, il avait été nommé). Sa première mesure fait passer le mandat de 4 à 6 ans. En fait, il restera au pouvoir jusqu’en 2011.

 

« Révolutions » yéménites

 

Au début des années 2000, la situation semble stable, le gouvernement fort et pas très démocratique du « riche » nord domine le sud. Et pourtant, c’est du Yémen du nord que vont venir les ennuis pour celui-ci. En 1962, lors de la révolte contre la monarchie, le gouvernorat de Saada, région pauvre et enclavée à la frontière avec l’Arabie Saoudite, avait soutenu la monarchie et, après sa chute, le gouvernement yéménite du nord lui accorda une certaine autonomie. En fait, elle fut laissée totalement à l’abandon et la misère s’y développa. Un mouvement de contestation y vit le jour.

 

Une branche de ce mouvement se tourna vers la lutte armée : les Houthis. Ils se réclament du zaïdisme, une branche du chiisme ; leur devise est on ne peut plus claire : « Dieu est le plus grand. Mort à l’Amérique. Mort à Israël. Maudits soient les Juifs. Victoire à l’Islam ». Les Houthis ne sont pas des enfants de chœur mais, comme les talibans en Afghanistan, ils sont soutenus par une grande partie de la population car ils se sont substitués à l’Etat qui l’avait totalement abandonnée.

 

En 2004, de grandes manifestations font peur au gouvernement yéménite, déjà aux prises avec des foyers d’insurrection d’islamistes affiliés à Al Quaida. Il décide de frapper fort. Il intervient militairement avec le soutien de l’Arabie Saoudite ; des centaines de civils y perdent la vie ainsi que le chef houthi. Il sera enterré dans une prison de peur que sa tombe ne devienne un lieu de recueillement. Les populations civiles souffrent de l’utilisation de bombardements au phosphore blanc par l’armée yéménite et se rapprochent encore plus des Houthis. L’Arabie Saoudite envoie des hommes sur le terrain et, surtout, assure le blocus maritime de la côte nord du Yémen pour que les Houthis ne soient pas ravitaillés par l’Iran.

 

En 2011, quand le Yémen connaîtra, lui aussi, son « printemps arabe », cette région du nord est toujours incontrôlée par le gouvernement central. Le printemps yéménite sera très suivi, surtout par les jeunes et les femmes, et toujours de manière pacifique, malgré une répression forte (52 morts le 18 mars 2011). Les participants réclament plus de démocratie, la fin de la corruption et de meilleures conditions de vie. Sous la pression, Saleh quitte le pouvoir en 2012 ; il est remplacé par son 1er ministre, ce qui n’augure pas de grands changements. 2 000 morts, 22 000 blessés, 1 000 personnes arrêtées, c’est le bilan de cette « révolution yéménite ».

 

Tempête décisive et Redonner l’espoir : un fiasco

 

Les Houthis profiteront de cette période trouble pour avancer vers le sud et, en janvier 2015, ils prennent la capitale Sanaa, puis Aden. Ils contrôlent ainsi toute la partie riche du Yémen.

 

Pour l’Arabie Saoudite, il est insupportable de voir des chiites contrôler le Yémen. A partir de mars 2015, à la tête d’une coalition de pays sunnites (Emirats Arabes Unis, Qatar, Maroc, Koweït…), elle lance l’opération Tempête décisive, avec le soutien des USA. L’objectif est, par une opération militaire très intense, de chasser les Houthis vers le nord et de réinstaller le gouvernement yéménite. Les moyens militaires sont très importants : 150 000 hommes, 200 avions de combat, des navires… Du 26 mars au 21 avril 2015, la coalition mène en moyenne 120 raids/jour, pendant que la marine bloque les ports. Le 21 avril, la coalition annonce la fin de l’opération qui est un échec. Certes, les Houthis ont reculé dans le sud mais ils contrôlent toujours le nord, en particulier Sanaa. Le bilan humain est très difficile à connaître, mais les morts civils se comptent par centaines, victimes des combats, mais aussi du blocus imposé par l’Arabie Saoudite.

 

Le 21 avril 2015, l’opération Restaurer l’espoir remplace Tempête décisive. On y retrouve la même coalition, mais maintenant, soutenue par la vente d’armes et la formation, entre autres, par le Royaume-Uni, le Canada, l’Allemagne et la France.

 

Depuis cette date, cette opération s’est transformée en bourbier militaire où personne ne prend l’avantage, et surtout, en une catastrophe humanitaire pour les civils qui, en plus de la guerre, subissent, depuis 6 ans, le blocus imposé par la coalition avec l’aide de ses soutiens, dont la France. Profitant du chaos, Daesh et Al Quaïda tentent de prendre poids dans la zone à travers des attentats et autres exactions.     

 

C’est une situation dramatique pour la population : plus de 4 millions de Yéménites ont été déplacés à l’intérieur du pays vers des zones plus sûres, mais, aujourd’hui, tout le pays est en situation de guerre. 28 000 Yéménites ont fui leur pays. 20 millions de personnes (70 % de la population) dépendent de l’aide humanitaire. Celle-ci étant très irrégulière, s’installent alors des situations de famine. 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Six années de guerre ont gravement endommagé routes, hôpitaux, écoles… Le Yémen a vu revenir sur son territoire des maladies que l’on pensait éradiquées, comme le choléra (500 000 cas, 3 000 décès) et, tout comme ailleurs, le coronavirus s’est répandu. Il n’y a quasiment plus d’Etat au Yémen et les fonctionnaires ne sont plus payés. Le Yémen connaît la pire crise humanitaire actuelle.

 

La France, complice

 

Cette situation est souvent présentée comme la conséquence d’une guerre civile. Certes, il y a bien un conflit entre les Houthis chiites et l’armée yéménite (sunnite) mais c’est surtout une guerre de l’Arabie Saoudite qui ne veut pas voir les Houthis diriger le pays, devenant ainsi un allié de l’Iran à sa porte.

 

L’Arabie Saoudite a, ainsi, fait appel à tous ses amis pour se dissimuler derrière une coalition, mais c’est bien elle qui mène le bal. Ce sont des bombes américaines, britanniques, françaises qui tuent les civils yéménites. Barak Obama, prix Nobel de la paix, a vendu pour plus de 115 milliards d’armes à Ryad durant ses deux mandats. Il a utilisé des drones pour bombarder les populations civiles, bien plus que ces prédécesseurs. La France n’est pas en reste : elle a livré pour 1.4 milliard € de matériels de guerre à l’Arabie Saoudite et 300 millions aux Emirats Arabes Unis. Ces chiffres ne tiennent pas compte des ventes de ces derniers jours (cf encart). Rappelons que l’ONU, par la résolution 2216 de 2015, a instauré un embargo sur les ventes d’armes aux Houthis, mais pas sur celles de la coalition.

 

Dans ce concours d’hypocrisie, la Suisse est parmi les meilleurs. Elle a repris ses ventes d’armes à l’Arabie Saoudite en 2016, déclarant « qu’il n’y a pas de raison de supposer que ce matériel soit utilisé dans les hostilités au Yémen » !

 

Jean-Louis Lamboley, le 12.12.2021

 

Encart

 

Spécificité française

 

C’est le gouvernement, et lui seul, qui décide des ventes d’armes, le Parlement n‘a rien à dire.

 

Amnesty International affirme que toutes les parties prenantes au conflit (coalition, Houthis, Daesh, Al Quaïda) sont dans l’illégalité : attaques aveugles, bombardements illégaux (hôpitaux, écoles, marchés), détentions arbitraires, disparitions forcées, actes de torture, violences sexuelles, entraves à l’aide humanitaire, ces agissements sont des  crimes de guerre.

 

La France, par son soutien à l’une des parties en conflit, est donc complice de  ces crimes de guerre et du drame humanitaire qui se jouent au Yémen. La récente visite de Macron aux Emirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite, notamment, avec les contrats d’armement signés, montre que c’est loin d’être terminé. Les emplois « sauvés » en France dans l’industrie de l’armement sont très chèrement payés par le peuple yéménite.      

 

Cybermonnaies mais effets réels

 

Les crypto-monnaies sont des monnaies numériques émises sans nécessité de banque centrale. Il en existe plus de 5 000 pour une valeur de 2 031 milliards d’euros. Perçues dans le monde riche comme un produit purement spéculatif, les crypto-monnaies s’installent tranquillement dans les pays en développement dont le système financier est défaillant. La plus célèbre d’entre elles, le bitcoin, a désormais le statut de monnaie officielle au Salvador. Virtuelle, cette monnaie ? Elle repose sur le travail de quantités extravagantes d’ordinateurs bien réels, affreusement énergivores.

 

Un nouvel eldorado

 

Une crypto-monnaie est une monnaie virtuelle qui opère indépendamment des banques et des gouvernements. Elle se base sur les principes de la cryptographie pour valider les transactions et la génération de la monnaie elle-même.  Elle peut être échangée et négociée, comme n’importe quelle devise physique (ou monnaie fiduciaire). Il existe un grand nombre de crypto-monnaies disponibles, chacune ayant ses propres caractéristiques et applications. Une crypto-monnaie repose sur une blockchain, un registre distribué (ou grand livre de comptes), consultable par tous, qui répertorie l’ensemble des actions du réseau depuis l’origine. Les informations à ajouter sont appelées transactions, et sont groupées dans des blocs. Une transaction peut, par exemple, être un transfert de crypto-monnaie d’une personne à une autre. Les acteurs du réseau, appelés nœuds, possèdent, stockent et vérifient leurs propres versions de la chaîne, depuis le tout premier bloc. Une blockchain est considérée comme valide lorsqu’il est possible de la vérifier totalement en partant du premier bloc. La participation à la création monétaire suit un schéma logarithmique qui a pour objectif de reproduire la découverte de l’or. Au début, il y a peu de personnes, et en trouver est simple, puis l’or devient plus difficile et plus coûteux à trouver, augmentant sa valeur.

 

La plus célèbre d’entre elles

 

Le bitcoin (de l’anglais bit : unité d’information binaire et coin « pièce de monnaie ») est une crypto-monnaie créée en 2009. L’idée fut présentée, pour la première fois, en novembre 2008 par une personne ou un groupe de personnes, sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Les bitcoins sont créés et gérés par un logiciel conformément à un protocole qui rétribue les agents (appelés « mineurs ») qui ont traité des transactions. Ces agents mettent à contribution la puissance de leurs ordinateurs afin de vérifier, de sécuriser et d’inscrire les transactions dans un registre virtuel, appelé la blockchain (en français chaîne de blocs, qui vient du nom de l’entité de base de bitcoin). On estime à un million à travers le monde le nombre de ces ordinateurs. Pour motiver les mineurs, et ainsi assurer la sécurité du réseau, le programme prévoit une récompense. Toutes les dix minutes, 6,25 bitcoins sont créés et peuvent être empochés par l’un des mineurs ; le premier qui trouve la solution d’un problème mathématique empoche les nouveaux jetons. Un petit pactole, puisqu’en suivant le cours actuel du bitcoin, 6,25 jetons représentent 321 800 euros. Ce problème mathématique, qu’on appelle « la preuve de travail », repose sur une dépense énergétique considérable.

En tant que monnaie, les bitcoins peuvent être échangés contre d’autres monnaies, biens ou services. Le taux d’échanges de la crypto-monnaie est fixé sur des places de marché spécialisées et fluctue selon la loi de l’offre et de la demande. Il est possible d’acheter des bitcoins en ligne sur des plateformes spécialisées, des bornes physiques ou en échange de n’importe quel bien ou service avec une personne en possédant déjà.

 

L’unité de compte de Bitcoin est le bitcoin. Le système fonctionne sans autorité centrale, ni administrateur unique. Il est géré de manière décentralisée grâce au consensus de l’ensemble des nœuds de réseau. Bitcoin est la plus importante monnaie cryptographique décentralisée, avec une capitalisation de 545 milliards de dollars. Malgré une croissance de 500% du nombre de marchands acceptant le bitcoin en 2014, la crypto-monnaie n’est pas très implantée dans le commerce de détail mais continue de s’implanter dans les échanges commerciaux.

 

Gouffre écologique

 

Pour la technologie blockchain chaque échange financier doit être validé ; cela passe par le calcul d’une preuve cryptographique, exigeant une grande puissance de calcul décentralisée. Miner de la crypto-monnaie consomme énormément d’électricité. Selon les calculs de l’université de Cambridge, le réseau consommerait plus de 130 térawattheures (TWh) par an, l’équivalent de la consommation de la Suède. Et une étude de la revue Nature conclue que les activités de « minage » consommeront 296 TWh et émettront 130 millions de tonnes de carbone annuellement en Chine, dès 2024. De quoi empêcher le pays d’atteindre ses objectifs climatiques, d’autant qu’il dépend fortement du charbon pour produire son électricité.  La dépense énergétique est fortement liée à son cours et sa valeur a été multipliée par cinq en un an, ce qui attire de nouveaux mineurs avec des ordinateurs toujours plus puissants.

 

Outre l’énergie nécessaire au minage, la construction des ordinateurs consacrés exclusivement au minage de bitcoin représente, elle aussi, une pollution considérable. Pour Pierre Boulet, professeur d’informatique à l’Université de Lille, « le matériel fabriqué pour le minage, c’est de la pollution brute ». L’extraction des matériaux et métaux précieux comme le cobalt ou le lithium dans les mines du Congo, leur assemblage, leur transport et leur recyclage sont des processus extrêmement coûteux en termes d’énergie et d’empreinte carbone.

 

Monnaie officielle

 

C’est une première mondiale : le Salvador, petit pays d’Amérique centrale, a adopté officiellement le Bitcoin comme monnaie légale – au risque d’être accusé de jouer au monopoly avec l’argent public. Le Salvador est le laboratoire parfait pour une telle expérience.  Le pays compte 6,5 millions d’habitants dont 70% ne possèdent pas de compte bancaire. Leur principale source de revenus provient de l’argent envoyé par les membres de leurs familles ayant émigré aux Etats-Unis. A en croire Nayib Bukeke, le président salvadorien, l’arrivée du bitcoin va créer des emplois et favoriser l’inclusion financière de milliers de personnes qui vivent en marge de l’économie formelle. Il a tweeté : « La capitalisation du bitcoin s’élève à 680 milliards de dollars. Si 1% de cette somme est investie au Salvador, cela augmentera notre PIB de 25% ».

 

Lors du lancement de l’application sur smart-phone, le 7 septembre, Bukeke a « donné » à chaque Salvadorien 30 dollars en bitcoins, et 200 distributeurs automatiques de billets ont été installés pour les changer en dollars, la première monnaie officielle. Le 24 septembre, le cours du bitcoin avait baissé et les Salvadoriens n’avaient plus que 26 dollars. En revanche, s’ils avaient acheté 1 000 dollars en bitcoin en juin, ils auraient eu 1 280 dollars. Les utilisateurs sont aussi divisés que les experts par cette crypto-monnaie qui monte et descend à vitesse grand V et n’est pas reconnue par la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international.

 

Dans le monde en développement, il semblerait que les crypto-monnaies soient en train de prendre racine à bas bruit. Elles s’y sont vite fait une place dans le quotidien, notamment dans les pays abonnés à l’instabilité financière ou qui n’offrent qu’un accès très limité aux services financiers traditionnels tels que les comptes bancaires. D’après Chainalysis, c’est le Vietnam qui affiche le plus fort taux d’adoption des crypto-monnaies dans le monde : c’est l’un des 19 marchés émergents de son top 20, les Etats-Unis étant la seule économie développée à figurer dans le classement en 2021, à la huitième place.

 

Le coût et la complexité des services financiers traditionnels poussent beaucoup de gens vers les crypto-monnaies, quitte à jongler avec plusieurs. Ryan Taylor, PDG d’une plateforme de monnaie numérique au Venezuela constate que le Dash sert aux menus achats, le bitcoin pour les achats plus importants (en raison de frais plus élevés), et le litecoin pour des usages tels que le règlement d’un abonnement à la télévision par satellite, par exemple. La crypto-monnaie est aussi un substitut aux envois d’argent traditionnels qui peuvent atteindre des coûts prohibitifs. Reste que, selon certains observateurs, il peut être extrêmement dangereux d’utiliser des crypto-monnaies, notamment pour les envois d’argent à l’étranger.

 

Mise en garde

 

« Si les consommateurs placent leur argent dans ce type de produits, il faut qu’ils soient prêts à tout perdre », a prévenu la Financial Conduct Authority (le gendarme de la finance) au Royaume-Uni. Le comité de Bâle, qui réunit les autorités de régulation bancaire a déclaré en juin que « la croissance des crypto-actifs et des services connexes peut susciter des inquiétudes sur la stabilité financière et augmenter les risques auxquels sont confrontées les banques » dont la fraude, le piratage et le financement du terrorisme.

 

La protection des consommateurs, notamment contre les arnaques de toute nature, est un gros enjeu. Les plus vulnérables, dans les pays les plus pauvres, en font souvent les frais. « Il y a beaucoup de battage autour et je pense que les gens les plus désespérés sont ceux qui seront les plus tentés de se lancer » redoute Kim Grauer. Sans compter que beaucoup de régulateurs nationaux se trouvent démunis face à des sociétés d’actifs numériques qui ne déclarent aucune domiciliation.

 

Au Salvador, le gouvernement  a préféré adopter la crypto-monnaie plutôt que de lui couper les ailes. Sachant que c’est un pays à part entière, qu’il ne fait pas l’objet de sanction, qu’il est membre du FMI  et est inséré dans le système financier  international, il y aura forcément des enseignements à tirer dans la manière d’installer une monnaie numérique négociable sur le plan international comme mode de paiement.

 

Cette nouvelle bulle financière spéculative, initiée par des libertariens, opposés à toute règlementation étatique, lorsqu’elle crèvera, risque de provoquer une crise d’ampleur. Elle aura permis entre temps aux plus riches de s’enrichir encore plus et, après coup, de provoquer un séisme où les plus désargentés n’auront que leurs larmes pour pleurer. Est-ce que les dominants finiront par interdire le change de ces monnaies virtuelles avec du dollar ou autre, alors que l’on désespère de les voir supprimer les paradis fiscaux ?

 

Stéphanie Roussillon

 

Sources :

reporterre.net/Le-bitcoin-monnaie-virtuelle-mais-gouffre-environnemental-reel

Courrier International n°1614

Série Arte sur YouTube « La création du bitcoin »

 

Inde. Victoire des paysans

 

Depuis novembre 2020, la révolte paysanne contre la libéralisation du secteur agricole, n’a cessé de s’amplifier jusqu’à obtenir, un an plus tard, une victoire historique. Des centaines de milliers de paysans venus principalement des Etats du Pendjab, de l’Haryana et de l’Uttar Pradesh, ont défié le gouvernement d’ultra-droite du 1er ministre Modi ; ils se sont organisés de manière remarquable pour  tenir un siège long d’encerclement de la capitale New Delhi. Les médias occidentaux n’ont pas relayé du tout ce formidable mouvement. Contre quoi lutte-t-il ? Quelle est sa force ? S’il peut crier victoire, pour autant, ne sera-t-il pas vite menacé par les tenants de l’agrobusiness et de l’agro-alimentaire, amis de Modi, cet ultra-libéral, nationaliste, très autoritaire ? Telles sont les questions que nous nous sommes posées. 


 Les raisons de la colère

 Rappelons que l’Inde (1.4 milliard d’habitants) est une puissance agricole majeure. Elle possède la 2ème surface agricole au monde et attire les convoitises. Même si la part de l’agriculture dans le PIB est en baisse, 30% en 1991 et 17% en 2016, ce secteur est le premier employeur du pays : plus de 600 millions d’Indiens en dépendent directement ou indirectement. L’Inde est 1er producteur mondial de lait, 2ème producteur mondial de riz et de blé et 1er exportateur de riz. Néanmoins, la sécurité alimentaire demeure un enjeu essentiel en Inde qui compte quelque 190 millions de personnes sous-alimentées. Par ailleurs, le gouvernement ultralibéral de Modi estime que le taux de productivité est insuffisant et qu’il convient de prendre des mesures pour « l’améliorer ». Il a donc décidé de trois lois de « libéralisation » du marché agricole, contestées par le mouvement des paysans.

 

Les paysans survivent pour la grande majorité sur de très petites exploitations, la moyenne nationale est de 1 hectare. « Nous sommes des paysans pauvres, nos parcelles sont si petites qu’il faut les rentabiliser au maximum avec des engrais, des pesticides et donc prendre des crédits. On vit au jour le jour. Sans les prix garantis, ce sera la fin pour la grande majorité d’entre nous ». L’endettement des ménages d’agriculteurs, en pourcentage de leur revenu annuel, est passé de 50% en 2003 à 61 % en 2013, sans compter leur endettement auprès de prêteurs non institutionnels. Les plus pauvres ne peuvent rembourser leurs dettes, les taux d’intérêt étant très élevés, pour ceux dont l’épargne annuelle par ménage est de 27.20€ (1). Depuis la fin des années 1990, 300 000 paysans se sont suicidés. Entre 1991 et 2011, l’Inde a perdu 15 millions d’agriculteurs (soit 2 000 personnes par jour) qui sont allés grossir les rangs des ouvriers sans terre aux revenus misérables. En 2013, une famille paysanne de 5 personnes vivait, en moyenne, avec 72€ par mois…

 

Avec ses lois de septembre 2020, Modi veut abolir le système existant - issu de la « révolution verte » des années 1960 – à savoir, la garantie des prix pour les paysans achetant et vendant sur les mandis,  marchés régulés par l’Etat, les prix et volumes d’achat étant encadrés par des prix minimum (MSP), notamment sur le riz et le blé. Autre spécificité : les récoltes peuvent être achetées par l’agence alimentaire nationale, pour soutenir les prix et constituer des stocks susceptibles d’être redistribués aux populations les plus pauvres. Ce système est loin d’être parfait car l’Inde ne compte que 6 000 mandis, inégalement répartis sur le territoire et la corruption y est avérée : pour nombre d’agriculteurs, soit le prix minimum pour leurs produits est trop bas soit les mandis sont trop loin ou inexistants dans leur région. Si ces subventions aux prix, couplées à des subventions aux intrants (semences hybrides, engrais chimiques…) ont permis de nourrir l’Inde, c’est au prix d’une hyperspécialisation agricole dévastatrice pour l’environnement (incitant à la monoculture chimique du riz et du blé), laissant des sols sans vie, des nappes phréatiques épuisées, des eaux polluées par les nitrates, pesticides… et des agriculteurs endettés par des intrants et semences industrielles pourtant subventionnés ». (2)

 

C’est la raison pour laquelle la fronde est d’abord partie des agriculteurs des régions céréalières, bénéficiant de ce système et revendiquant un réinvestissement massif dans les mandis pour permettre aux paysans de sortir de la misère grâce à des prix régulés, et pour développer la pratique d’une autre agriculture, agro-écologique.

 

Les lois « modites »

 

En septembre 2020, Modi a fait voter au Parlement, trois lois qui ne visent aucunement des objectifs de protection des paysans indiens, bien au contraire, elles ouvrent largement les portes du marché agricole aux géants de l’agroalimentaire, notamment. Les paysans en révolte l’ont bien compris et l’ont exprimé sans détour, aux portes de New Delhi où les affiches « Mort à Modi », « Pendez Modi » côtoient les effigies, brûlées en place publique, des deux milliardaires, Ambani et Adani, les deux plus gros patrons de l’agroalimentaire, cristallisant le « capitalisme de copinage ». cf encart

 

La 1ère loi dite de « promotion et de facilitation du commerce et de l’échange des produits agricoles » autorise les agriculteurs à vendre en dehors des mandis, promouvant ainsi des « marchés alternatifs » plus concurrentiels. Les agriculteurs du Bihar, qui l’ont expérimenté depuis 2006, sont à la merci des commerçants qui fixent sans scrupule des prix encore plus faibles que sur les mandis. La 2ème loi  « d’accord sur les prix » encourage les contrats entre paysans et acheteurs, le paysan serait ainsi « libre » de choisir où il veut vendre ! Que pèse-t-il face aux géants de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution ? La 3ème loi « d’amendement sur les produits essentiels » retire de la liste des denrées soumises à régulation publique (huile, oignons ou pommes de terre), afin « d’attirer les investissements privés dans la modernisation des infrastructures de stockage ». Ces trois lois comptent également des dispositions réduisant les possibilités de recours des citoyens auprès de l’administration en cas de contentieux avec un acteur privé. Elles ne s’attaquent pas aux coûts sociaux et environnementaux, ne se soucient pas des travailleurs agricoles sans terre qui, selon les régions, représentent jusqu’à un quart de la population active rurale (3). 

 

        

Les paysans défient Modi

 

Après deux mois de mobilisation dans leurs Etats, constatant le refus du gouvernement de retirer les lois modites, les négociations sont dans l’impasse. Début décembre 2020, les paysans vont s’organiser pour une longue lutte. Ils décident d’une grande marche vers la capitale et investissent (non pas les ronds-points) mais les accès routiers de New Delhi. Soutenus par le réseau des temples hindous et des lieux de culte sikhs, ils approvisionnent les campements de vivres pour tenir longtemps, ravitaillés par des camions depuis les Etats concernés. Le 8 décembre ils déclarent une grève générale, bloquant les routes et chemins de fer. Ils sont soutenus par une dizaine de syndicats de salariés, d’étudiants par de nombreuses unions agricoles, par l’AICCTU (All India Central Council of Trade Unions – fédération syndicale en Inde, proche du parti communiste de libération de l’Inde), par des mouvements de femmes et même de commerçants et par l’opposition au Congrès (15 partis).  « Je n’ai jamais vu un tel mouvement social » dit le secrétaire général de l’AICCTU. Par exemple, le camp installé entre l’Etat de l’Haryana et la capitale s’étend sur une dizaine de kilomètres, sur l’autoroute. D’autres points d’accès sont obstrués, encombrés de camions, de tracteurs et autres citernes d’eau. La vie s’organise, les remorques se transforment en dortoirs, les cuisines collectives, laveries, réserves d’eau, dispensaires… s’installent. Des tribunes avec écrans géants et retransmission des prises de parole en direct sur les réseaux sociaux sont mises en place… Face à une répression brutale du gouvernement du BJP (parti indien du peuple), la solidarité s’amplifie, une grève de la faim est menée, une campagne de boycott est lancée à l’encontre des produits et services d’Ambani et Adani (les « amis » de Modi).

 

Cette incroyable mobilisation est ignorée des médias indiens, sauf le Punjabi Tribune quotidien qui passe de mains en mains sur les campements. « 90 % des médias sont inféodés à Modi et nous présentent comme des gens incultes qui ne comprennent rien » déclare un paysan. Idem pour les  télévisions qui ne sont pas les bienvenues et c’est annoncé clairement : « médias corrompus, propagateurs de fausses nouvelles » ne sont pas autorisés. Quant aux médias occidentaux dominants, à part quelques articles, ils ignorent largement ce formidable mouvement qui dure encore en ce 6 décembre 2021.  

 

Une victoire contre Modi. Un combat à poursuivre

 

Après plus de 15 mois de mobilisations des paysans, le 19 novembre, le 1er ministre Modi a dû s’incliner et accepter sa défaite en annonçant l’abrogation des trois lois agricoles. Pour autant, les mobilisations et campements subsistent, la promesse ne suffit pas aux paysans, ils attendent les actes et se méfient de ce recul opportuniste du fait d’élections à venir dans certains Etats, dont le Pendjab, l’Uttar Pradesh ; Modi a d’ailleurs annoncé son recul le jour du Gurpurab, fête renvoyant à la naissance du premier Guru des Sikhs (majoritaires au Pendjab) (cf encart). De même, il tient à faire oublier ce que les paysans de l’Uttar Pradesh et du Pendjab, eux, ne sont pas prêts d’effacer, la mort de 5 d’entre eux, écrasés par un gros véhicule SUV, qui aurait été conduit par le fils d’un ministre. Les paysans ne veulent pas que la mort tragique de 650 agriculteurs, tués au cours des manifestations, soit vaine. L’émergence du mouvement des paysans a fait naître l’espoir d’un renouveau de la politique de gauche qui, jusqu’ici n’a pas réussi à sortir de ses cocons idéologiques obsolètes (4).

 

C’est pourquoi les agriculteurs ne sont pas pressés de lever le siège aux portes de New Delhi. Non seulement ils veulent que soient mises en acte les promesses de Modi, mais encore que leur autre demande cruciale, la garantie légale d’un prix de soutien minimum (MSP) pour leurs produits, soit satisfaite. Ils demandent également que le gouvernement retire toutes les affaires pénales engagées contre les manifestants. Les paysans ne lâcheront pas car ils savent que ce qui est en jeu, c’est leur terre. Les lois modites font partie intégrante d’une politique plus ample d’accaparement des terres, celle pratiquée par les firmes agroalimentaires et les investisseurs financiers internationaux vis-à-vis des Etats du Tiers Monde. Modi se situe dans cette politique de restructuration néolibérale de l’agriculture indienne, pratiquée depuis 3 décennies, celle-là même qui conduit les paysans au suicide et les fait disparaître. Les paysans refusent de se séparer de leurs terres car ils savent qu’aucun autre moyen de subsistance ne la remplacera.

 

En Inde, les droits de location sont l’héritage de luttes acharnées des paysans, basé sur l’idée que ceux qui travaillent réellement la terre ont un droit primordial sur ses fruits et non pas ceux qui extraient des loyers sur la base de titres sur papier. C’est cette revendication sociale que les partisans du néolibéralisme veulent effacer pour permettre aux entreprises d’acquérir les terres. Le processus est déjà en œuvre : ainsi, l’Etat du Karnakata a supprimé la loi agraire qui empêchait l’acquisition directe de terres par des entreprises privées. Le gouvernement indien, par ailleurs, a entrepris l’établissement de « titres de propriété définitifs » en recensant toutes les terres (au moyen de drones) et en les numérisant dans des registres fonciers. Au prétexte d’améliorer la situation sociale des paysans, il ouvre la porte en grand aux firmes agroalimentaires et investisseurs financiers internationaux, dans le droit fil des recommandations de l’OMC, de la Banque Mondiale et du Forum économique mondial (regroupant l’élite des entreprises transnationales). Pour eux, le secteur alimentaire garantit la croissance à long terme. Il est, en ce sens, révélateur de constater que les investisseurs milliardaires des Etats-Unis se sont tournés vers l’achat de terres agricoles : le plus grand propriétaire individuel de terres agricoles aux Etats-Unis est maintenant Bill Gates et Jeff Bezos (Amazon) n’est pas loin sur la liste (1). Quatre géants du commerce des céréales (Archer-Daniels-Midland, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus - ABCD) dominent le commerce mondial des céréales alimentaires et des oléagineux, rejointes par des sociétés purement financières. Ils sont entrés dans le Tiers-Monde à la recherche de produits exotiques à exporter et de marchés dans les pays pauvres. Avec la fermeture des mandis et la diminution des achats officiels de céréales alimentaires, les paysans ne pourront plus vendre leurs récoltes au prix de soutien minimum. Que peuvent peser les paysans indiens  face à ces géants dans la négociation des prix ? Le marché des céréales sera ouvert aux importations des pays développés par les grands négociants de l’ABCD. Les petits agriculteurs, quant à eux, sont promis à l’extinction totale.

 

A l’image des paysans indiens et de leur lutte contre le système prédateur d’accaparement des terres, qui mène à la disparition des paysans, à la destruction des terres par la culture intensive au détriment d’un modèle agro-écologique, il s’agit bien d’un système mondial qui doit être combattu et abattu. C’est le sens de l’appel à des actions de solidarité internationale, lancé par 9  organisations (5)

 Salut aux paysans indiens et aux paysannes indiennes !

Mondialisons la lutte, mondialisons l’espoir !

 

Odile Mangeot, le 6.12.2021

 

(1)   alencontre.org « Les Kisans ont raison : leurs terres sont en jeu » février 2021

(2)   Reporterre « En Inde, la révolte paysanne révèle un système agricole dans l’impasse » 15.12.2020

(3)   Le Monde Diplomatique, février 2021 « Révolte sans précédent des paysans indiens »

(4)   déclaration du parti Radical Socialist 

(5)   La Via Campesina, Alliance Mondiale des Peuples Autochtones Mobiles, Conseil international des Traités indiens, Réseau international pour l’Agriculture soutenue par la communauté, Marche Mondiale des Femmes, Coalition Internationale de l’Habitat, FIAN international, les Amis de la Terre international, Fédération internationale des mouvements d’adultes ruraux catholiques sur https://viacampasine.or/

 

 

Encart

Les Sikhs

Le Gurpurab est le festival donné en l’honneur de la naissance ou de la mort d’un des gourous (professeur/maître) fondateurs du sikhisme, religion monothéiste née au 16ème siècle au nord-ouest de l’Inde. Son fondateur est Gurû Nanak.  Les sikhs ne reconnaissent pas le système de castes et y sont opposés. Au 18ème siècle, ils ont été réprimés par l’empire moghol puis pendant la guerre d’indépendance de l’Inde, par les Anglais. Ils sont 21 millions en Inde, dont 80 % installés au Pendjab, majoritairement ruraux. 20 000 vivent au Pakistan et entre 10 000 et 30 000 en France en Seine-Saint-Denis et plus particulièrement à Bobigny où a été construit le plus grand Gurdwara (temple) de France.

 

  

Encart

Les amis de Modi

Mukesh Ambani, l’homme le plus riche d’Inde et son compatriote milliardaire Gautam Adani, la 2ème personne la plus riche d’Inde, sont à la tête de fortunes colossales, respectivement 63 milliards€ et 23 milliards. Ils dirigent des conglomérats familiaux qui se sont diversifiés dans l’agroalimentaire. Ambani est directeur du groupe Reliance Industries (73,8 milliards€ de chiffre d’affaires en 2019), spécialisé dans la pétrochimie, la vente au détail, les télécommunications et le géant de la grande distribution ; il est en train de mettre sur pied une plateforme de commerce électronique, Jio, destinée à mettre en contact les millions d’épiceries du pays avec le consommateur final.