Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


samedi 18 décembre 2021

 

Ils nous empoisonnent

 

Commerce toxique de pesticides…

 

Depuis 2018, l’UE interdit sur son sol l’usage de trois néonicotinoïdes (l’imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine), considérés comme des tueurs d’abeilles. En France, interdits par un vote du Parlement en 2016, ils sont à nouveau autorisés depuis nov. 2020, à titre dérogatoire, jusqu’au 1er juillet 2023, pour « sauver les producteurs de betteraves sucrières » ! Pour parfaire l’hypocrisie, le gouvernement vient de publier un plan pour « freiner l’effondrement des pollinisateurs » : à partir du 1er janvier, en période de floraison, les agriculteurs ne pourront épandre des pesticides que dans les 2 heures qui précèdent le coucher du soleil et dans les 3 heures qui le suivent. Toutefois, si une maladie imposait un traitement fongicide, les horaires l’épandage seraient élargis. D’autres dérogations permettent de les épandre en pleine journée si la température est « suffisamment basse »... Il va falloir doter les abeilles de montres qui sonnent la fin de la journée de travail et l’obligation de rentrer à la ruche… et surtout, recruter des vigiles qui verbaliseront les agriculteurs ayant tendance à oublier l’heure…

Pourtant, sonnent les alertes pour préserver la biodiversité car une espèce d’abeille sauvage sur dix est aujourd’hui menacée d’extinction en Europe et le taux de mortalité observé au sein des ruches françaises est passé de 10 % à 30 %. Par ailleurs, les papillons de nuit et autres insectes pollinisateurs  disparaissent sans un battement d’ailes. Les apiculteurs et défenseurs de la biodiversité ne pèsent rien face à l’agrochimie

 

Scandale absolu : si l’UE interdit l’usage sur son sol, elle continue à produire et à exporter ces pesticides ultra-toxiques (1). Entre sept. et déc. 2020, environ 4 000 tonnes de pesticides, contenant plus de 700 tonnes des 3 substances actives citées ci-dessus, ont été épandus sur 20 millions d’hectares de cultures, tuant des centaines de millions d’abeilles. Seule obligation : les fabricants de pesticides doivent transmettre à l’agence européenne des produits chimiques les quantités de néonicotinoïdes interdits qu’ils veulent exporter hors de l’UE. Neuf pays de l’UE pratiquent ce « commerce toxique » dont Belgique, France, Allemagne et Espagne. 65 pays sont destinataires de ces produits.

Les producteurs sont : Syngenta, ex-firme suisse aujourd’hui sous pavillon chinois ChemChina (plus des ¾ des volumes exportés) ; elle produit dans ses usines en Belgique, France, Espagne, Grèce, Autriche et Hongrie. Le Brésil, son meilleur client, épand ces substances sur ses gigantesques plantations de soja. L’allemand Bayer exporte dans une quarantaine de pays et produit en Allemagne, France et Espagne. D’autres sociétés participent à ce commerce, dont l’allemand BASF, l’américain FMC, l’australien Nufarm, le japonais Sumitomo ou encore l’indien UPL.

Ce commerce ne devrait plus être possible à partir du sol français, à compter de 2022, suite à la loi sur l’alimentation d’octobre 2018, interdisant la production, le stockage et la circulation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives non autorisées en Europe... Le lobbying agrochimique fonctionne à plein tube pour lever ces restrictions… à suivre.

 

OM, le 8.12.2021

 

(1)   Enquête d’Unearthed, de la cellule investigation de Greenpeace britannique et de l’assoc. suisse Public Eye, publiée le 18.11.2021

 

 

      Chasse à l’or blanc au Nevada

 

Des activistes campent dans la caldeira de Thacker Pass protestant contre un projet de mine d’extraction et de production de l’or blanc : le lithium. Cette cuvette désertique n’intéressait personne, sauf quelques ranchers et leurs vaches grignotant les plantes, jusqu’au jour où l’on y découvrit le plus grand gisement de lithium l’Amérique du Nord, ce métal alcalin indispensable pour fabriquer éoliennes, panneaux solaires, batteries de portables et de  véhicules électriques. La demande mondiale pourrait être multipliée par 40 dans les 20 prochaines années. De quoi redonner de l’intérêt à cette région désertique du Nevada ! L’entreprise canadienne Lithium Americas a un projet géant : une mine à ciel ouvert de 520 hectares, une usine de production d’acide sulfurique, un héliport, un site de déchets toxiques et un puits de 110m de profondeur, nécessitant 10 millions de litres d’eau/jour et 41 000 l.de diesel. Trump a saisi cet enjeu pour les Etats-Unis, jusqu’ici producteur insignifiant de lithium face à l’Australie, la Chine, le Chili et l’Argentine et a raccourci les délais des études d’impact, peu soucieux des conséquences environnementales désastreuses : le  lithium est séparé de l’argile avec une solution de 5 800 tonnes/jour d’acide sulfurique (transporté par camions) ; les rejets de cet acide seront ensevelis sur place, là où vivent des espères rares comme le tétras des armoises et le lapin pygmée ; compte tenu des besoin énormes (12 000 l/minute), l’eau devra être pompée dans la nappe phréatique et tant pis pour la protection des tombes amérindiennes sur ce site. Les quelques ranchers présents ont peu de poids pour s’opposer, même s’ils ont déposé, avec trois associations locales de défense de l’environnement, une plainte pour détournement d’eau. Ces militants ne sont guère optimistes d’autant que les habitants y voient une chance de développement (recettes fiscales, emplois). Le gouverneur démocrate voit déjà le Nevada devenir pour l’énergie ce que Wall Street est à la finance ou la Silicon Valley à la technologie. Pour les écologistes, Thacker Pass est l’emblème d’une réalité complexe : les solutions pour une énergie propre requièrent des métaux dont l’extraction est sale. « On fait croire aux gens qu’on va sauver la planète grâce aux voitures électriques » mais « si les humains continuent à détruire la biodiversité, les voitures, mêmes propres, ne leur seront pas d’un grand secours ».

 

La conquête de l’or blanc est lancée. En Serbie, l’australien Rio Tinto projette de construire la plus grande usine de lithium d’Europe pour fournir plus de 1 million de voitures électriques à l’industrie automobile européenne. En France, le groupe minier Eramet mise sur le lithium présent dans le sous-sol de Soultz-les-Forêts (Bas Rhin), en prélevant l’eau très chaude et salée à 5 000 m sous terre. L’eau puisée serait restituée au sous-sol avec un bilan carbone « proche de zéro ». Tous ces conquérants promettent que leurs procédés sont à faible empreinte environnementale…

 

Après l’or noir, l’or blanc. Pour répondre à quels besoins ?

 

OM, extrait d’articles du Monde  

 

 

 

COP 26. Extinction ou rébellion ?

 

A quoi a-t-on assisté à Glasgow ? Le dérèglement climatique fut l’occasion de défilés de milliardaires, venus en jets privés. Plus de 400 furent alignés sur le tarmac ! Il y eut également des hélicoptères pour ces messieurs de haut rang. On assista, qui plus est, à une véritable foire commerciale où s’exposèrent les multinationales les plus polluantes, y compris l’industrie digitale plus nocive que le transport aérien. 500 lobbyistes accrédités tenant stand à gogo à qui mieux mieux en dégagement de CO2 : Shell, Total, les géants miniers comme Rio Tinto, Glencore, Gazprom, Engie, EDF, sans compter les Hitachi, Microsoft, Sky, Bloomberg, Google, des constructeurs automobiles, Unilever le roi du plastic… tous partenaires de la… lutte contre le réchauffement climatique ( ?). En bonne place, de surcroît, les pays tels le Brésil de Bolsonaro, promouvant l’agrobusiness et la déforestation… durable, l’Arabie Saoudite au stand techno, le Qatar sous abri climatisé vantant ses maquettes mégalomaniaques censées préserver l’écosystème. Et, bien sûr, l’incontournable industrie nucléaire chère à Macron, bien qu’il ait été condamné deux fois par le Tribunal administratif et le Conseil d’Etat pour promesses non tenues… en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

 

Les climatologues et autres experts ont beau s’époumoner depuis des lustres, prédire qu’au rythme actuel ce n’est pas une augmentation de température de 1.5° mais, pour le moins, de 2.7° que va connaître la planète et que, dans ces conditions, c’est la catastrophe annoncée : les sourds n’entendent pas.

 

Plus question de discuter de la réduction de l’extraction des énergies fossiles, des transports aériens et maritimes : tout au plus concède-t-on dans ce cénacle qu’il pourrait y avoir des accords non contraignants. Interdire les subventions aux industries d’exploration, d’extraction, de raffinage : n’y pensez pas ! Le business, c’est tout de suite, comme la financiarisation de la nature. La solution résiderait dans le gigantesque marché du carbone sous l’égide de… l’ONU. Cette instance surveillera le bon déroulement de la pollution et de la compensation par l’achat de terres, la plantation d’arbres, l’expropriation des paysans et leur indemnisation sans trop de contraintes réglementaires. Tout cela n’a-t-il pas un parfum de multilatéralisme pour… les multinationales ? Mais voyez-vous, ces gens-là, sont généreux. Même s’ils n’ont pas atteint les 100 milliards d’aides par an aux pays du Sud et à ceux qui sont les plus vulnérables, comme les îles dans le Pacifique, ils promettent de s’y mettre en 2023, sous forme essentiellement de prêts ! Les dindons de la farce seront les pays les plus pauvres déjà surendettés. Ce sera le fonds vert(doyant) de la dépendance.

 

On retiendra de ce grand raout, la déclaration de Jeff Bezos, le milliardaire, qui, avec le tourisme spatial, envoie à qui mieux mieux du kérosène dans les cieux et met en avant sa fulgurante générosité de charité business. Ce fut une démonstration de pouvoir. C’est nous, les oligarques, qui décidons. Le GIEC, la rue, vous en avez assez dit, la santé de la planète on s’en occupe.

 

Deux belles annonces néanmoins : on va, paraît-il, s’en prendre au méthane dont la capacité de nuisance dépasse de loin, celle du CO2. Beaucoup de paroles pour réduire la taille des élevages… sans contrainte aucune.

 

Loin du grand bal des hypocrites, les rues de Glasgow résonnaient de protestations vigoureuses mais inaudibles aux oreilles des maîtres du monde. Au bord du gouffre, on mesure sa profondeur. Il n’est pas encore trop tard pour la rébellion.

 

GD, le 14.12.21  

 

Justice.

Refusons la pseudo-concertation citoyenne

 

La France compte 10.9 juges pour 100 000 habitants, la moyenne européenne est à 21.4 juges. Comme dans d’autres services publics, les magistrats sont épuisés psychiquement, physiquement. Depuis une vingtaine d’années et l’émergence du « nouveau management public », les tribunaux sont gérés comme une entreprise, soumis à des rendements antinomiques d’une approche humaine du justiciable ; le quinquennat Macron a aggravé cette vison comptable du service public et de la justice. Ainsi, dans le cadre de la loi pour la confiance dans l’institution judiciaire, la limitation des enquêtes préliminaires à 2 ans concerne les affaires économiques et financières et non le contentieux de masse. C’est une disposition pour les riches. La généralisation des cours d’assises départementales, siégeant sans jury populaire, signe la mort de la justice criminelle. La réforme de l’irresponsabilité pénale va encore davantage sanctionner les « fous ». Le syndicat de la Magistrature s’est opposé à toutes les lois sécuritaires qui octroient des pouvoirs exorbitants à la police, à la sécurité privée. La France est devenue un Etat policier avec une militarisation phénoménale de l’espace public et un surarmement de la police. Sarah Massoud, Syndicat de la magistrature paru dans CGT ensemble (12.2021). 3 000 magistrats et une centaine de greffiers ont lancé un appel le 23 novembre « Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas et qui chronomètre tout ».