Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


vendredi 1 mai 2015

Les Amis de l'Emancipation Sociale

sur Radio Amitié
(la radio libre de Grand-Charmont)
sur 99.2

Remue-Méninges

tous les 15 jours, le jeudi de 19h15 à 20h15

Rendez-vous sur 99.2

le 23 avril, il fut question du Grand Marché Transatlantique
le 7 mai prochain : évasion fiscale/paradis fiscaux 
PES n° 13 est paru

Au sommaire :
1953 : la dette allemande est restructurée et divisée par deux
Canal contre volcans au Nicaragua
Dormez tranquille, citoyens… Valls veille sur vous (la loi sur le renseignement)
La grève la plus longue à Radio France
Capital fictif, évasion fiscale et spéculation
Massacres du 8 mai 1945 en Algérie
Nous avons lu
Et un poème d’Hassen

Ci-dessous :
l’éditorial

pour t’abonner, voir plus bas dans les infos


La déliquescence du consensus républicaniste

Il avait déclaré « la finance, c’est mon ennemi », tout en affirmant qu’il n’en connaissait pas les visages. Il avait assuré, avec la même outrecuidance, qu’il ferait tout pour la jeunesse même s’il était bien éloigné de ses préoccupations. Puis, à peine élu, il s’agenouilla devant l’austère Merkel et pria pour que la courbe du chômage s’inverse, à coups de milliards dispensés aux banquiers et aux patrons. Ce n’était pas suffisant pour plaire à Bruxelles, dès lors, il fit appel au menton autoritaire de Valls et à l’austéritaire Macron, l’ex-banquier de Rothschild, afin que la purge administrée soit plus vigoureuse. Las ! Très vite, la popularité de ces beaux messieurs s’affaissa. Et puis il y eut ce « miracle » meurtrier, celui des attentats contre Charlie Hebdo et l’épicerie casher. Hollande se pavana en tête du cortège en compagnie de quelques dictateurs et derrière ceux qui, dans cette manif imposante, souhaitaient être rassurés face aux djihadistes écervelés et manipulés. Les gouvernants se requinquèrent cyniquement, l’esprit du 11 janvier changea la donne. Ils croyaient pouvoir plastronner. Las ! Si les frondeurs, l’on pouvait s’en arranger à coup de 49-3, il n’en était pas de même pour la désaffection populaire. Les départementales sonnèrent le glas de leurs poussives espérances. Accusateurs, ils invoquèrent la crise de civisme, la carence de la transmission des valeurs de la République… « d’apartheid ». Les enquêtes postélectorales étaient alarmistes : 73% des 18-24 ans, 59% des 25-34, 58% des employés, 53% des ouvriers s’étaient abstenus et ce, sans compter la poussée du Front Nationaliste et raciste. Bref, implorer l’universalité de la civilisation française avait fait chou blanc. La réalité matérielle ne pouvait être gommée : leur République était inégalitaire, la liberté réservée aux riches, la fraternité succombait face à l’injustice sociale : 50% des moins de 30 ans sont pauvres, 1/3 des 15-29 ans occupent des emplois précaires, 23.7% des moins de 24 ans sont au chômage !

D’urgence fut convoquée, le 6 mars, une réunion interministérielle où l’on constata une « crise de confiance dans les institutions » : à découverte surprenante, solution dérisoire. Pour produire de l’adhésion au système, les enseignants transformés en vigiles républicanistes devaient diffuser la morale civique de la primaire à la terminale. Bavasser sur une telle reprise en main de la jeunesse ne pouvait suffire. Leur faire miroiter, comme Macron, que « s’ils en avaient envie », tous pouvaient devenir millionnaires, en fit ricaner plus d’un. Habituer les Français au quadrillage policier et militaire des rues n’était guère rassurant au vu des piètres résultats pour découvrir les terroristes. Dès lors, s’imposait le recours à Big-Brother, tous surveillés par les services de renseignement, cette loi liberticide serait plus efficace que les sondages répétés, destinés à connaître les réactions des Français et à étouffer tout mouvement de contestation. Le grand manitou de la sécurité espérait ainsi, par frilosité engendrée par la diffusion de la peur, le ralliement de la grande majorité sous les ailes protectrices des institutions.


Derrière le paravent de ces rodomontades, une réalité plus prosaïque s’impose : les postures des imposteurs ne peuvent résoudre la crise de de légitimité des classes dominantes, leur légitimité culturelle s’effrite, l’inculcation d’un nouveau consensus bricolé sombre avant toute mise en œuvre. Ne restent que les peurs des lendemains qui déchantent en pessimisme, comportements nihilistes, sourde colère…. Dans l’attente d’un hypothétique retour promis de la croissance… l’inertie individualiste semble encore l’emporter… jusqu’à quand ?

dimanche 29 mars 2015

Pour l'Emancipation Sociale n° 12 est paru

Au sommaire :

l'éditorial (ci-dessous)
"Pourquoi les abstentionnistes constituent-ils le premier parti de France ?"

et les articles suivants :
- Israël, un pays uni dans la colonisation mais miné par ses divisions
- Politiques d'immigration et Droits de l'Homme
- A la racine de l'accroissement des flux migratoires
- Travaillons tous(tes) - moins - autrement !
- Historique en résumé du temps de travail et de sa réduction graduelle
- rubrique "Ils, elles luttent"
- rubrique "Nous avons lu"

Pour s'abonner :
formule simple = 15€ pour 10 numéros
formule courriel = 5€
adresser un courrier à Gérard Deneux, avec chèque à l'ordre de PES, 76 avenue Carnot - 70200 Lure 


Pourquoi les abstentionnistes constituent-ils le premier parti de France

Malgré les exhortations et les anathèmes proférés par Valls, malgré le ton d’espérance bonhomme de Hollande, promettant pour après-demain « la France qui gagne » comme celle de la « baisse de la montée du chômage », près de 50% des inscrits ne se sont pas déplacés pour aller voter. La dramatisation du scrutin agitant la peur du FN et, pour la Droite, reprenant à son compte la xénophobie pour siphonner les voix d’extrême-droite, cette mobilisation n’a guère effrité le « parti » des abstentionnistes. Certes, l’abstention n’est pas un signe de prise de conscience, ne porte que l’ambiguïté d’un rejet partagé, mais significatif : à Lille Sud, ils étaient 70%, à Roubaix 63%, idem et même plus en Seine-St-Denis. L’enquête journalistique de Florence Aubenas, rapporte des propos révélateurs : « ça sent la guerre », « le système est en train de s’effondrer », « nous, le peuple on reste tout seul, prêt à se manger les uns les autres », « comment faire quand on est d’accord avec rien » de ce qu’ils nous proposent. Il y a, écrit-elle du « désarroi », les gens sont aussi « perdus que fâchés ».

Reste que le FN sortira renforcé de ce scrutin départemental. Il va s’acharner à séduire, à « corrompre », comme annoncé par Maréchal Le Pen, les élus UMP tentés de rejoindre le parti xénophobe, national et social. On ne peut ignorer, en effet, ces appels certes démagogiques à la « justice sociale » et fiscale, à « soutenir les parents isolés », à restaurer le « niveau des retraites » et ses condamnations de l’oligarchie européenne. Tout cela fait sens vis-à-vis des politiques austéritaires. Les admonestations républicanistes semblent sans effet pour enrayer l’implantation territoriale du FN.

Au-delà de la désespérance, des rancoeurs d’un électorat populaire désabusé, c’est l’absence d’une alternative d’espérance sociale qui s’affiche. L’ambiguïté du Front de Gauche, où les alliances avec le parti solférinien perdurent, y est pour beaucoup. Plus fondamentalement, après les défaites successives des mouvements sociaux, c’est la volonté de lutter qui semble s’amenuiser. Et pourtant, c’est dans ces espaces non délégataires que peuvent s’affirmer la prise de conscience et le recul du FN, qui montrerait à ces occasions son caractère antipopulaire. De même pour les partis dits gouvernementaux. La crise politique qui s’approfondit, à mesure de la mise en œuvre des politiques austéritaires dictées par l’Union Européenne, relayées nationalement, peut en effet prendre deux voies divergentes, celle du nationalisme prétendument social à la FN, celle de l’émancipation sociale contre la caste oligarchique au service des multinationales et des bancocrates. Dans cette conjoncture, entre chien et loup, comme le notait Machiavel : « le meilleur rempart des tyrans, c’est l’inertie des peuples », cette tendance mortifère à déléguer ou à s’abstenir. Reste, après des décennies d’illusions entretenues, que s’engager, s’organiser, aiguiser son esprit critique, se détacher des démagogues prétendant « lutter contre la finance » requièrent un effort à la mesure des enjeux. Car ce dont a besoin le mouvement ouvrier et populaire ce sont des « cadres » militants issus de ses rangs et du ralliement d’intellectuels acquis à sa cause. Encore faut-il, pour qu’ils surgissent, un contexte favorable de luttes déterminées. Nous verrons ce qu’il en sera le 9 avril prochain de l’appel à la grève interprofessionnelle et aux manifestations, lancé par les syndicats GCT, FO, FSU et Solidaires ! Ce ne sera certainement pas encore l’avènement d’un événement fondateur... mais il peut y contribuer.