Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


dimanche 19 janvier 2020


Les Amis de l’Emancipation Sociale
Soutien aux grévistes

« En solidarité avec les grévistes qui luttent depuis un mois contre le projet indécent de casse du régime des retraites et pour une véritable réforme solidaire, des réalisateurs, producteurs, distributeurs mettent à disposition leurs films au profit des caisses de grève ».
Les Mutins de Pangée   https://www.lesmutins.org

Les Amis de l’Emancipation Sociale, avec d’autres organisateurs (Amis du Monde Diplomatique Nord Franche-Comté, CGT, les Gilets Jaunes, l’Atelier, LFI…), en soutien au mouvement social actuel, vous proposent les soirées suivantes, suivies de débats.
Les dons perçus lors de ces projections seront reversés aux Caisses de grève.
Contact aesfc@orange.fr  03.84.30.35.73 
 https://fr-fr.facebook.com/LesAmisdelEmancipationSociale


VESOULvendredi 24 janvier - 20 H – Maison des associations
La Sociale de Gilles Perret
70 ans plus tard, il est temps de raconter cette belle histoire de la « Sécu ». D’où vient-elle ? Comment a-t-elle pu devenir possible ? Quels sont ses principes de base ? Qui en sont ses bâtisseurs ? Qu’est-elle devenue au fil des décennies ? Histoire d’une longue lutte vers la dignité.

AUDINCOURT – dimanche 26 janvier – 17h – espace Gandhi
Une histoire de la grève générale de Olivier Azam et Laure Guillot
La semaine sanglante, la création de la CGT révolutionnaire des débuts, la catastrophe de la mine de Courrière, la grande petite peur de 1906, le midi rouge, la journée des 8 heures, le front populaire… Michel Gueca et Charles Jaquier racontent l’histoire des luttes syndicales au travers des idées et des actes qui ont marqué cet âge d’or et ont abouti aux conquêtes sociales qui fondent le monde du travail d’aujourd’hui

LURE – mardi 28 janvier – 20h30 – cinéma Méliès
et
BELFORT – jeudi 13 février – 18h30 au Bar Atteint
Acharnement. Poursuivis pour l’exemple de Mourad Lafitte
Film documentaire sur plus d’un siècle de répression à l’encontre de syndicalistes et militants depuis la grève des mineurs de 1906 jusqu’aux mouvements sociaux contre la loi Travail. A travers témoignages et documents d’archives il  analyse le traitement politique, médiatique et judiciaire réservé à toutes ces luttes et à ceux qui les ont menées.

BELFORT – vendredi 31 janvier – 18h30 – Bar Atteint 25 rue de la Savoureuse
Le grand procès de Macron organisé par Là-bas si d’y suis
Face à l’habile procureur Frédéric Lordon et au juge impitoyable Daniel Mermet, les avocats de la défense Christophe Clerc et Jean-Marc Daniel réussiront-ils à sauver la tête du président Macron ? A la barre, les témoins défilent pour que justice soit rendue
Drôle sur la forme, sérieux sur le fond, on en ressort regonflé à bloc.


autrefois
avec débauche de courtoisie
en gaieté la cour partait
à la chasse à courre
où seules les bêtes
payaient le prix de la curée

de nos jours
la cour
bien moins courtoise
depuis les balcons de la haute
cour
se contente de crier
cours
à ceux de la basse-cour
qui doivent courir
pour tenter de ne pas mourir
quoiqu’ils meurent
de courir ou de refuser de
courir

et la pauvre sale meute
qui court après les coureurs
n’a même plus de curée
ni chaude ni froide
car malgré ses illusions
les plus gros mâtins
finissent en gibier
avec ou sans potence

et là-haut
très haut
sur les combles des donjons
de la pensée courtisane
qui se pense courtoise
on échafaude de subtiles
théories
sur les gagnants et les perdants

un peu plus bas
dans les bas-fonds de la cour
ceux qui pensent
que penser
ne mène à rien
ni nulle part
se contentent de parier
sur qui
tout en bas
tombera le premier
se disant
doctement et
consciencieusement
après tout
les affaires sont les affaires
et dans notre affaire
rien à y faire
tout reste toujours à faire
et à refaire
tout est affaire
affaire de savoir faire
de bonnes affaires


Pedro Vianna
In Des nouvelles de la cour
6.VIII 2017



2020. L’année du chaos ?
(édito de PES n° 59)

Il est toujours hasardeux de discerner l’avenir immédiat, l’inattendu nous surprend toujours comme des Gilets Jaunes qui semblent sortir de nulle part. Il n’empêche. Des signes inquiétants surgis dans l’actualité récente confortent la perception de trois processus mortifères à l’œuvre : les cycles de mobilisations populaires suivis de répressions, de statu quo provisoire, voire d’instauration de régimes néofascistes, xénophobes et nationalistes ; la temporalité des guerres d’influence et des interventions militaires et ce, sur fond de dérèglement climatique de plus en plus prononcé.

Du Soudan, en passant par l’Algérie, l’Irak, le Liban et, en Amérique latine, l’Argentine contre le milliardaire Macri, pour n’évoquer que ces pays, des soulèvements populaires, par vagues successives, tentent d’effriter les pouvoirs en place. Ils s’insurgent contre la misère, la dégradation des conditions de vie, l’austérité. Ils s’en prennent aux tyrans, aux kleptocrates… Dans l’action, ils apprennent à se défaire, difficilement, des représentations religieuses (Liban, Irak) qui les divisent mais… restent toujours sans perspective. Leur seule boussole se limite au dégagisme avant qu’il ne soit l’objet de répressions sanglantes (Egypte, Iran) ou d’une lassitude momentanée avant un nouveau rebond. Comme disent certains Algériens, les manifestations du vendredi ne suffisent plus. La construction organisée d’une transformation révolutionnaire réelle ne semble pas encore être à l’ordre du jour.

L’affaiblissement relatif de l’empire états-unien provoque en retour la constitution de blocs de puissances qui minent son hégémonie. La logique guerrière des Etats-Unis en Afghanistan, en Irak… sont autant de défaites non assumées. « Ces guerres sans fin » qui ont attisé les conflits religieux, semblent conduire le tigre blessé à se retirer dans sa tanière, tout en devenant toujours plus agressif. Il s’enferme dans une insoutenable spirale de représailles. Inaugurés par Obama, en particulier au Yémen, les assassinats ciblés sont autant de réactions au sentiment d’humiliation ressenti (manifestation contre l’ambassade US en Irak). Comme dit le rugissant Trump « on manque de respect pour les Etats-Unis ». La décision bravache, unilatérale, de briser l’accord sur le nucléaire avec l’Iran pourrait transformer cette guerre non déclarée (blocus, sanctions) en guerre réelle. Au bord du gouffre, chacun des protagonistes retient son souffle… Mais des coalitions se tissent, des ambitions s’engouffrent, profitent des faiblesses supposées des autres : La Russie de Poutine derrière l’Iran, derrière la Turquie, soutenant mordicus le boucher Assad en Syrie et envoyant désormais ses mercenaires en Libye pour détrôner le gouvernement Sarraj, installé à Tripoli par ladite communauté internationale.

Et puis, derrière les Etats-Unis et leurs supplétifs européens, fournisseurs d’armes de destruction massive, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis qui supplicient la population du Yémen et prétendent faire rendre gorge aux chiites houthistes du Yémen, soutenus par l’Iran éloigné. Derrière les masques religieux de haines exacerbées et instrumentalisées, Mahomet ne reconnaît plus les siens ! Surtout si l’on y rajoute le sultan Erdogan qui lorgne sur le pétrole en mer de Chypre. Il conclut à cet effet un accord avec la Libye de Sarraj et menace d’intervenir militairement comme il l’a fait en Syrie contre les Kurdes. Les « somnambules », pour reprendre un titre d’un livre retraçant le processus de déclenchement de la 1ère guerre mondiale (1), dansent au bord du volcan. Pour l’heure, ils provoquent de multiples migrations des populations, leur exil ou leur internement dans des camps de misère.

Pire, ces guerres suscitent la dissémination, le regroupement de mercenaires et de trafiquants qui, comme au Sahel, n’ont aucune difficulté à recruter des jeunes miséreux. A ces djihadistes en herbe, plutôt que le Coran, on offre une moto, une arme, voire une femme pour une « vie d’aventures » meurtrières. Et les interventions militaires ne font qu’aggraver et répandre la tumeur.

Les maffias constituées, soit de fous de dieu ou de gangs comme en Amérique latine, sont les sous-produits délétères d’un système dérégulé où les profits et la puissance qu’ils confèrent, impliquent une concurrence exacerbée et des alliances versatiles.

Cette évocation des blocs de puissance qui s’affrontent ne saurait occulter la rivalité essentielle : celle de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine où les sanctions et la justice extraterritoriale des uns se heurtent aux mesures de rétorsion de l’autre. L’impérialisme économique et commercial de l’Empire du milieu continue sa trajectoire. « Le collier de perles » emprunte désormais, à coups de brise-glace, la route du Pôle Nord très convoitée. Elle regorgerait de pétrole et de terres rares ; la fonte des glaces serait une opportunité ! Quant à la montée des eaux des océans, leur acidité, leur pollution, le réchauffement et le dérèglement climatiques, ce n’est pas le souci du business.

Quoique ! Trois mois de feux ravageurs en Australie, de gigantesques murs de flammes qui projettent des pelletées de braises, le bruit de la fournaise ronflante se mêlant aux hurlements des animaux qui grillent, des populations affolées, évacuées, des villages et même des villes détruites au milieu des forêts carbonisées (40 à 50 %) ne suffisent pas à convaincre les lobbies du charbon et les climato-sceptiques, toujours dans le déni. Va-ton assister à une vague de dégagisme des Australiens avant que certains d’entre eux, en nombre, fassent partie des cohortes de réfugiés climatiques à venir, de ces migrants que le gouvernement australien a refusé d’accueillir !

Ceci dit, si le pire n’est pas certain, il semble bien que les conditions économiques et sociales permettant la coordination programmatique des actions de mobilisations, continuent à faire défaut. A ceux qui se bercent d’illusions en stigmatisant la croissance, faut-il rappeler qu’elle signifie croissance des inégalités, de la précarisation et de la misère du plus en plus grand nombre. Le repli individualiste ou nationaliste et xénophobe n’est que l’envers de la mondialisation financiarisée et guerrière. De fait, le chaos est déjà là, la seule question qui vaille, c’est comment en sortir collectivement.

GD le 12.01.2020  

(1)   Les somnambules. Eté 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre. Christopher M. Clark, Flammarion, 2013