Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 26 avril 2021

 

Engrais chimiques. Explosif !

 

Explosif au sens premier du terme, « qui peut exploser », à l’image de ce qu’ont vécu les Toulousains (AZF) et les Libanais (récemment) et explosif car susceptible de remettre en cause le mode de culture productiviste (pour un écologiste ou un élu conséquent), ce qui ne sera pas sans déplaire aux gros industriels produisant ces «dopeurs » de rendement et aux gros agriculteurs les utilisant.

 

Qu’en est-il vraiment ?

 

Ah ! Le printemps ! Respirons à pleins poumons ! Enfin, pas trop tout de même. C’est la saison d’épandage des engrais azotés qui fertilisent les sols et font pousser les céréales ! Un vrai dopant que cette trouvaille de Fritz Habert ; ce chimiste allemand, en 1909, associé à l’industriel Carl Bosch, synthétise l’ammoniac, matière première de tous les engrais chimiques : des amonitrates (ceux qui ont explosé dans le port de Beyrouth en 2020), une solution azotée (engrais), de l’urée… Il reçoit le prix Nobel pour cette invention permettant de nourrir davantage d’êtres humains et… de fabriquer des explosifs. Ce qui est certain, c’est l’amélioration spectaculaire des rendements, bouleversant le modèle agricole, avec la monoculture et l’élevage intensif. 80 % de l’azote servent à la production de la nourriture pour l’élevage.

 

En Europe, la France est la plus grande consommatrice d’engrais azotés (2,3 millions de tonnes/an) avec l’Allemagne. Elle est aussi championne en émission d’ammoniac. Car l’azote qui n’est pas absorbé par les plantes pollue l’air, l’eau. Imaginez : sur 130 millions de tonnes d’azote  produits chaque année sous forme d’engrais, 50 % contaminent l’eau, les nitrates, à l’origine, par exemple, des algues vertes dans le Manche, le protoxyde d’azote, gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2) et l’ammoniac produisent des pics de pollution. Véritable poison pour l’environnement et l’homme… et l’on n’est pas prêt de rompre avec l’addiction aux engrais de synthèse, cela signifierait, pour les producteurs de céréales, une baisse drastique de leurs rendements, donc de leurs revenus… et une reconversion dans l’agriculture paysanne.

 

Pourtant, l’enjeu sanitaire est énorme car en se combinant avec l’oxyde d’azote, issu du trafic routier et le dioxyde de soufre de l’industrie, l’ammoniac contribue à la formation des particules fines, les plus dangereuses pour la santé et pour le climat : avec les engrais organiques, ils sont à l’origine d’environ 70 % des émissions de protoxyde d’azote (le 3ème gaz à effet de serre derrière le CO2 et le méthane).

 

Alors ralentir, interdire ?

 

Les objectifs de réduction, en France, ne sont guère ambitieux : la loi Climat et Résilience, en débat, prévoit de réduire les rejets d’ammoniac de 13 % d’ici 2030 et de 45 % les émissions de protoxyde d’azote d’ici 2050. Pour inciter les producteurs, une redevance pourrait être envisagée ; c’est le cheval de bataille d’une députée LRM du Finistère, agricultrice bio. Elle propose de la fixer à 27 centimes €/kg d’azote, représentant 618 millions/an reversés aux agriculteurs pour prendre le virage de l’agro-écologie. Un Collectif d’agronomes et d’agriculteurs prône le retour à l’azote organique, aux légumineuses dans les rotations de culture pour fertiliser naturellement les sols et fournir des protéines végétales ; cela contribuerait à stopper la dépendance à l’importation de soja qui participe à la déforestation pour nourrir les animaux d’élevage. Encourager l’agriculture biologique serait susceptible de relocaliser la production et de reprendre un peu de souveraineté alimentaire : la France importe un tiers des aliments bio consommés !

 

A peine ces quelques pistes vertueuses énoncées que l’on croit entendre la FNSEA dénoncer l’assassinat de ses agriculteurs ainsi que les géants chimiques, tel le norvégien Yara, (leader mondial des fabricants d’engrais) souffler dans l’oreille de Macron qu’il va fermer ses trois sites sur le sol français. Ils sont pourtant classés Seveso, seuil haut : ceux du Havre, de Montoir de Bretagne (Loire-Atlantique) et d’Ambès (Gironde), ces deux derniers ont fait l’objet d’arrêtés préfectoraux depuis 10 ans car ils émettent des rejets excessifs de poussière dans l’air et d’azote dans l’eau…

 

A ces risques, il faut ajouter les exploitations non surveillées. A Saint-Malo, les riverains de l’usine Timar Agro (groupe Roullier, 5 sites en France) ont saisi la justice pour émanations d’ammoniac. A Mazingarbe (Pas-de Calais) les salariés se relaient pour surveiller l’immense cuve de 750 tonnes d’ammoniac depuis que le patron espagnol a abandonné le site. A Grandpuits, une fuite d’ammoniac  s’est produite en 2020  sur l’un des deux sites de production de nitrate d’ammonium de Morealis (BEA-RI/ ex-AZF), tout proche de la raffinerie Total ! Des incendies ont lieu régulièrement dans des exploitations agricoles qui stockent des engrais près de leurs hangars. Ce qui fait dire à l’association Robin des Toits : « il est déplorable que le stockage de nitrate d’ammonium ne soit pas interdit près des matières combustibles comme le foin, etc. ». Seuls les sites de plus de 500 tonnes sont soumis à réglementation.     

 

Un débat à l’assemblée nationale serait envisagé… dans le cadre de la loi Climat et résilience ? Qui peut y croire encore ? Après le coup du glyphosate puis celui des néonicotinoïdes, voici celui des engrais azotés. Totalement Irresponsables, qui sont les coupables ?

 

OM, le 20.04.2021 d’après un article du Monde du 9 avril 2021

    

samedi 27 mars 2021

 

Vent de révoltes au Sud

(Editorial de PES n° 71 (mars 2021). Pour s’abonner, voir ci-dessous)

 

A cause et malgré le Covid, que les médias dominants ressassent en boucles, il n’y a pas d’autre information que celle de se calfeutrer et de ne voir en rien ce qui se passe en dehors de l’Hexagone. Instiller la peur, l’apathie, modeler nos comportements sont les règles que le pouvoir prétend imposer dans cette démocrature qui est la nôtre.

 

Pourtant, sur toute la planète, les luttes se développent pour faire tomber le pouvoir des tyrans, despotes, dictateurs, autocrates et autres satrapes, pour faire sauter tous les césarismes et mollahcraties, prétendument démocratiques. Malgré la misère, la répression, la guerre, ces luttes comportent des dimensions bien différentes de la période antérieure, celle des années de la décolonisation.

 

L’éducation et le recours à internet permettent aux peuples d’exiger la démocratie radicale et des revendications sociales nouvelles. Mais il y a plus. La désindustrialisation au nord, la délocalisation d’un certain nombre d’industries, ont provoqué, au Sud, l’apparition d’une nouvelle classe ouvrière, notamment en Chine, en Inde et en Indonésie. Rappelons que les ouvriers représentent 50 % de la population mondiale.

 

On ne peut évoquer toutes les luttes dans le cadre de cet édito mais l’énumération des pays qui sont touchés (1) atteste qu’un nouveau printemps des peuples est déjà à l’œuvre dans tous les continents, malgré le Covid ) :

Afrique : Algérie, Maroc (Rif), Tunisie, Mali, Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, Guinée Conakry.

Moyen-Orient : Irak, Iran, Kurdistan irakien, Egypte, (Israël), Palestine, Liban

Asie : Hong Kong, Thaïlande, Birmanie, Indonésie, Inde

Amérique latine : Haïti, Chili, Colombie, Pérou, Argentine

Europe et pays de l’Est : Bulgarie, Pologne, Biélorussie, Russie (notamment en Sibérie), Grèce.

 

Bref, le capitalisme qui multiplie ses crises financière, sociale, climatique et sanitaire, prouve que l’oligarchie mondiale, non seulement nous conduit droit dans le mur, mais cherche des solutions de plus en plus répressives. En atteste la montée des xénophobies d’Etat et des nationalismes. Par ailleurs, bien que cela soit tu par les médias, extractivisme, déforestation, élevage intensif, concentrationnaire, provoquent l’apparition de virus qui amplifient encore le caractère délétère du système de globalisation.

 

Il est désormais prouvé que la « destruction créatrice », soit l’importation, par l’invasion militaire, de la « démocratie occidentale », ça ne marche pas.  En effet, les guerres en Irak, en Afghanistan n’ont provoqué que le chaos et des luttes réactives de plus en plus vigoureuses. Il est à prévoir que le djihadisme, lui-même, va entrer dans une période de déclin, à preuve, le souhait en Iran et dans l’ensemble du Moyen-Orient, d’une sécularisation des sociétés. Il est possible, à cet égard, que le débouché des mobilisations au Liban en soit le premier exemple. Le système confessionnel va, en effet, exploser.

 

Que reste-t-il aux oligarchies pour se maintenir au pouvoir et continuer d’exploiter la planète : le nouvel eldorado promu par le Parti du Capitalisme Chinois (PCC) qui, tel le radis, est rouge à l’extérieur et blanc dedans ? Ce serait la voie autoritaire et comportementaliste de la gestion des populations pour instiller le virus de la servilité consentie !

 

GD, le 21 mars 2021

Pour en savoir plus sur le contenu des luttes depuis 2020 : millebabords.org/

 

 

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Merci. L’équipe de réalisation de PES

 

 

des chaises vides

dans une salle

pleine de faibles gens debout

 

une table pléthorique

dans un salon

où des mal-nourris font le service

 

des malles regorgeant d’habits

dans une maison sans chauffage

où des êtres nus grelottent

impuissants

 

des musiciens hors pair

jouant dans un lieu de choix

fréquenté par des sourds

 

des bouquets sublimes aux fleurs

exquises

répandant des senteurs dans un

monde

rendu anosmique par la pollution

 

et la richesse ruisselle à l’envers

du bas vers le haut

des pleurs du labeur aux sourires

complaisants

des publicains paradisiaques

reîtres serviteurs de leurs maîtres

si gentils si polis si affables

si cultivés

 

Pedro Vianna

Paris, I.IV.2019

“De l’inadéquation des choses”

http://poesiepourtous.free.fr