Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 4 juillet 2023

 

Ils-elles luttent

 

Prisons pour migrants dans des ferries privés

 

Le collectif Lighthouse Reports a révélé l’existence, depuis plusieurs années, de « prisons secrètes » dans des bateaux privés. Alors qu’au-dessus d’eux, des touristes sirotent leurs cocktails, des demandeurs d’asile sont enfermés dans des boîtes en métal ou des toilettes désaffectées. Le tout sur ordre des autorités italiennes pour les renvoyer en Grèce. En 2014, l’Italie avait déjà été sanctionnée et avait promis de ne plus renouveler cette pratique. Lighthouse report et plusieurs médias comme Le Monde, SRF en Allemagne ou Il Domani en Italie  avaient révélé en décembre 2022 « la mise en cage » de demandeurs d’asile dans ce qu’on appelle les « sites noirs européens » : des centres de détention clandestins.  Ces journalistes ont poursuivi leurs enquêtes pendant plusieurs mois, en faisant des dizaines de voyages entre l’Italie et la Grèce sur ces bateaux touristiques privés et ont trouvé les Demandeurs d’asile qui sont renvoyés vers la Grèce et sont enfermés secrètement dans des prisons de fortune au fond de ces cales. Le contraste est saisissant : sur le pont, des familles en vacances un verre à la main, sous le pont, des hommes parfois des enfants enfermés ou menottés pour toute la durée de la traversée. Des voyages qui peuvent durer entre 12 et 20 heures. Les journalistes ont pu filmer les lieux, ont trouvé des inscriptions sur les murs de ces prisons : noms, dates, autant de preuves accablantes pour l’UE. Ils ont recueilli des témoignages pour remonter le fil des responsabilités, notamment des compagnies privées, comme le gérant grec Attica. En recoupant les témoignages, les constatations des lieux, Lighthouse et ses partenaires ont identifié  plus de 200 personnes ayant été illégalement emmenées en Grèce par les autorités italiennes. Un chiffre qui ne peut être que la pointe de l’iceberg, selon Sara Creta qui a mené l’enquête. (sur Open Source radiofrance.fr)

Pendant ce temps-là, l’UE cherche à multiplier les accords de coopération avec les pays extérieurs à l’Europe et annonce 105 millions d’euros pour lutter contre les passeurs, investir dans le contrôle maritime des frontières : c’était l’objet de la récente visite en Tunisie de Von der Leyen, accompagnée de la présidente du conseil italien, Meloni, et de Rutte, 1er ministre néerlandais.

 

Soutien aux mineurs du Palais Royal

Honte à ceux qui les violentent

 

Le 20 juin, après 77 jours d’occupation pacifique de l’école désaffectée de la rue Erlanger (Paris 16ème), 450 mineurs étrangers isolés, avec les associations Utopia 56, Timmy, Les Midis du MIE et Tara, ont installé leurs tentes place du Palais Royal. Il s’agit de mineurs en recours, pour la reconnaissance de leur minorité, principalement auprès des tribunaux de Paris et de Bobigny. Ils ont été rejoints par d’autres jeunes espérant une issue favorable à leur situation d’attente et de galères. 77 jours, 20 courriers à la préfecture d’Ile-de-France, 16 au gouvernement et les interpellations de nombreux députés, une audience au tribunal administratif le 12 juin dont le jugement sera rendu le 30 juin. Avant eux, 200 mineurs avaient dressé un camp en décembre 2022 sous les fenêtres du Conseil d’Etat, déplacés au bout de 5 jours dans des départements périphériques pour l’examen de leur situation. 20 juin 2023, journée mondiale des Réfugiés : le même jour, le gouvernement Borne-Darmanin met en oeuvre ce qu’il sait faire : violences et dissolution. Arrachages de tentes, matraquages, insultes, arrestations, tout un arsenal de violences contre des enfants, des mineurs qui ne réclament que leur droit à être protégé. Ces mineurs sont des rescapés des prisons de Libye, des naufrages en Méditerranée. Nous leur devons reconnaissance de leur courage, hospitalité, éducation. Nous demandons pour les jeunes isolés de la rue d’Erlanger l’application de la présomption de minorité, la mise à l’abri immédiate et la prise en charge dans des conditions décentes : hébergement, suivi éducatif et scolarisation à la rentrée. https://reseau-resf.fr/

 

                                                                                       

      Si tous les sans-papiers se mettaient en grève 

 

Le 23 juin, des travailleur-e-s sans-papiers se sont rassemblés à proximité de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) afin de rencontrer son président, M. Thierry Marx, grand chef cuisinier qui a déclaré à de nombreuses reprises que le gouvernement devait régulariser les sans-papiers travaillant dans la restauration, compte-tenu du manque énorme de main d’oeuvre dans ce secteur. Outre la restauration et dans la perspective de la construction du Grand Paris et des Jeux Olympiques de 2024, ce sont des dizaines de métiers qui seront en tension amplifiée, notamment dans le BTP, le nettoyage, les transports, les livraisons à domicile, la sécurité, l’aide à la personne... qu’occupent depuis des décennies les quelque 600.000 sans-papiers vivant en France. Si tous ces sans-papiers se mettaient en grève en même temps, ce sont des pans entiers de l’économie française qui seraient en grande difficulté. Pour mettre fin à cet esclavage moderne, à la surexploitation de ces travailleurs par des patrons sans scrupules et des gouvernants qui maintiennent dans la précarité cette main d’oeuvre à très bon marché, il est impératif qu’ils et elles soient tous régularisés

Droits Devant !! - Collectifs des Sans-Papiers du 75 - du 17e - du 20e et de Montreuil

 

 

 

Désindustrialisation et vassalisation de l’Europe

 

La dernière période a été marquée par l’occultation d’un phénomène d’ampleur, due successivement au Covid puis à la mobilisation contre la « réforme » macronienne de la retraite. En effet, le déclenchement de la guerre en Ukraine a accéléré et amplifié la vassalisation de l’Europe sur fond de désindustrialisation. Au-delà du constat, il s’agit de cerner l’origine de ce phénomène et ses conséquences actuelles. Peut-on véritablement en sortir ?  

 

1 – Des constats éloquents

 

De 1970 à 2021, la part de l’industrie dans le PIB est passée de 23 à 10 %. C’est le taux français le plus bas de la zone euro, l’Allemagne se maintenant encore à 20 %.

 

On est en effet passé de 6 millions d’emplois industriels en France à 3 millions. Les politiques mises en oeuvre à cet effet sont le fait de dirigeants d’entreprises et des politiciens qui les ont soutenus. Ainsi, Arcelor a été vendue à Mittal, tout comme ont été bradées Péchiney et Alstom. Les PDG ont perçu à chaque fois des primes en raison de leur flexibilité face aux exigences des actionnaires, primes qui, en moyenne, se sont montées pour chacun d’entre eux à 15 millions, voire plus. Bref, c’est la cupidité de ces patrons et de leurs actionnaires faisant le choix du capital financier qui a prévalu, et ce, contre toute volonté de maintenir les choix industriels en faisant prévaloir la souveraineté du pays.  L’exemple le plus frappant est celui des turbines Arabelle vendues sous le régime de Hollande. Alstom est en train de les racheter pour un milliard, à General Electric, désormais en difficulté.

 

2 – Origine de la désindustrialisation

 

Il est de bon ton d’accuser l’Union européenne qui sert d’ailleurs de bouc émissaire. En fait, c’est la politique globale de mondialisation financière qui a amené les dirigeants français à faire preuve d’une incompétence crasse, dans la mesure où ils se sont enferrés dans leur propre incapacité à créer un rapport de force face à l’Allemagne et aux pays du nord de l’Europe. Résultat : la balance commerciale en France est catastrophique. Son déficit atteint 190 milliards en 2022. Ce chiffre prouve, s’il en est besoin, la dépendance de notre pays vis-à-vis de produits étrangers : non seulement le textile, l’électronique... sont importés mais on en vient à des aberrations, comme celle d’exporter du bois pour réimporter des meubles ou des parquets en provenance de pays du Sud.

 

Le phénomène de désindustrialisation résulte non seulement du choix en faveur de la finance, mais aussi d’un certain nombre de pratiques qui ont accéléré ce processus. La pratique de l’externalisation, le recours à de nombreux sous-traitants, dans les secteurs de la métallurgie, de l’automobile, ou de la chimie, ont perverti le système industriel : désormais, on importe des produits semi-finis pour les assembler sur le territoire national. D’autres mécanismes de profitabilité et de modernisation ont bien évidemment donné encore plus de corps au délitement de l’économie industrielle, comme les délocalisations vers l’Europe de l’Est puis l’Asie. L’automatisation et la robotisation, pour accroître les gains de productivité sur le sol national, ont concouru au même objectif.

 

3 – Conséquences

 

Les emplois détruits se sont matérialisés par l’émergence de territoires en crise, ainsi furent touchés le nord et l’est de la France, la Lorraine, les Vosges, les Ardennes, la Marne mais aussi Castres et Alès… Qui plus est, un emploi industriel génère deux à trois emplois indirects ; c’est la raison pour laquelle des régions entières ont été touchées. On a assisté, pour les collectivités territoriales, à l’effondrement de leur fiscalité et des prix de l’immobilier.

 

La réduction de la production accentue la dépendance du pays vis-à-vis d’autres puissances. Ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, 90 % des principes actifs du médicament sont assemblés et conditionnés en France, mais produits en Asie.

 

4 - La ré-industrialisation est-elle possible ?

 

L’épidémie du Covid 19 a fait apparaître une dépendance insoutenable et ce, dans les produits de première nécessité, comme les masques. Le gouvernement Macron en vint à prôner la ré-industrialisation à l’horizon de 2050, sans avoir, pour autant, une stratégie claire à énoncer, pour sortir de la dépendance de la Chine et des USA.

 

Ce qui est certain, c’est que ni l’utopie de la start-up nation, ni l’implantation d’usines comme Gigafactory, ne vont changer les choses. D’un côté, les crédits en faveur de la recherche sont insuffisants, de l’autre, nous ne sommes pas maîtres de la production des batteries, nous ne faisons que les assembler. L’implantation provisoire d’usines peut très bien, demain, se retourner en délocalisations.

 

Macron prévoit l’injection, sous forme de subventions, de 54 milliards d’euros, ce qui semble dérisoire vis-à-vis des 400 milliards de dollars promis par Jo Biden, afin d’attirer les technologies innovantes et autres industries sur le sol étatsunien.

 

Le financement du plan France 2030 va se heurter à la frilosité des banques et accentuer encore la dette de la France, sans certitude aucune, quant à la volonté de se dégager de l’emprise des USA ou de la Chine.

 

L’effort environnemental de décarbonation rend encore plus difficile la mise en œuvre de projets coûteux dans le cadre néolibéral et d’une Union européenne, ouverte tous azimuts. Faut-il rappeler que la Chine et les Etats-Unis pratiquent de fait une politique protectionniste.

 

L’incapacité de raisonner, en termes de mobilité plutôt que d’automobile « verte », démontre, s’il en est besoin, que le ferroviaire, malgré toutes les déclarations, n’est pas véritablement à l’ordre du jour.

 

Plus généralement, la France, comme l’Union européenne, sont en guerre économique avec les USA, qui utilisent tous les outils pour accroître l’assujettissement de l’Occident. Les écoutes, révélées par Snowden en 2014, prouvent que l’espionnage des entreprises et des dirigeants politiques ont pour but de développer la dépendance. L’utilisation du droit extraterritorial par les USA démontre leur volonté de s’instituer gendarmes du monde, visant à exclure tout commerce avec la Chine, la Russie, l’Iran, le Venezuela… Ainsi, la liste ITAR comprend 22 000 composants qui, s’ils sont vendus aux pays « diabolisés », permet aux USA de sanctionner les contrevenants qui décideraient de passer outre les oukases étatsuniens.   

 

Et d’ailleurs on ne voit pas comment arrêter le processus en cours : 131 entreprises françaises ont été vendues à l’étranger en 2022 et la colonisation numérique s’accentue (exemple : Google).

 

S’il fallait dater l’accélération de la sujétion de l’Europe aux Etats-Unis, il faudrait remonter, dans le cadre de la mondialisation, à l’acte unique de 1986 et à la libéralisation des capitaux, tout en constatant que les socialistes français ont été, dès cette époque-là, à la manœuvre.

 

Mais la mondialisation est en train de provoquer son contraire : les exigences écologiques ne collent plus avec les millions de porte-containers qui sillonnent les océans. L’ouverture du marché tous azimuts est en train de se refermer. Ainsi Trump a réinstauré des droits de douanes. La Chine et d’autres pays envisagent de créer une monnaie unique pour se passer du dollar.  Toutefois, la guerre en Ukraine a révélé que l’Allemagne, comme d’autres pays de l’Europe, appellent de leurs vœux, une servitude volontaire des plus néfastes.  

 

Gérard Deneux, le 27 juin 2023   

 

Sources : Elucid, Blast

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nucléaire civil

 

L’état climatique actuel du monde, dû essentiellement à l’activité humaine, fait que la consommation d’énergie devra être impérativement décarbonée d’ici 2050, selon les accords de Paris (on n’en prend pas trop le chemin !).

En plus des nécessaires économies d’énergie (diminution du besoin, efficacité énergétique…) que certains chiffrent à 30 %, les énergies primaires utilisables seront d’origine :

-        terrestre (biomasse, géothermie, nucléaire…), avec certainement encore un tout petit peu d’hydrocarbure,

-        mais, essentiellement, solaire (photovoltaïsme, vent, hydraulique…).

Le vecteur qui permettra de les utiliser sera presque exclusivement l’électricité pour la chaleur (chauffage air, eau), la mobilité, l’agriculture, les processus industriels…

 

1 - Quelle part aura le nucléaire en 2050 dans cette production d’électricité ?

 

Au niveau mondial :

Actuellement, selon l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique), 339 réacteurs à uranium enrichi (surtout à eau pressurisée et bouillante) sont en service dans le monde. C’est 100 de moins qu’en 2010, Fukushima est passé par là !

 

Chaque réacteur produisant annuellement aux alentours de 7 Twh (milliard de kilo watt heures) en pleine charge annuelle, la production mondiale d’électricité nucléaire est d’environ 2 400 Twh.

On estime (avec difficulté) la consommation d’énergie finale de toute l’humanité à peu près à 100 000 Twh.

 

Dans ces conditions, le nucléaire ne couvre pas 3 % des besoins et on voit mal comment il pourrait en couvrir une part significative en 2050 étant donné la technicité et les coûts faramineux d’investissement que cette technologie impose : la plupart des pays ne peuvent y avoir accès et il y aurait tout à craindre d’une telle prolifération.

 

Le nucléaire n’est en aucune façon une solution

 pour l’avenir énergétique du monde.

 

Mais est-ce vrai à d’autres échelles, en particulier d’un pays comme la France qui est un des plus nucléarisés par rapport à sa production d’électricité (70 %) ?

 

Au niveau français :

56 réacteurs, tous à eau pressurisée sont en activité, représentant une puissance d’une soixantaine de GW (giga watt, million de kilo watts), censés produire annuellement environ 400 Twh, soit 24 % du besoin de la consommation finale des Français de 1 650 Twh (1.7 % de la conso mondiale, alors que nous ne sommes que 1 % de la population mondiale : des nantis, vous dis-je). Le reste est couvert essentiellement par les hydrocarbures, le gaz et, pour 19 %, par les renouvelables en 2022 (hydraulique compris), en-dessous de notre objectif de 23 % : nous sommes les seuls dans l’UE à ne pas respecter nos propres engagements !

 

Ces machines ont actuellement un âge moyen de 38 ans (43 pour Bugey à 19 pour Civaux) et en 2022, elles n’ont produit que 285 Twh, soit seulement 17 % de nos besoins, moins que le renouvelable ! Il faut se souvenir qu’en septembre 2022, 32 de ces réacteurs étaient à l’arrêt. Ils étaient encore 17 en novembre, et, si la consommation hivernale a pu être satisfaite c’est parce que l’hiver a été doux, que les Français auraient fait attention (soi-disant 10 % d’économie), mais surtout parce qu’on a acheté beaucoup d’électricité à nos voisins allemands et espagnols ! Notre balance du commerce extérieur est passée à – 163 MM € contre environ – 70 les années précédentes.

 

Conscient de cette grande faiblesse, M. Macron a décidé de prolonger la durée de vie de ces réacteurs de 30 ans (durée de vie de conception, sur la base de laquelle EdF a amorti ces machines, 40 ans étant déjà admis), jusqu’à 60 ans, comme aux USA, ce qui nous mènerait en moyenne à 2045 ! Sachant que 10 ans de maintenance coûtent 1 MM€, visite décennale comprise, qu’il en faudrait 2 d’ici-là, la facture se monte à 112 MM€ au bas mot, sans tenir compte des retards actuels de visites décennales, ni du coût du cycle du combustible.

 

Malin, le même, lance 6 EPR2 (conception pas encore « bénie » par l’ASN, Autorité de Sûreté Nucléaire) pour 10 MM€ l’unité, d’ici 2035, et 8 autres un peu plus tard pour 2050 : « petit » programme de 140 MM€ supplémentaires.

Il faudra donc mettre sur la table 172 MM€ d’ici 2035 et 80 de plus pour atteindre 2050… tout ça pour avoir environ 300 Twh (si l’on est optimiste) en 2035, puis au maximum 140 Twh pour les 14 EPR2 vers 2050, les machines actuelles devant être arrêtées en moyenne vers 2045… Ce qui fait quand même une petite dizaine de milliards d’euros par an pour couvrir même pas 10 % de nos besoins énergétiques ! A pleurer !

 

De plus, l’Etat français, actionnaire à 100 % d’une EDF endettée à hauteur de 64 MM€, ne sait pas comment financer de tels investissements colossaux : démembrement d’EDF (projet Hercule), mobilisation du livret A, dette publique… ?

 

Pour simplifier la question, l’UE a décidé que les voitures devront être électrifiées en 2035. En France, le parc de 40 millions de véhicules consomme annuellement environ 250 Twh, c’est-à-dire quasiment la production du nucléaire : ou alors le renouvelable absorbera ou ce sera la fin de la voiture individuelle… mais pour l’instant, on y va…

 

A ces contraintes, on peut ajouter celles concernant le refroidissement des condenseurs de turbine ou des réacteurs à l’arrêt à chaud. Nos 56 tranches occupent 18 sites en France : 4 en bord de mer (12 réacteurs) et 14 le long des fleuves ou rivières. Sur les 44 tranches concernées, 30 prélèvent l’eau en amont pour la recracher plus chaude (maxi 28° en été et 30° en hiver) en aval. Les 14 autres sont équipées d’aéroréfrigérants (grandes tours de ventilation) qui nécessitent un apport important d’eau pour compenser la vapeur perdue dans le panache. Dans tous les cas, la diminution des débits de nos rivières et le réchauffement climatique provoqueront une limitation drastique du fonctionnement de nos centrales et risqueront fort d’en réduire l’usage.

 

Le nucléaire tel qu’annoncé par Macron

 n’est pas non plus une solution d’avenir pour la France.

 

2 - Quelques poncifs dont les Français feraient mieux de se débarrasser 

 

Nucléaire = indépendance énergétique. Nous importons l’intégralité du carburant (uranium 235) de l’étranger (Niger, Kazakhstan, Ouzbékistan, Australie… pour l’uranium à enrichir et, même, actuellement, de Russie pour l’uranium enrichi par Rosatom.

 

Electricité nucléaire, la moins chère de toutes. Le coût de revient du Mwh (méga watt heures = mille kilo watt heures) pour EdF est de 46€ (prix de vente au consommateur environ 200€) avec des réacteurs dont le coût est complètement amorti. Par contre, le coût de revient contractuel du même Mwh à Hinkley Point en Angleterre, produit par les EPR en cours de construction, est de 115€ le Mwh. Alors qu’on peut compter sur environ 55€ le Mwh photovoltaïque (chinois) et entre 70 et 85 € pour celui de l’éolien.

 

Nucléaire = technologie de pointe. Il est vrai que cette technologie fait appel à nombre de domaines pointus, mais à cause des lois de Carnot et de la basse température de la vapeur d’admission dans la turbine, le rendement des tranches nucléaires est seulement d’un peu moins de 30 %, ce qui n’est pas glorieux.

 

Nucléaire = énergie sûre. Depuis Fukushima, l’ASN n’écarte plus le risque d’accident nucléaire grave, même s’il est peu probable, espérons-le.

 

La question des déchets est résolue. Le stockage des déchets peu radioactifs à vie courte est énorme en volume, celui par enfouissement de haute activité à vie longue n’est probablement pas pérenne. En tout cas, c’est une pollution que l’on ne sait pas régler définitivement.

 

C’est une énergie nucléaire civile. Oui, mais chaque tranche de 1 000 w produit annuellement 200 kg de plutonium, utilisé dans les bombes atomiques, raison pour laquelle cette technologie à uranium naturel enrichi a été choisie, il y a 70 ans.

 

La technologie à eau pressurisée et uranium enrichi, en vigueur « chez nous », est le nec plus ultra. Il existe tout un tas d’autres solutions pour maîtriser la réaction en chaîne avec beaucoup moins d’inconvénients, comme les réacteurs à sel fondu, que certains pays sont en train de développer pour garder l’avantage de l’énorme densité d’énergie de la réaction nucléaire. Mais c’est une autre histoire nécessitant des décideurs ayant une autre vista !!

 

Conclusion

 

Le nucléaire, tel qu’on le connaît, comme source d’énergie électrique,

 n’est nulle part une solution pour l’avenir, n’en déplaise à JM Jancovici, aux lobbys du nucléaire et aux politiques qu’ils ne cessent d’influencer. Je ne sais plus qui a dit : le nucléaire, c’est la façon la plus dangereuse, et la plus onéreuse, de faire bouillir de l’eau !

 

Alors que le gouvernement dispose d’un Haut-Commissaire au Plan, d’une 1ère Ministre, coordinatrice de deux ministres chargés des planifications énergétique et écologique, aucune publicité n’est faite sur le résultat de ces plans, quant à l’évolution des sources d’énergies, forcément électriques d’ici 2050. A croire que rien n’a été fait, sauf à commencer à mettre en place la fausse solution du nucléaire.

 

Jean Restlé, le 8 juin 2023

ci-devant responsable de la qualité de turbines à vapeur Alsthom, ayant modestement participé à la construction de notre « cher » programme électronucléaire.