Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 12 décembre 2023

 

Ils, elles luttent

 

Le patronat israélien compte sur les ouvriers Indiens.

 

Depuis le 7 octobre, 110 000 Palestiniens employés en Israël se sont vu retirer leurs permis de travailler. Le patronat israélien se retrouve en pénurie de main-d’œuvre, principalement dans le secteur de la construction, et cherche à remplacer les ouvriers palestiniens par des travailleurs indiens. Cette pratique est déjà effective grâce à des accords entre gouvernements israélien et indien du 9 mai 2023, facilitant l’emploi de 42 000 Indiens en Israël (34 000 dans la construction et le reste dans la santé). Les patrons du BTP veulent amplifier ce mouvement. Dix syndicats s’y opposent fermement et ont signé un communiqué affirmant que « rien ne pourrait être plus immoral et désastreux pour l’Inde que cette « exportation » de travailleurs vers Israël. Le fait que l’Inde envisage même d’exporter ses travailleurs montre à quel point elle a déshumanisé et marchandisé les travailleurs indiens. Une telle initiative équivaudrait à une complicité de la part de l’Inde avec la guerre génocidaire en cours ». Les syndicats indiens demandent donc un cessez-le-feu immédiat ainsi que l’annulation de l’accord-cadre du 9 mai, sur l’exportation de main d’oeuvre. (Rapports de force, le 20.11.2023)

Ukraine en guerre,

la régression sociale continue

 

On connaissait la manière dont le démantèlement du système « soviétique » avait pu être mis en œuvre sous Eltsine avec l’aide des Golden Boys : après Gorbatchev, le désenchantement en Russie fut catastrophique. Les biens publics furent pillés et cette privatisation prit la forme paradoxale d’une distribution d’actions aux salariés ; de ces actions à bas coût, la population n’eut qu’une envie, s’en débarrasser pour faire face aux besoins qu’elle n’arrivait plus à satisfaire. Les plus malins ou les apparatchiks en situation de pouvoir rachetèrent les actions, les revendant ensuite, pour se constituer progressivement, un capital énorme. Cette kleptocratie donna naissance aux oligarques. C’est ce que raconte un collectif d’historiens dans « La grande braderie à l’Est » (publié au Temps des cerises), sous la direction de Claude Kernoouh et Bruno Drweski.

 

Pour illustration « romantique » on peut également lire « Oligarque » d’Elena B.Morozov (ed Grasset). Ce thriller politico-financier démontre l’ascension d’un oligarque jusqu’à l’avènement d’un capitalisme oligarchique avec, à sa tête, Poutine. Mais les révélations faites par Hélène Richard dans le Monde Diplomatique (novembre 2023) laissent entendre qu’il convient toujours de prendre des distances avec les discours soporifiques imposés, célébrant la fin du communisme soviétique ou la condamnation sans retenue du régime poutinien glorifiant le patriote Zelenski.

 

En effet, la corruption existe toujours à grande échelle en Ukraine. Indépendamment du trafic de vêtements militaires, qui valut la démission du ministre de la Défense, les trafics en tous genres minent la société. Ainsi, il faut aligner 4 000 dollars pour se faire réformer et obtenir un certificat d’inaptitude. Les commissariats au recrutement de militaires s’arrangent avec les gros employeurs pour déterminer le pourcentage des effectifs appelés sous les drapeaux, moyennant pots de vin. Les soldes des soldats ne sont pas toujours versées d’où un mécontentement de plus en plus grand.

 

Une nouvelle législation a vu le jour en 2022, annulant l’obligation pour les employeurs de maintenir le salaire des travailleurs servant au front. Ainsi le fossé se creuse entre le front et l’arrière qui bénéficie d’une vie « normale ». Les jeunes exemptés postent des photos de leurs vacances…

 

Les régressions sociales prennent la forme également de suppression d’un certain nombre de droits sociaux : suspension des accords collectifs d’entreprises avec modification unilatérale des conditions de travail, possibilité de licencier sans délai de prévenance de 2 mois et sans l’obtention de l’accord du syndicat… Pour les PME qui constituent 70 % des entreprises de moins de 250 salariés, la « régulation » est encore plus rude : les licenciements sont déclarés sans cause et les contrats zéro  heure se multiplient (travail à la demande de l’employeur sans en préciser les conditions).

 

On assiste donc à la naissance d’un capitalisme sauvage, ce qu’une députée appelle « décommunisation ». En ce sens, la suppression du fonds d’assurances sociales a été actée pour être versé dans la caisse des retraites ; les cotisations sociales ont été diminuées de 14 à 9 %, les travailleurs sont de plus en plus livrés à eux-mêmes.

 

La première centrale syndicale (Fédération des Syndicats d’Ukraine) qui comptait avant la guerre 9 millions d’adhérents, est désormais dans le viseur du pouvoir de Zelenski et de sa clique.

 

Cet organisme de cogestion des œuvres sociales, à l’époque du parti communiste, est sur la sellette. Il s’est, depuis, relativement effondré. Il gérait auparavant des sanatoriums, des centres de vacances, des bases de loisirs. Depuis la guerre, il accueille des réfugiés de l’intérieur, des blessés… La volonté de l’État de s’accaparer ce patrimoine fut tellement brutal que l’Europe elle-même s’y opposa : le rapt était trop gros. Il vaut mieux, c’est la solution retenue, criminaliser les dirigeants syndicaux, entreprendre des actions pénales contre eux  afin de pouvoir procéder à la nationalisation des biens détenus par les syndicats, y compris leurs sièges, pour finalement les privatiser en lots distincts. Ceci devient « d’autant plus facile » que les syndicats connaissent des véritables banqueroutes (cotisations insuffisantes, chômage).

 

Cette guerre sociale est favorisée par l’Europe et les créanciers qui ont prêté au pouvoir ukrainien et attendent d’être remboursés au plus vite à l’aide des privatisations et de l’austérité en cours. Ainsi, le nombre de fonctionnaires a déjà été réduit de 10 % et c’est une agence étatsunienne (USAID)(1) qui mène la danse en imposant avec Google la numérisation des activités administratives.

 

En tout état de cause, dans la société ukrainienne et jusqu’au sommet de l’État, entre les généraux et Zelenski, les divisions sont de plus en plus grandes et le moral des soldats est en berne. 

 

Gérard Deneux, le 6.12.2023

 

(1)   Agence des Etats-Unis pour le développement international 

 

Alstom/General Electric.

Le “feuilleton” continue

 

Pour trouver des débouchés factices aux immenses réserves de capitaux qui n’arrivent plus à s’investir dans l’économie réelle, c’est l’économie virtuelle et spéculative qui prend le dessus. C’est ainsi que se gonflent des bulles spéculatives qui ne représentent que des valeurs fictives qui peuvent s’effondrer à tout moment lorsque les détenteurs de ces capitaux fictifs décident de s’en débarrasser massivement : c’est alors le krach financier par l’explosion de ces bulles spéculatives. Voilà comment toute l’économie peut être emportée dans le chaos. Pour donner une idée de l’ampleur de cette dérive, sachons par exemple, qu’entre 2010 et 2019, les entreprises de l’indice phare de la Bourse de New-York n’ont investi que 7% de leurs profits dans la production.

 

Aujourd’hui Monsieur MACRON nous parle de ré-industrialisation.

 

Quand on sait que c’est lui qui a bradé à l’américain General Electric la branche Energie du groupe Alstom (3/4 de son activité), on peut rester perplexe…

 

Ce même Monsieur MACRON qui nous parle de ré-industrialisation a fait voter à l’Assemblée Nationale un budget de 413 milliards pour l’armée (seuls les groupes parlementaires LFI et PCF ont voté contre). Il est donc à craindre que la seule ré-industrialisation réelle sera réalisée pour l’essentiel par l’industrie d’armement. D’ailleurs, n’a-t-il pas déclaré il y a peu : « Nous sommes en guerre»… Les livraisons d’armes pour la guerre en Ukraine, en Israël et ailleurs, derrière les Etats-Unis, peuvent nous faire craindre le pire.

 

Quant à une ré-industrialisation permettant de relever les défis face aux dérèglements climatiques, il est permis également de s’inquiéter. En effet, dans ce domaine, General Electric a pratiquement liquidé la branche hydraulique où Alstom était leader mondial. Maintenant General Electric s’attaque à la maintenance des éoliennes, ceci après la suppression d’autres fabrications ayant d’ores et déjà entraîné la disparition de 1 400 emplois sur le site de Belfort…

 

Le nouvel épisode qui s’ouvre avec cet hallucinant roman-feuilleton du bradage de la branche Alstom Energie à General Electric pour 13 milliards d’euros en 2015, c’est maintenant sa revente à EDF par GE !

 

Et là, stupeur : selon l’Est Républicain du 6.12.2023, EDF « rachète moins que ce qu’Alstom a vendu, tout en payant environ le double du prix qu’avaient versé les Américains… » !

 

Autrement dit, l’opération conduite par Monsieur MACRON quant au bradage d’Alstom Energie à GE finit par aboutir à la destruction en cours d’un secteur clé de l’industrie française dans ce domaine si hautement stratégique qu’est l’énergie électrique. Pour couronner le tout, GE rafle une plus-value de 13 milliards d’euros au passage sur le dos de la population française ! Et nous n’avons pas fini d’en payer les conséquences…

 

Voilà ce qu’il en est de la réalité de la politique économique de Monsieur MACRON. Dès lors, on comprend mieux, après les attaques contre les acquis sociaux (retraites, assurance chômage…), la bonne note attribuée à la France par les agences de notation spéculatives.

 

On peut toujours croire au Père Noël… Pour ma part je réponds à Monsieur MACRON : merci, on a déjà donné…

 

Jacques Meyer, le 6.12.2023 (extraits)