Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 29 juin 2020


Notat, la comtesse du Ségur

A Macron, pour présider le Ségur de la Santé, il fallait quelqu’un de suffisamment servile dont la malfaisance d’hier s’était estompée avec le temps. Qui de mieux que la comtesse de Ségur, pour traiter avec des partenaires considérés comme une « composition de nigauds » afin de faire preuve de compassion sur « les malheurs des Sophies » en blouses blanches (1). Pas sûr que les contes pour enfants soient les bienvenus dans ce cénacle !

Certes, elle fut pendant 10 ans à la tête de la CFDT mais pour y accomplir la mue définitive de cette organisation en société d’accompagnement du néolibéralisme à visage (in)humain. Tous n’ont pas la mémoire courte et se souviennent de ses soutiens au plan Juppé en 1995, de comment elle fut conspuée, puis finalement exfiltrée d’une manifestation qu’elle pensait dévoyer. D’autres savent très bien qu’elle n’est à l’aise qu’avec le « dessus du panier », avec les patrons du Medef et du CAC 40 et copine, successivement, des Chirac, Sarko, Hollande puis Macron. C’est qu’elle adore être reçue dans le palais de l’Elysée, cultivant ses réseaux. Sa reconversion le prouve, l’association capital-travail, elle connaît, elle est preneuse de tous les strapontins lucratifs.

Fondatrice de la boîte d’audit VIGEO, devenue Moody’s, elle distribue des bonnes notes à ses commanditaires en développement durable, reconnaît « les bienfaisantes pratiques sociales et environnementales ». Invitée, elle aime parader dans les assemblées générales des entreprises… pour mieux alimenter l’actionnariat de son entreprise, généreusement pourvue (à 60 %) par des banques et des assurances (Société Générale, Axa…).

La comtesse est très courtisée, on lui avance de multiples sièges. Ses nominations sont pléthores : la Haute Autorité contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), le Conseil de développement durable de la Ville de Paris, les commissions de réflexion sur la dette publique de l’économie et de l’immatériel, les groupes de réflexion sur l’avenir de l’Europe, pour la promotion et la valorisation de l’entreprise responsable… Elle fut même désignée présidente du Siècle, cette confrérie très fermée où se rencontrent et palabrent les zélotes du capitalisme financiarisé : éditocrates, économistes libéraux, politiciens de gauche et de droite… Déçue, malgré le soutien de Macron, elle avait candidaté pour représenter la France à l’Organisation Internationale du Travail, les responsables de l’OIT l’ont jugée trop proche du capital ! Un comble !

Cette potiche de luxe se retrouve donc à la tête du Ségur. Sûr qu’elle ne fera pas d’ombre à Macron. En toute candeur elle a d’ailleurs avoué qu’elle n’avait « aucune marge de manœuvre », elle est aux ordres… Elle doit aimer, comme les contes pour enfants de la comtesse, la punition pour rester dans le droit chemin.

GD

(1)   La composition des nigauds et Les malheurs de Sophie, sont des livres de la Comtesse de Ségur. La suite s’appuie sur le Canard enchaîné du 17 juin