Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 29 juin 2020


Nous avons lu…


L’urne et le fusil.
La garde nationale parisienne 1830-1848

Cet ouvrage vient nous rappeler que la domination de la bourgeoisie, en France, fut l’objet d’une âpre lutte. La constitution d’un bloc historique autour de la classe dominante pour rejeter la monarchie, y compris sous sa forme constitutionnelle, supposait à la fois la mobilisation de la petite bourgeoisie et des classes populaires, son épuration-répression des fractions les plus radicales. Pour se défendre et s’imposer, l’insurrection, c’est le recours aux armes, l’émergence renouvelée (1830-1848-1870) d’une garde nationale « démocratique ». Elle se forme dans les quartiers. Elle est l’enjeu d’une lutte entre la bourgeoisie et les classes « prolétaires ». C’est le processus révolutionnaire  lui-même qui impose cette institution et la volonté de la bourgeoisie de la mettre sous tutelle, de la dissoudre pour, en fin de compte, la remplacer par une force professionnelle. Il s’agit de remplacer le fusil par les urnes, celles-ci devant, en définitive, assurer la représentation parlementaire des intérêts des classes dominantes. Cette histoire est celle où la « populace » est matée par les Républicains. La démocratie parlementaire, telle que la concevaient ceux qui voulaient l’imposer contre les monarchistes, devait être censitaire, excluant les citoyens « passifs ». Le suffrage dit universel ne pouvait l’emporter qu’à la condition d’exclure, de fait, les classes ouvrières et populaires, y compris par l’imprégnation dans le corps social de la légitimité du régime institué. Le long combat pour la démocratie réelle s’est poursuivi autour des droits à acquérir (liberté d’opinion, de presse, de réunion, de manifestation, d’organisation syndicales, des étrangers) après l’écrasement de la Commune (1870).
Reste à restaurer le « droit à l’insurrection » que, dans les faits, les Gilets Jaunes ont remis à l’honneur. Connaître le passé, cette histoire par en bas, n’est pas anodin. Il est source de réflexion pour les luttes présentes et à venir. L’auteure, maître de conférences à l’université Paris-Est, a participé au film-émission de Là-Bas si j’y suis : « Le grand procès de Macron ». GD
Mathilde Larrère. PUF, 2016, 27€