Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 29 juin 2020

Nous avons lu...


Arabie Saoudite.
Wahhabisme, violence et corruption

Difficile de rendre compte d’un livre aussi riche qu’éclairant. Nul ne devrait pourtant ignorer cette puissance mondiale devenue un acteur majeur, quoique fragile, dans l’évolution géopolitique entre autres, au Moyen-Orient. L’assassinat récent du « dissident » Khashoggi dans l’ambassade de Turquie par un commando de 15 personnes, commandité par Mohamed Ben Salman (MBS), n’est que le dernier épisode des « disparitions » extra-judiciaires. Torturé, tué, démembré, ces restes demeurent introuvables. Ce régime tyrannique, tribal et familial, repose sur la doctrine réactionnaire et sectaire du wahhabisme, lecture particulièrement archaïque de l’islam qui s’appuie à la fois sur un contrôle féroce de la société et sur les exécutions massives au sabre, en public. L’auteur écrit toute l’histoire de cette dynastie depuis le 18ème siècle qui a pu perdurer, se renforcer à partir de 1920 (découverte du pétrole) grâce à l’appui intéressé des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne puis des autres puissances. Ennemi juré des nationalismes arabes laïcs, l’Arabie Saoudite est devenue plus agressive depuis la « révolution » khomeinyste en Iran. Inspiratrice et manipulatrice de toutes les guerres récentes (Afghanistan, Irak, Yémen aujourd’hui), elle est derrière tous les djihadistes terroristes même si ces derniers ont dépassé leur maître (Al Qaïda, Etat Islamique). Adversaire impitoyable de toutes les tendances d’un islam plus tempéré. La chasse aux Frères musulmans, le soutien au coup d’Etat d’Al Sissi en Egypte, ses ingérences en Syrie et en Lybie, la guerre au Yémen, révèlent la volonté hégémonique sur la religiosité des musulmans. Les bêtes noires du régime sont l’Iran chiite et la Turquie « ottomane » et, dernièrement, les printemps arabes, y compris au Soudan. Sa force corruptrice, ce sont les pétrodollars et l’achat d’armes sophistiquées, tout particulièrement aux USA, au Royaume-Uni, à la France, mais aussi son prosélytisme tous azimuts par la diffusion des imams et construction de mosquées. La guerre du pétrole suscitée par la concurrence de l’or noir extrait des sables bitumineux (Canada) et de la fracturation hydraulique, ne modifie qu’en surface la politique de cette tyrannie désireuse de se donner un visage plus moderne. L’alliance avec Trump permet tous les « dérapages » (bombardements des écoles, des hôpitaux, au Yémen, plus de 100 000 morts dont 67 % de civils) et l’accord sur le « plan de paix », négation des aspirations palestiniennes, pour s’acheminer vers une alliance avec l’Etat d’Israël afin d’accélérer le changement souhaité du régime en Iran. Pour l’heure, cette visée géopolitique n’a rencontré que des échecs, mais…
Que cette rapide évocation incite à lire cet essai remarquable. GD
Malise Ruthven, la Fabrique, 2019, 18€