L’indifférent
Tu as fermé les yeux
mis du coton dans tes oreilles
posé la main sur ta bouche
en bâillon
Tu as juré
de ne plus rien entendre
de ne plus regarder
de ne plus rien voir
ne pas parler
Etait-ce le début de la sagesse
ou juste de l’indifférence
une morne indifférence
coupable et égoïste indifférence
étendue sur le monde
qui avait fini par te rattraper
Tu ne sais pas
Tu as marché
les yeux fermés
les mains sur les oreilles
avec sur la bouche un bâillon
Tu as marché
seul
au milieu de tous les autres
vers on ne sait quel destin
vers on ne sait quel possible
Tu as marché
et les autres
eux aussi ils marchaient
Mais quand tu es tombé
le monde a fermé les yeux
mis du coton dans ses oreilles
posé la main sur sa bouche
en bâillon
Le monde était devenu sage
muet
aveugle
et sourd
ou juste indifférent
Nicole Cortez
Retraitée, Syndicat Solidaires Nantes 44
(de la part d’un abonné, Alain Mouetaux)