Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 29 mai 2017



Guadeloupe. Mé 67, Vérité, Jistis, Réparasyon !

Deux mois après une première vague de débrayages, le 24 mai 1967, les ouvriers du bâtiment entrent en grève pour réclamer 2% d’augmentation et la parité avec la métropole en matière de droits sociaux. La Guadeloupe est un département français depuis 1946. Le 26 mai matin, la mobilisation des ouvriers donne lieu à une « répression énergique » : bastonnades, coups de crosse, tirs tendus sur les ouvriers qui se rassemblent, encore plus nombreux, à la chambre de commerce de Pointe-à-Pitre où se tiennent les négociations. Le patronat, représenté par  Brizzard, refuse toute augmentation et déclare : « Quand les nègres auront faim, ils reprendront le travail ! ». La colère monte. Les CRS, les « Képis rouges » envoyés par le gouvernement de De Gaulle s’apprêtent et c’est l’affrontement ! A 15h35, le commissaire Canalès désigne un manifestant du doigt. Rafales de fusils automatiques. Un homme tombe, Jacques Nestor, 26 ans militant du GONG (Groupe d’Organisation nationale de la Guadeloupe, indépendantiste) puis un deuxième, puis un troisième. Les armureries sont prises d’assaut par la résistance populaire. De nouvelles troupes de parachutistes arrivent en renfort. A 20h, la décision est prise d’envoyer des jeeps militaires équipées d’une mitrailleuse avec le mot d’ordre : « tirer sur tout ce qui bouge, qui est noir ou qui tire ses origines de cette couleur ». A minuit, un avion militaire en provenance de Martinique vomit d’autres assassins pour « finir le travail ». A 2 heures du matin, le silence se fait.  Le bilan officiel est de 8 morts. En 1985, Lemoine, ministre de Fabius, lâche le chiffre de 87 morts. Taubira évoquera 100 morts. Certains parlent du double. Quant aux responsables de cette tragédie, ils n’ont jamais été inquiétés ; sont cités les noms du commissaire Canalès, du préfet Bollotte, des ministres Pierre Billotte, Christian Fouchet ministre de l’Intérieur et Pierre Messmer, ministre des Armées et surtout Jacques Foccart, alors secrétaire de l’Elysée aux affaires africaines et malgaches. Foccart était le fils d’une béké guadeloupéenne de Gourbeyre (Elmire de Courtemanche de La Clémandière) et d’un planteur de bananes d’origine alsacienne (Guillaume Koch-Foccart). Mais personne n’a jamais osé accuser le 1er ministre Pompidou, ni le général De Gaulle.  Dans la mémoire collective guadeloupéenne, les séquelles sont d’autant plus vivaces que le massacre a été occulté dans l’histoire de la 5ème République.

Le Kolèktif Doubout Pou mé 67 revendique Vérité et Justice : la reconnaissance de ce crime colonial, l’ouverture des archives, des réparations pour les victimes et leurs familles, la condamnation de l’Etat responsable. 50 ans après, il organise une grande marche le 27 mai 2017 à Paris. Infos sur http://paris-luttes.info