Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


lundi 29 mai 2017

Ci-dessous, l'édito
du PES n° 34
et quelques articles publiés dans ce dernier n°



 Le loufoque Trump recadré ?

On le disait imprévisible, versatile, protectionniste, xénophobe, antimusulman, on ne doute pas qu’il le soit toujours mais il semble sous pression de « l’Etat profond », et tout particulièrement du complexe militaro-industriel (1). Certes, ses rodomontades agacent toujours, comme ses menaces contre la Corée du Nord. Mais les bombardements en Syrie contre l’armée d’Assad ont été applaudis, tout comme l’expérimentation de cette mère des bombes, à 16 millions de dollars, larguée pour pulvériser un réseau de tunnels occupés par les djihadistes de l’OEI en Afghanistan. Quant à ses visites au Moyen-Orient et en Europe, elles confirment à la fois la brutalité du personnage et sa mise sous tutelle.

En Arabie Saoudite, il a confirmé l’alliance stratégique avec les Saoud. Ce pays n’était plus celui qui « asservit les femmes et tue les homosexuels », mais un « royaume magnifique ». 380 milliards de dollars, dont 110 de contrats militaires, et les fastes déployés pour le recevoir, valaient bien revirement. D’ailleurs, le soutien à la guerre meurtrière au Yémen était confirmé. « L’allié russe », lui, est devenu celui avec lequel « nos relations sont au plus bas ». L’axe du mal désormais, c’est l’Iran, qui finance, entraîne les terroristes ! Hégémonique sur l’Irak aujourd’hui, demain sur la Syrie, voire le Liban… Alors, laissons faire nos drones et « nos boys, d’ailleurs ce ne sont pour la plupart que des prolétaires volontaires ». Tel fut le message transmis aux rois du pétrole.

En Palestine, rien de neuf, sinon la confirmation du soutien au sionisme, légitimé. Rien sur la colonisation, les prisonniers politiques palestiniens… L’Etat palestinien, il n’en fut pas question. A Mahmoud Abbas, cette « quantité négligeable », un sermon : « évitez les manifestations violentes » ! Rien, à part beaucoup de mise en scène, y compris devant le mur des lamentations…

En Europe, Bruxelles n’était plus ce « trou à rats », l’OTAN n’était plus « obsolète » et le Brexit plus tout à fait « merveilleux ». Demeuraient en revanche l’unilatéralisme US et ses exigences de partage de la charge de l’OTAN. « 23 pays sur 28 continuent de ne pas payer », ce qu’ils doivent faire, sermonne Trump. Passez à la caisse : 2% de votre PIB. Les diplomates furent choqués par ce langage si peu diplomatique. Tous s’inclinèrent, sauf Merkel : « On ne fera ni plus, ni moins », soit 1.2% du PIB. Et Donald de tempêter « Les Allemands sont mauvais », « faut stopper l’importation de leurs voitures » ! Cette brutalité verbale fut même physique lorsqu’il bouscula le 1er ministre du Monténégro qui, certes, en dollars, ne pèse pas lourd.

Toute cette mise en scène, de Bruxelles à la Sicile… pour si peu. L’accord sur le climat attendra. Faut dire que la lutte des fractions de la classe dominante aux USA n’a pas trouvé de compromis entre les pétroliers, le complexe militaro-industriel, la Silicon Valley et toutes les entreprises qui, en Californie notamment, utilisent la main d’œuvre à bas coût, mexicaine en particulier. Le mur attendra… comme les mesures xénophobes. Le 25 mai, la justice américaine a d’ailleurs confirmé en appel la suspension du décret anti-immigration. Quant aux petits blancs prolétaires de la ceinture de la rouille, ces électeurs de Trump, ils continueront à cauchemarder : la diminution d’impôts pour les riches, c’est pas pour eux, et les emplois promis relèvent du mirage.   

De fait, Trump demeure sous surveillance. Selon Broder, l’ancien conseiller des 3 présidents successifs Nixon, Reagan, Clinton, il serait « rentré dans la zone d’une possible destitution ». Le FBI, la presse… laissent bruire des rumeurs déstabilisantes : l’irascible serait un foldingue livrant des secrets aux Russes… « L’Etat profond » le rappellera-t-il à l’ordre, la majorité républicaine se résoudra-t-elle à le virer ? Rien n’est assuré. Ce qui est sûr, c’est que les temps de crise produisent des énergumènes incontrôlables.

Le 27.05.2017,

(1)   Lire l’édito de Serge Halimi et l’article de Michael T. Klare,  le Monde Diplomatique mai 2017