La 3° Marche des Sans papier.es
méprisée par l’ensemble de la presse
Après plusieurs semaines de marche, les collectifs de sans-papiers
partis de Marseille, Montpellier, Lille, Le Havre, Rennes et Strasbourg ont convergé ce samedi vers la place de la République
à Paris. Malgré l’interdiction de la préfecture de poursuivre jusqu’à la place
de la Concorde pour marcher vers l’Élysée, plusieurs milliers de manifestants
ont défilé en direction de la gare Saint-Lazare.
La date est symbolique : le 17 octobre 1961, environ 200 Algériens
étaient assassinés par la Préfecture de police alors qu’ils manifestaient
contre un couvre-feu imposé aux « français musulmans d’Algérie ».
Le SUB-TP-BAM-CNT (syndicat du BTP de la région parisienne) nous
interpelle par son communiqué, posté sur sa page facebook ce lundi 19 octobre.
Ainsi, des milliers de prolétaires sont « oubliés » par une
« gauche » - en perdition apparente il est vrai. J. C.
Les
noirs fantômes de l’oubli
Au
lendemain de la 3ème marche des Sans-Papièr.es à
Paris, il est des constats difficiles, douloureux, mais nécessaires à faire
:
Tout
le monde (ou à-peu-près), s’en fout.
Des
hommes, des femmes, condamné.es à la
clandestinité, ont traversé la France et piétiné, par milliers, hier dans Paris
…mais,
Personne
ne semble les avoir vu.es !
Aucune
couverture de presse écrite, aucun relai radio, aucune image télévisée.
Pour cela il aurait fallu sûrement des vitrines brisées, des charges de police,
ou peut-être plutôt des entreprises arrêtées, des chantiers déserts, des métros
et des hôpitaux sans nettoyage.
La
France d’hier, semblait vouloir préférer pleurer son professeur assassiné, la
liberté d’expression violée, la République bafouée. C’est du moins ce que
laissaient entendre les médias.
Loin
de nous l’envie ou l’idée de mettre en concurrence ces deux faits. Notre
syndicat, organe collectif de solidarités, se bat pour la liberté contre tous
les obscurantismes, outils de domination.
La France, et souvent trop de français.es,
professent la Liberté, l’Egalité et la Fraternité comme des valeurs
universelles mais ne la pratiquent que dans l’entre-soi. Oubliant facilement
notre devoir de réparation pour nos « quelques moments » de colonisation, on
s’étonne alors que cet humanisme ne soit pas partagé par tous.
Le « eux et nous » redevient de
rigueur,
Cachez ce noir (à coup-sûr musulman) que je ne saurais voir !
Au
moment où Macron dit comprendre la part de notre jeunesse, qui dit la gâcher
avec l’arrêt des concerts et la fermeture des bars, était-il judicieux de «
marcher sur l’Elysée » ?
Ce président, marionnette du Grand Capital, est-il bien l’interlocuteur de
notre colère ?
N’aurait-il mieux pas valu rejoindre la Seine, lieu commémoratif du massacre
d’octobre 1961, pour rappeler aux Français.es que,
60 ans après, nous devons toujours nous interroger sur les questions de
décolonisation ?
Les
temps sont difficiles. Pour les militant.es et
pour les Sand-Papièr.es.
La crise sanitaire, et la crise économique qui l’accompagne, rendent difficiles
les mobilisations pour la régularisation de tous et toutes. Comment lancer, en
effet, un mouvement de grève générale, de cette partie la plus précarisée du
prolétariat, comme ce fut le cas en 2008 ?
• Comment révéler le travail des « soutiers de cuisine » de restaurants
aujourd’hui quasiment à l’arrêt ?
•
Comment arrêter les chantiers, sans inquiéter les collègues fragilisés par le
risque du chômage ?
•
Comment ne pas nettoyer les couloirs des gares ou du métro quand les masques
qui les jonchent font craindre à tous les voyageurs le risque de la
contamination.
En cette période de crise on sait la foule prompte à trouver des
boucs-émissaires, et ce ne peuvent être nos camarades Sans-Papièr.es
Il
nous faut savoir aussi rassembler les militant.es que
la pandémie à éloignés de nos organisations. Si la solidarité doit s’exprimer
c’est bien en ces temps malheureux de crise mondiale.
A
nos organisations le devoir de dépasser la (si facile) signature de
complaisance des nombreux Appels pour reprendre le chemin d’un travail
effectif, fructueux et collaboratif de mobilisation de nos propres
militant.es.
Nos
camarades sont : Sans-papiers, mais aussi pour beaucoup depuis le confinement
Sans- boulot, Sans-revenus, et donc Sans-rien à bouffer !
Notre
solidarité doit alors s’exprimer au-delà d’une manif invisible dans Paris.
Notre syndicat y travaille quotidiennement.
Aidez-le par vos dons, ou de votre
présence dans ses actions !
facebook.com/CNTsub/
CNT
SUB-TP-BAM 33 rue des Vignoles 75020 Paris