Macron cerné
de nuages noirs
(Edito de
PES n° 66)
Dans
l’édito du mois de mai, l’on annonçait, un peu prématurément : « ça va tanguer très fort ». Depuis, les nuages noirs s’accumulent au-dessus
de la tête de Macron.
Il
s’est d’abord réfugié derrière l’homme du terroir Castex, a laissé parler les
experts, s’est placé sur la scène internationale avec forces gesticulations
théâtrales, a conféré à son image sa dimension présidentialiste, frappé les
esprits avec son plan de relance fracassant. Il se croyait à l’abri de
critiques : elles pleuvent. Chez
ses partisans LREM ni (et) de droite, ni (et) de gauche, bref, nulle part,
certains démissionnent, rejoignent des petits satellites concurrents. Tous
s’attendent à de torrentielles défaites après celle des municipales :
sénatoriales, départementales et régionales. Macron prévoit de les mettre tous à l’abri, serrés dans la « Maison commune » avec, pour seule
perspective, après la tornade qui
s’annonce, de jouir de l’éclaircie présidentielle à venir…
Mais
la cacophonie et les couacs sont autant d’éclairs
menaçants, y compris au sein des ministres ; Macron se fâche : « Quand je parle (d’égalité des chances)
je ne veux aucune autre expression » que la mienne. Parler en même
temps du plan hydrogène, d’ensauvagement… ça ne va pas, « les gens ne retiennent rien » !
De même, la concertation entre le couple Préfet-Maire s’est traduite par
l’unilatéralisme de Véran, provoquant le tollé des hôteliers et restaurateurs,
tout particulièrement à Marseille. Le nuage
de fronde sociale s’est ajouté à l’inquiétude d’un embouteillage probable
des hôpitaux, de l’insuffisance de médicaments... Le Covid-19, c’est le vide
de la pensée macronienne, de la « réaction proportionnée ».
Les
nuages les plus menaçants sont à
venir : au cours du 1er semestre 2019, 750 000 emplois ont
été détruits, au bas mot on s’achemine vers le million. En 2021, les « défaillances » d’entreprises vont
s’accélérer dans certains secteurs. Le plan de relance risque de favoriser les
délocalisations par effet d’aubaine. Auchan
après avoir supprimé 500 emplois en annonce à nouveau 1 745. Bridgestone 863, General Electric 764, les laboratoires Boiron 646… et ce sans compter les disparitions d’entreprises liées
au tourisme, à l’événementiel.
Un
récent sondage alerte que 60 % de Français réprouvent la mondialisation, 78 %
pronostiquent le déclin de la France ; une étude dénombre 9,2 millions de
pauvres (moins de 1063€/mois) soit près de 15 % de plus qu’en 2018. La bourrasque sociale pourrait frapper
très fort lorsque la peur du virus, voire des attentats, reculera car les
parapluies brandis pour relocaliser les entreprises, apparaîtront percés de
toutes parts : « On n’a pas de prise
sur elles », les entreprises obéissent à la loi de la concurrence, à
la recherche de la main d’œuvre à bas coût, et en période de
« surcapacités », la concentration capitaliste est la règle.
On
annonce déjà que les grands groupes ont mis sur la table 63,2 milliards pour
des opérations de fusions-acquisitions : Bombardier le canadien s’apprête à absorber ce qui reste d’Alstom, LVMH s’en prend à l’américain Tiffany,
Véolia à Suez, Essilor au
néerlandais Grand Vision, Lactalis à Kraft le fromager US, pour 3.2
milliards. Les « valeurs » technologiques s’emballent en Bourse quand
d’autres secteurs sont malmenés.
Les
coups de tonnerre à venir
n’arrangeront rien : le procès prochain de BNP Paribas pour complicité de crimes contre l’Humanité. Cette
banque a financé le régime d’Omar El Bachir à hauteur de 5,5 milliards d’euros.
Elle a dû déjà verser 8,9 milliards au Trésor US pour éviter un procès mais ne
semble pas pouvoir l’éviter en France.
On
apprend, par ailleurs, à l’heure de la crise climatique, que les 1 % les plus
riches émettent deux fois plus de gaz à effet de serre que la moitié des plus
pauvres.
Malgré
ses gesticulations sur les scènes internationales, ses interventions sur le
théâtre français, le petit homme risque d’être bien rincé.
GD
le 27.09.2020