Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 29 mars 2022

 

Con…figurations électorales

 

(Editorial du n° 81 de PES)

 

Que peut-on espérer des élections présidentielles et des législatives qui suivront ? Dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine où les citoyens déjà désarmés sont sidérés, pressentant les vents mauvais à venir, les illusions proférées ne sont guère de mise. Et pourtant Macron s’époumone à appeler Poutine à la désescalade et semble croire à la reconduction de son mandat sans débat. Nombreux sont ceux qui subodorent que les jeux sont faits, que la partie est truquée. Dans ce théâtre d’ombres où les petits candidats sont appelés à faire de la figuration pour donner une onction démocratique à la façade républicaine, les spectateurs risquent de ne pas servir la claque. Ils peuvent même troubler la scène. Ainsi peut-on penser qu’au moins trois scénarios sont susceptibles d’égarer les metteurs en scène qui tiennent plus ou moins bien la laisse des acteurs en présence. 

 

Premier scénario. Macron l’emporte au 2ème tour quel que soit son opposant. C’est la conclusion espérée par le CAC 40 et la médiacratie qui agite le landernau. Ils risquent néanmoins de déchanter au vu du nombre d’abstentionnistes. De légale cette élection suprême s’avèrerait illégitime. Surtout si les législatives qui suivent ne confortent pas le petit Bonaparte. Dans cette attente douloureuse, ils sont d’ailleurs fébriles, envisageant même, selon la rumeur, d’avancer le scrutin des législatives pour échapper à cette désagréable réalité. D’autant que leur champion n’a pas ménagé la cohorte des enseignants, les considérant comme des fainéants qui doivent travailler plus, remplacer les absents pour gagner plus et être managés par leur Dirlo tout puissant. Il compte néanmoins que l’épouvantail Le Pen ou leur aigreur vis-à-vis de Mélenchon les rendra raisonnables. En tout état de cause, le futur Parlement croupion risque d’être plus agité, plus rétif que la majorité actuelle des beaufs macroniens. Restera à leur faire avaler la pilule d’un programme néolibéral renforcé, à coup d’ordonnances, de 49-3 et de faire goûter aux irréductibles manifestants le poids de la matraque et l’air irrespirable des gaz lacrymogènes. Dans cette ambiance, le sel de la division raciale est susceptible d’éclaircir les rangs des réfractaires en engageant nombre d’entre eux dans des pugilats inopérants.

 

Deuxième scénario, plus improbable. Le Pen l’emporte. Les antifascistes seront dans la rue à coup sûr. Pour quel effet réel ? Aux législatives, la Marine recentrée risque de ne pas avoir de majorité. La cohabitation entre la droite extrême et l’extrême droite serait ainsi ouverte pour le pire. On nous servira que la France de Jeanne d’Arc ne peut accueillir toute la misère du monde comme le prônait Rocard en son temps. Qui plus est, le bal serait ouvert aux racistes de tous poils. Chaos, répression et mise au pas de l’appareil judiciaire et médiatique seraient à la noce comme chez Orban le Hongrois.

 

Troisième scénario. Mélenchon l’emporte. Le bloc bourgeois hurle, les médias s’hystérisent. Les législatives qui suivent pourraient fournir nombre de dépités rageurs. La cohabitation avec des socialos ralliés ouvrirait la voie à des accommodements avec le programme de l’avenir qui n’aurait plus rien de commun. Se pourrait-il, dans la meilleure des hypothèses, que surgisse un appel d’air à la mobilisation populaire ? La dissolution possible de l’assemblée législative, la convocation d’une assemblée constituante, provoqueraient certainement entre tous les déçus d’avoir perdu leurs maroquins, des rixes mémorables. L’on voit poindre déjà chez les partisans d’Hidalgo et de Jadot des rancoeurs tenaces contre les mélenchonistes qui risquent de leur ravir leurs sièges. Enthousiastes, les citoyens le seraient-ils pour modeler la 6ème République comme du temps de la mobilisation contre le Traité Constitutionnel Européen ? Pas du tout certain… Et quelle pourrait-être la réaction de la police gangrenée par des éléments d’extrême droite, de l’armée de métier, toutes deux acquises à l’ordre républicain d’un exécutif fort par temps troublé ? Tout cela sans compter avec les intrusions, manipulations des Etats-Unis, de l’Union Européenne et de la Banque centrale européenne.

 

Pour faire bonne mesure, il faut se préparer au pire, tout en sachant, avec plus ou moins de certitude, que le règne des fondés de pouvoir du capital sera certainement troublé dans la séquence à venir surtout si la contestation sociale s’étend dans d’autres pays et pas seulement en Europe. Le retour de la lutte des classes signifierait peut-être que l’heure des compromis sociaux deviendrait l’agenda obligé des classes dominantes pour se maintenir. Reste, dans cette optique, à faire converger les luttes qu’elles soient sociales et écologiques, pour produire un nouveau mode de pensée dominante, une nouvelle hégémonie. Or, pour réaliser cette tâche, le manque de militants chevronnés nuira à cette perspective. Les manifestants de tous ordres, tout en chantant « Il n’y a pas de sauveur suprême, sauvons-nous nous-mêmes », les citoyens déboussolés, les classes moyennes affolées, peuvent comme de coutume, dans ce système représentatif, déléguer leur pouvoir à un homme (ou une femme), fort(e), susceptible de ramener l’ordre. La crédibilité de cette hypothèse repose à la fois sur la défiance des classes populaires pour les appareils des partis, l’absence de démocratie en leur sein, l’atomisation de la société et l’absence de toute culture d’émancipation réelle. En l’espèce, en effet, c’est du changement de rapports sociaux dont il s’agit. Au demeurant, des surprises positives peuvent surgir. Vis-à-vis de l’institué, des volontés instituantes peuvent naître alors même que l’on ne les attendait pas. On l’a vu avec les LIP : on produit, on vend, on se paie et on décide en commun. Et plus récemment on a repéré ces Assemblées des Assemblées des Gilets Jaunes qui ont su produire des revendications de justice sociale et écologique peu compatibles avec l’ordre existant. Il n’en demeure pas moins que ce chemin est escarpé et semé d’embuches quelle que soit la configuration politique qui sortira des urnes.

 

GD le 24.03.2022

 

 

Poème de Pedro

 

vous fûtes

vous êtes

et pour toujours

vous resterez

des assassins

des assassins au doux sourire

aux mains gantées en hiver

suavement nues en été

des assassins aux bonnes manières

courtois quand il vous le faut

mais quand cela vous arrange

brutaux

des assassins confits dans les principes

quand les principes vous conviennent

dépourvus de tout scrupule

quand les scrupules vous gênent

et vous empêchent d’aller à la pêche

aux recettes

vous êtes des assassins

vous sous-traitez vos forfaits

vous posez en sages dévots

vous prosternant sans cesse

devant l’autel du profit

vous êtes des assassins

socialisant vos pertes

privatisant les gains d’autrui

vous êtes des assassins

pleins de pragmatisme

 

Pedro Vianna

En toute nudité

livre LVII tâtonnements

http://poesiepourtous.free.fr

 

 

 

Conséquences de la guerre en Ukraine

 

Dans le numéro précédent de PES, la situation de l’Ukraine était évoquée, c’était juste avant l’invasion poutinienne. Le despote russe présente cette réalité meurtrière comme une simple « opération spéciale » destinée à réduire le « terrorisme nazi ». Il vise, de fait, à favoriser ainsi un changement de régime afin de neutraliser ce pays et de réduire toute velléité d’adhésion à l’Union Européenne et à l’OTAN. C’est une entreprise criminelle contre le peuple ukrainien.  

 

Les bombardements des villes et leur encerclement n’ont pas produit, jusqu’ici, l’effet escompté. La «promenade militaire » s’enlise, l’armée ukrainienne ne s’est pas (encore ! effondrée, la résistance nationale n’est pas contestable. Face à la réalité de l’agression, les russophones eux-mêmes, répudient toute russophilie.

 

Va-t-on assister à l’occupation totale ou partielle de ce pays ? Poutine peut-il faire flancher Zelensky et se contenter d’occuper un bout de territoire allant de la frontière biélorusse jusqu’à la mer Noire et Sébastopol ? Ce qui semble certain, c’est que le despote ne veut pas perdre la face, il en va de la pérennité de son pouvoir. D’ailleurs, face à la menace de livraisons d’armes par les pays occidentaux à l’Ukraine, il n’a pas hésité à brandir le recours aux bombes atomiques… Bluff ? Pas sûr, le tabou de l’équilibre de la terreur nucléaire serait-il brisé ? De fait, les USA, l’OTAN, refusent de s’engager dans ce qui serait susceptible d’enclencher une 3ème guerre (mondiale ?) sur le sol européen. Poutine et sa clique peuvent-ils résister aux pressions occidentales ? Les peuples subiront ils sans broncher les conséquences économiques et sociales qui risquent de les affecter ?   

 

Affaiblir, isoler la Russie ?

 

Les sanctions économiques et financières édictées par les pays occidentaux sont motivées par la volonté de déstabiliser le pouvoir russe. Sont visés les oligarques qui le soutiennent. Au-delà des effets de manche, leur efficacité est pour le moins aléatoire. Il s’agit de geler les avoirs de ces kleptocrates et non de procéder à des expropriations, des saisies immobilières et financières. Donc, ils en resteront propriétaires et en retrouveront l’usage… dès la fin du conflit ! Leurs fortunes sont le plus souvent dissimulées dans l’opacité des paradis fiscaux qu’il n’est guère question de mettre en cause. D’ailleurs, nombre d’entre eux, dès l’annonce de ces mesures, ont pris le large avec femmes, enfants, serviteurs, pour être accueillis à bras ouvert dans des hôtels et palaces de luxe aux Emirats Arabes Unis. Assurés que leur portefeuille bien garni sera ainsi à l’abri, ils ont l’intention de laisser passer l’orage  censé les menacer.

 

S’en prendre à l’économie russe, c’est en outre, dans le système d’interdépendance instauré par la mondialisation capitaliste, se tirer une balle dans le pied. On ne sort pas aisément des relations commerciales avec la Russie en matière de livraison de gaz et de pétrole, voire de blé et de maïs avec l’Ukraine en guerre. Importer du gaz liquéfié des USA (gaz de schiste), de la Norvège, de l’Algérie, des pays du Golfe ? Les coûts de transport et de regazéification font tiquer, d’autant qu’il faudrait construire des usines dont on ne dispose pas ou si peu. Les pays de l’OPEP, dont la Russie, ont déjà fait savoir qu’ils n’entendent pas baisser le prix de ces énergies qui s’envole. Quant aux autres pays, ils sont pratiquement à saturation de ce qu’ils peuvent livrer. Déjà des voix se font entendre pour relancer la production de charbon et les centrales destinées à produire de l’électricité. De même, les promoteurs du nucléaire « civil » se réjouissent. Quant à l’agrobusiness, il prétend que la souveraineté alimentaire passe par le productivisme, le recours aux engrais, aux pesticides. En France, la FNSEA déploie en ce sens un intense lobby. 

 

Dans ces conditions, une révolution de palais à l’intérieur du Kremlin est-elle envisageable ? Pour l’heure, rien ne l’indique.

 

Les peuples trinquent

 

Outre les destructions, les tueries, la misère, qui vont affecter les Ukrainiens, leur exil (bientôt 3 millions), les peuples du monde vont ressentir les désordres occasionnés par l’invasion russe.

 

En Europe, pour le plus grand profit des marchands de mort, les dépenses militaires sont déjà en augmentation. L’OTAN, en voie de « mort cérébrale » selon Macron, connaît une nouvelle jeunesse. L’Union Européenne divisée est ressoudée, quoique toujours plus dépendante des Etats-Unis. Le néolibéralisme risque d’en être revigoré. Ne faut-il pas encore plus de « rigueur » budgétaire pour les classes populaires qui coûtent un « pognon de dingue »,  baisser le « coût » du travail pour sortir vainqueurs de la compétitivité, privatiser encore plus afin que l’oligarchie capitaliste trouve de nouveaux relais de croissance ? Bref, la voie semble tracée pour des régressions sociales plus prononcées que celles que nous avons connues jusqu’ici.

 

Toutefois, rien n’est vraiment simple pour la classe dominante ; la baisse du prix de l’énergie, des matières premières, va provoquer l’inflation, des revendications salariales plus offensives qu’il va falloir juguler, réprimer. Contenir la spirale inflationniste conduit inéluctablement à la hausse du loyer de l’argent. La FED et la BCE s’entendent déjà pour remonter le taux d’intérêt, les banques suivront. Les bancocrates se doivent d’agir avec doigté pour éviter une récession, voire une crise financière d’ampleur d’autant qu’ils ont tellement injecté de liquidités que celles-ci sont de plus en plus réticentes à les diriger vers la production, préférant, en effet, recourir à la spéculation.

 

Ce sont surtout les pays du Sud qui vont connaître le pire : augmentation des prix, pénuries de blé (Liban, Egypte, Soudan…), famines. Une nouvelle vague de révoltes et de migrations est d’ores et déjà à l’ordre du jour : l’ONU, la FAO et même le FMI et la Banque mondiale s’en inquiètent pour des raisons d’ailleurs opposées. Les uns se soucient du sort des pauvres, les autres du sort des potentats et autres cerbères africains… L’Asie, la Chine seraient-elles relativement épargnées par ce bouleversement. Rien n’est moins sûr, à moins qu’un improbable compromis soit conclu.

 

Ce qui s’amorce plutôt c’est un processus de renforcement des instruments de répression contre les peuples et le déploiement de tous les moyens pour les diviser. « L’afflux » actuel et à venir des migrants, de ces populations fuyant la guerre, la misère et le désordre climatique seront l’occasion de susciter le racisme, de faire le tri entre les « acceptables » et les « inacceptables » et de décider de mesures coercitives renforcées. Comment s’y opposer ?  

 

Solidarité et internationalisme

 

S’il est indéniable qu’il faille condamner l’agression russe et ses conséquences désastreuses, cela ne peut suffire. D’ailleurs, les manifestations anti-guerre exhortant au retrait de troupes russes, ne sont guère massives et pas seulement en France. Il semble que prévale l’idée que le camp du « Bien » de la diplomatie occidentale soit le moindre mal. Ce « campisme » est de mauvaise augure pour l’indispensable émergence d’un mouvement anti-guerre, voire anti-impérialiste, qui exigerait le désarmement multilatéral, la réforme de l’ONU, et mettrait en cause ainsi le système capitaliste. Et pourtant, la vérité est aveuglante : le « doux commerce », « la mondialisation heureuse » sont de macabres illusions. La logique capitaliste est celle de la concurrence, de l’exploitation qui conduit à l’affrontement d’élites dominantes, à la conquête des marchés sur les rivaux, à l’assujettissement de territoires, à leur conquête et à la guerre. D’ailleurs, la course aux armements, les ventes d’armes de destruction massive sont un business lucratif qui prépare à cette dernière extrémité. Certes, l’interdépendance des nations complique la situation pour… mieux la remodeler.

 

Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, celle de la confrontation de blocs de puissances qui ont émergé avec le déclin relatif de l’impérialisme US. Ils sont d’ailleurs de plus en plus agressifs et prêts à tous les retournements d’alliance : USA, Chine, Russie, Iran, Turquie, Inde... Qui plus est, dans la dernière période, on a vu apparaître des dirigeants assoiffés de puissance, multipliant les guerres (Irak, Afghanistan, Syrie, Géorgie, Ukraine) et imposant avec arrogance leur mépris pour leur propre peuple. Et ils sont légion, ils ne se limitent pas aux figures des Trump, Poutine, Bolsonaro, Modi…

 

En revanche, ce qui apparaît le plus certain, dans la séquence qui s’ouvre, c’est le retour de la lutte des peuples. Déjà en Espagne, la mobilisation contre l’augmentation des prix prend corps. Un mouvement pour bloquer les prix des produits de première nécessité peut-il être lancé ? Toutefois, s’il reste encadré dans des revendications économiques, voire corporatistes, s’il ne met pas en cause le pouvoir et le régime capitaliste lui-même, il s’essoufflera ou sera réprimé. D’ailleurs, les forces de transformation sociale sont pour l’heure presque insignifiantes, elles ne peuvent guère politiser un tel mouvement. Engoncées soit dans leurs querelles de chapelle soit dans une vision électoraliste, elles ne sont que les témoins d’un monde qui ne parvient pas à naître. Pourtant, la remise en cause des privatisations, l’aspiration aux communs, désignent en creux que la propriété commune s’oppose à la propriété privée des moyens de production et d’échange, la financiarisation débridée appelle à la socialisation des banques, la dépendance suggère l’indépendance, le souverainisme industriel et alimentaire, l’entraide et la coopération entre les peuples plutôt que leur affrontement concurrentiel.

 

Gérad Deneux, le 24.03.2022

 

 

Jérôme - Je partage avec vous cette vidéo que j'ai trouvée très bien faite sur les
impérialismes qui conduisent à la guerre :



https://www.youtube.com/watch?v=8lLdAsYRpr0

 

 

Nous avons lu

 

La grande braderie de l’Est

 

Pour plus de reculs par rapport aux bouleversements provoqués par l’agression russe en Ukraine, il est peut-être temps de (re)lire cet ouvrage paru en 2005. Les historiens dressent le constat des évènements qui se sont enchaînés après le démantèlement du mur de Belin et l’implosion de l’URSS. Si les idéologues nous ont vendu un avenir radieux, marqué par la prospérité, la paix, la démocratie, la réalité fut tout autre. La vague de privatisations vit émerger un capitalisme sauvage, liquidant les prestations sociales, culturelles, des services publics. Ce fut le hold-up du siècle, la corruption et le règne des escroqueries de toutes natures pour s’emparer des biens publics et nationaux ainsi que l’apparition d’une caste kleptocrate. Dans le même temps, on a assisté à l’intrusion, dans les pays de l’Est européen, des multinationales occidentales avides de conquêtes de nouveaux marchés et attirés par une main d’œuvre à bas coût. Résultat : ces pays virent une partie de leur jeunesse migrer vers l’ouest, leurs populations se réduire, les nationalismes resurgir, les idéologies réactionnaires refleurir et de nouveaux despotes, tel Orban en Hongrie, s’installer durablement à la tête des Etats. Les auteurs signalent d’ailleurs que la nomenklatura évincée (et/ou) reconvertie disposait de privilèges médiocres si on les compare aux oligarques et chefs des réseaux maffieux qui ont prospéré et qu’il est bien difficile de juguler.

Cet essai historique balayant différents pays de l’Est, y compris ceux issus de la guerre de l’OTAN contre l’ex-Yougoslavie, renvoie, sans la traiter, à la situation de la Russie poutinienne, au rêve tyrannique de reconstituer l’empire territorial de la Russie tsariste. L’histoire qui s’est déroulée des années 1990 à aujourd’hui n’est pas celle diffusée par la bien-pensance, elle est bien plus tragique. GD.

Sous la direction de Claude Karnooh et Bruno Drweski, Le temps des cerises, 2005, 18€

 

Ombre invaincue.

La survie de la collaboration dans la France de l’après-guerre (1944-1954)

 

L’auteur, historien, nous plonge dans les méandres de récits méconnus : ceux des réseaux fascistes et collaborationnistes, issus du régime de Vichy. Les partisans français du fascisme et du nazisme ont déployé toute une ingénierie sociale pour échapper aux tribunaux et négocier leur réapparition publique. Ils se sont appuyés sur des réseaux anticommunistes durant la guerre froide, se sont impliqués dans des structures favorisant la construction européenne puis, dans les années 1950, redressant la tête, ont réorganisé l’extrême-droite. Dans cette histoire troublante faite de complicités et de compromissions, on croise nombre de personnages connus, tels Mitterrand et Le Pen. Toutefois, ce qui est plus troublant c’est la réintroduction des idées pernicieuses que l’on pensait récusées. Elles sont désormais installées dans de nombreuses sphères du pouvoir. C’est à travers l’évolution de 13 mouvances décrites que s’ordonnent la survie et la réapparition de troubles personnages : le Parti Populaire Français de l’ex-communiste Jacques Doriot, le Rassemblement National Populaire de Marcel Déat, les Cagoulards d’Eugène Deloncle, les miliciens de Joseph Darnand. Si ces tristes sires ont disparu, les réseaux reconstitués furent actifs pour écrire une histoire largement méconnue, passée, et toujours bien présente que l’on ne peut réduire aux épouvantails Le Pen ou Zemmour. L’héritage de Vichy est bien partagé. GD

Christophe Bourseiller, ed. Perrin, 2021, 23€   

 

 

1962. Algérie indépendante

A l’occasion du 60ème anniversaire des accords d’Evian, mettant fin à la guerre d’Algérie, ce que l’on appelait alors les « évènements de pacification contre les terroristes », nous publions ci-après des extraits d’articles d’André Loez et de Dalila Kerchouche. Ils démontrent que les exactions, tortures, regroupements dans des camps, par l’intervention armée de conscrits, étaient la règle pour conserver, coûte que coûte, l’empire colonial français, en particulier cette Algérie qui n’était pas française. La guerre frappe toujours les populations les plus fragiles. Le CR.

 

 « Une violence omniprésente dans les derniers mois du conflit, dont on sait combien, jusqu’à aujourd’hui, elle irrigue des mémoires endolories et opposées : attentats de l’Organisation Armée Secrète (OAS) visant à empêcher l’indépendance ; assassinats par des Algériens de harkis accusés de « trahison » ; combats fratricides au sein du mouvement national algérien entre membres du Front de Libération Nationale (FLN) triomphant et derniers fidèles de Messali Hadj (1898-1974), l’opposant vaincu ; effondrement du monde des Français d’Algérie, soumis aux attentats du FLN, puis contraints au départ dans l’angoisse et le dénuement » (…)

La fin de la guerre, ce sont « les prisonniers libérés et d’innombrables « disparus » à rechercher. C’est surtout un immense bouleversement spatial : la fin de la ségrégation urbaine entre quartiers « musulmans » et « européens » (…)

C’est la fin « des camps de regroupements » dans lesquels l’armée française avait fini par placer plus de deux millions de ruraux algériens (…). Cette réalité énorme, stupéfiante, le déplacement forcé de près d’un quart de la population colonisée, ne figure pas dans les représentations communes. Elle reste paradoxalement moins visible ou moins connue que des faits comme la bataille d’Alger (…). Elle visait à affaiblir les combattants nationalistes, en les privant du soutien de la population rurale où ils se mouvaient « comme un poisson dans l’eau » (…).

« En obligeant les villageois à quitter leurs hameaux, avec force exactions et incendies de greniers, l’armée les ralliait encore plus sûrement à la cause de l’indépendance. Et en les déracinant de leurs terroirs, en les coupant de leurs troupeaux, sans budgets suffisants pour le volet économique et social de leur « regroupement », elle accélérait la précarisation et la prolétarisation de communautés entières. Elles connurent la sous-nutrition et la surmortalité aggravées par des conditions de vie parfois carcérales. Le projet démiurgique du maintien de l’ordre par la transformation autoritaire des campagnes révélait de façon plus cinglante encore les contradictions insolubles de la colonisation. (…)

Sortis des camps en 1962, bien des ruraux affluèrent dans des bidonvilles. Ce fut le dernier legs de l’Etat colonial ».  

André Loez (journaliste)

 

« Le CARA de Bias, un « centre d’accueil des rapatriés d’Algérie » situé près de Villeneuve-sur-Lot regroupa les harkis et leurs familles » (…) Les enfants internés dans ce camp « n’ont eu, pour seul horizon, qu’un grillage de deux mètres de haut surmonté d’un renvoi de barbelés. De 1962 à 1975, ils ont grandi dans cette ancienne prison d’Aquitaine, transformée en camp d’internement, une de ces zones de non-droite où la République a relégué leurs pères (…). Le camp de Bias a ouvert ses portes en janvier 1963. Des centaines d’enfants grelottent dans un océan de boue froide et collante (…) Le camp de Bias est le pire de tous car le plus répressif. C’est là que le ministère des rapatriés envoie leurs pères, blessés de guerre, inaptes au travail et considérés comme des « déchets », un « résidu qui ne disparaîtra qu’après extinction ».

« A l’entrée se dresse un haut portail aveugle cadenassé et surveillé par un gardien. Le camp est organisé pour que les familles sortent le moins possible. Seize fonctionnaires contrôlent leurs vies et organisent la spoliation de leurs ressources. Avec près de 800 mineurs sur 1 300 habitants, le camp compte une majorité d’enfants. Insalubrité, enfermement, violences,  couvre-feu, abus de pouvoir, brimades… La vie de ces jeunes est carcérale. (…) Sur l’esplanade herbeuse, ils dribblent pour échapper à la folie postcoloniale française qui dresse des barrières infranchissables autour d’eux (barbelés, ségrégation, échec scolaire, ostracisme, opprobre social… Ils marquent des buts pour échapper à cette violence d’Etat qui les marginalise pour les faire taire, qui nie leur existence pour les effacer de l’histoire officielle ».

Dalila Kerchouche. Journaliste et autrice, née en 1973 dans le camp de Bias. Elle évoque cette jeunesse française brisée et prisonnière des névroses de la guerre d’Algérie.

 

Pour en savoir plus, lire :

Algérie 1962. Une histoire populaire de Malika Rahal, la Découverte, 25€

Les camps de regroupement en Algérie. Une histoire des déplacements forcés de Fabien Sacriste, Presse Sciences Po, 24€

 

 

 

 

 

Accaparement de l’eau.

Arrêt immédiat des “méga-bassines”

 

Depuis une quinzaine d’années, la gestion de l’eau est source de tensions (barrages de Sivens, « lac » de Caussade…). Les projets de « bassines », réserves d’eau géantes (sur 15 hectares) se multiplient dans différentes régions, en particulier dans l’ouest. En plein marais poitevin – 2ème plus grande zone humide de France -  des coopératives agro-industrielles tentent de faire main basse sur l’eau : plus d’une dizaine de « méga-bassines » sont en projet. Ces ouvrages de stockage hydraulique massif ont pour but de maintenir coûte que coûte l’irrigation intensive de monocultures destinées, pour l’essentiel, à alimenter la spéculation sur les marchés internationaux et les usines de méthanisation. Financées avec de l’argent public, les méga-bassines sont la solution catastrophique soutenue par Macron et son gouvernement pour sauver un mode de production agricole destructeur, dopé aux pesticides, face au changement climatique et ses sécheresses. Malgré les alertes, les travaux ont commencé l’automne dernier au sud du marais poitevin. La résistance s’est organisée au-delà du territoire des Deux Sèvres et dénonce la collusion entre les agro-industriels, la FNSEA et le gouvernement. Les « méga-bassines » ne tiennent désormais plus qu’au nombre de gendarmes employés à les défendre. Du 25 au 27 mars, des milliers de manifestants ont convergé, dans le marais poitevin, à l’appel de la Confédération paysanne et des Soulèvements de la Terre, notamment. Il s’agit, à la veille des échéances électorales d’exiger l’arrêt des travaux, la mise en place d’un moratoire et la remise au cœur du débat public de la question des usages de l’eau et des pratiques agricoles.

https://mega-bassines.agirpourlenvironnement.org/  ou http://www.confederationpaysanne.fr  

 

Macron, 5 ans c’est beaucoup trop ! 

 

Le CDD de Macron ne doit pas être renouvelé au vu de son bilan et de son projet. Cet homme du système sait tenir ses promesses à ceux qui « tiennent la laisse ». Médaille d’or dans la discipline « moins d’impôts pour les riches ». Champion de  flashball et LBD, mutilant, éborgnant les Gilets Jaunes. Médaillé dans l’art d’user et de saturer les chaînes d’informations, distillant peur et mensonges pour mieux nous « enfermer ». Démocrate de façade, multipliant les comités Théodule et grands débats qu’il n’écoute pas. Arrogant, méprisant les classes populaires. Carriériste, entouré de ses conseillers, il ignore le Parlement. Et, apothéose, le voilà Président du conseil de l’UE, s’instituant faiseur de paix et médiateur auprès de Poutine. Un président, ça se permet tout. Nous illustrons ce palmarès en mettant le doigt où ça fait mal et ce faisant, l’on ne risque pas d’oublier ce que fut ce mandat Macron. Qu’en retiendra-t-on ?         

 

Macron n’aime que les riches

 

Ses cadeaux fiscaux aux plus riches représentent 60 milliards€/an. A peine installé à l’Elysée, il supprime l’ISF en 2018, et le remplace par l’impôt sur les fortunes immobilières (IFI) (il en exclut le capital financier). L’IFI rapporte trois fois moins que l’ISF et cette réforme coûte 3.32 milliards € aux finances publiques. Mais il faut encore alléger l’impôt sur les riches : il instaure la flat-tax, prélèvement unique forfaitaire de 30 % sur les revenus des capitaux mobiliers (dividendes, intérêts, plus-value), incluant les prélèvements sociaux et l’impôt sur le revenu (ils pouvaient, jusqu’alors, être imposés jusqu’à 45 %) : ça coûte 1.3 milliard. Il baisse l’impôt des sociétés : de 33 % à 25 % en 2022, soit 2.8 milliards en moins pour les finances de l’Etat.

 

Ces allègements, contrairement à ce qu’il a annoncé, ne « ruissellent » pas dans l’économie, car les entreprises privilégient la distribution des dividendes au détriment de l’augmentation des salaires.

 

Une 2ème vague suit, après le premier confinement covid. 20 milliards (2021-2022) profitent à 600 000 entreprises, les plus grosses étant les mieux servies : diminution de 50 % de certains impôts locaux (cotisation sur la valeur ajoutée, cotisation foncière, taxe foncière sur les propriétés bâties). Cette réforme s’ajoute au CICE – crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (créé en 2013 par Hollande), supprimé au 1.01.2019 par Macron et remplacé par un allègement des cotisations patronales (environ 20 milliards/an).

 

On assiste à un raz-de-marée vers le  haut. Macron l’avoue, après 12 mois de crise sanitaire : « je suis plus sensible à d’autres choses que je ne l’étais avant… ». Les milliardaires français l’ont compris, leur fortune a augmenté de 68 %, soit 300 milliards €. Macron n’imagina pas, toutefois, un impôt spécial sur les « profiteurs » de la crise. Son émoi avait disparu quand il s’est agi d’annoncer « en même temps » la suppression de l’ISF, la baisse des APL et la hausse de la CSG pour les retraités.

 

Cette politique en faveur des plus fortunés et des plus grandes entreprises n’a pas eu d’effets immédiats sur les revenus des plus pauvres mais elle a affaibli la fonction redistributive de l’impôt, accélérant le démantèlement des services publics, fragilisant le financement de la protection sociale et réduisant les prestations aux plus modestes. Aujourd’hui, les effets de la crise sanitaire et le ralentissement de la production vont se cumuler avec  les conséquences de la guerre en Ukraine, accentuant encore l’écart entre riches et pauvres (encart 1 et 2).

 

Et ça va continuer. Dans son programme 2022-27, Macron promet de poursuivre les baisses d’impôts à hauteur de 15 milliards/an, dont la moitié pour les entreprises qui verraient une nouvelle réduction d’impôts de production, notamment la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, représentant 7 milliards €. 

 

Pour aider les riches Macron prend aux pauvres

 

Quelques exemples pour illustrer le mépris de Macron vis-à-vis des classes populaires et des plus précaires. Pour lui, « ces gens-là » ne comptent pas. Les politiques sociales et de redistribution n’ont pas lieu d’être. Il faut exiger des contreparties car c’est un « pognon de dingue » qui est distribué. Il faut remettre les gens au travail et les faire bosser le plus longtemps possible. Pour l’avenir, il annonce deux chantiers la Santé et l’éducation sans toutefois être très précis.

 

Le système de santé publique est déjà bien mal en point. Certes cela n’a pas commencé avec Macron mais celui-ci est resté totalement sourd en janvier 2018 lorsque les personnels des Ehpad se sont mis en grève dénonçant leurs conditions de travail intenables, puis lorsque ceux des hôpitaux psychiatriques, à Rouen, ont entamé une grève de la faim et lorsque ceux des services d’urgences se sont aussi mis en grève face à l’engorgement dû à la fermeture des autres services ou le manque de médecins de ville. « Glorifiés » au moment du covid les personnels n’ont guère apprécié l’aumône de 183€/mois de revalorisation des rémunérations pour les infirmières et aides-soignantes. Ils demandaient autre chose, à savoir le recrutement massif de personnels et la remise en cause du système de santé actuel, reposant sur la rentabilité des établissements par la tarification à l’acte (T2A). Les résultats sont catastrophiques : entre 2003 et 2017 plus de 69 000 places d’hospitalisation à temps complet ont disparu ; fin 2016, la France comptait plus de 404 000 lits d’hospitalisation à temps complet, fin 2020, 386 835 : plus de 17 000 lits rayés en 4 ans et 5 700 lits disparus en 2020, en pleine pandémie. 34 établissements de santé publics ont été fermés en moins de 5 ans. Le plan Ségur de Véran n’a servi à rien. Les hôpitaux peinent de plus en plus à recruter et à garder leurs personnels. Macron promet pour demain de recruter 50 000 infirmiers et aides-soignants dans les EHPAD… paroles de campagne…

 

Il a appauvri les plus précaires. Les mesures en matière de logement en sont une illustration. Les 1 % des plus pauvres ont subi la suppression de 5€ d’APL et l’APL accession, ainsi que la désindexation des loyers… Selon la fondation Abbé-Pierre, ce sont plus de 10 milliards € qui auront été économisés sur les APL entre 2017 et 2021. Les étudiants qui avaient subi le gel ou la suppression de leurs bourses, comme l’aide à la recherche d’un premier emploi, permettant à 120 000 jeunes boursiers de voir leur aide pour les études maintenue pendant 4 mois après la fin de leur cursus, ont été très pénalisés. En 2019, on compte 500 000 étudiants pauvres. 20 % vivent sous le seuil de pauvreté.

 

Il a durci, dans le cadre de sa « réforme » de l’assurance-chômage, les règles d’indemnisation des privés d’emploi car « Il faut qu’on s’assure que le demandeur d’emploi n’est pas un multirécidiviste du refus ». Un million de chômeurs en 2022 verront leurs allocations baisser de 17 % (en moyenne de 250€/mois). Cela représente une « économie » de quelque 2.3 milliards /an.

 

Il a économisé sur les personnes handicapées : 730 millions. Comment ? En prenant en compte dans le calcul de l’Allocation Adulte handicapé (900€/mois) les ressources du conjoint. En 2018, ils s’étaient déjà vu interdits de cumuler la pension d’invalidité et la prime d’activité !

Economie encore de 4 milliards € en supprimant les contrats aidés (320 000 emplois en 2017).

 

Mais, Macron a beau fanfaronner, sa « start-up Nation » a créé moins d’emplois que les autres pays européens (+ 2.2 % entre 2017 et 2021). La création d’emplois salariés n’est que de 1.5 % alors qu’elle est championne des hausses d’emplois  non-salariés (+ 7.3 %) : plus de 2 millions  (dont une grande partie a déjà disparu) sont des travailleurs indépendants (livreurs ou baby-sitters), des micro-entrepreneurs. Une grande proportion (1.3 million en 2019) a un revenu moyen mensuel de 590€ et un tiers sont des jeunes.

 

Et ça va continuer. Macron l’annonce « les Français doivent travailler plus pour gagner plus ! La retraite à 65 ans, une « meilleure » rémunération des enseignants qui accepteront des nouvelles missions (comme le remplacement des professeurs absents), « inciter » fortement les bénéficiaires de l’assurance chômage à la reprise d’un poste « déqualifié ». Il veut refondre le RSA en obligeant les bénéficiaires de consacrer 15 à 20 heures par semaine, non rémunérées, pour une activité leur permettant d’aller vers l’insertion professionnelle !

 

Et pour financer son programme 2022-27, estimé à 50 milliards/an, il a chiffré les économies et notamment 15 milliards sur la réforme des retraites, 15 autres milliards obtenus grâce à des « réformes de fond » et de « simplification » (e-carte Vitale, impôts minima sur les multinationales, régulation des prestations sociales… sans que l’on puisse en savoir plus.

 

Il y a lieu de préparer l’offensive.        

 

Macron a peur du peuple. Escalade sécuritaire

 

De son quinquennat on retiendra : deux décès, 321 blessures à la tête, 27 éborgnés et 5 mains arrachées parmi les Gilets Jaunes (sans compter le nombre d’incarcérés), et sa frénésie de lois de plus en plus liberticides. 

 

Son mandat commence dans l’état d’urgence, décrété par Hollande en novembre 2015. Il l’interrompt mais pérennise nombre de ses dispositions dans la loi de lutte contre le terrorisme et la sécurité intérieure (SILT) en novembre 2017. Perquisitions administratives, assignations à résidence, filtrages et fouilles systématiques dans les « périmètres de protection » ne sont plus des mesures d’exception ! Il en usera et abusera lors de la COP 21 puis contre les Gilets Jaunes. Il faut maintenir l’ordre capitaliste. Castaner, ministre de l’intérieur (qui fut membre de cabinets ministériels dans le gouvernement Jospin) transmet le message aux forces de l’ordre : « On n’est pas dans la cour d’école, c’est la guerre ! S’il faut tirer à balles réelles, il ne faut pas avoir des pudeurs de pucelle ! Vous êtes là pour défendre notre croissance, nos profits. A tout prix ! Si le capitalisme tombe, c’est la démocratie qui sombre avec lui ! ». 

 

La spirale sécuritaire n’est pas née avec Macron mais à partir du 11 septembre 2002. Elle s’est amplifiée après les attentats en France. C’est aussi en 2002 qu’un candidat d’extrême droite aux présidentielles (Le Pen) se qualifie pour le 2ème tour. Pour autant, il faut laisser à Macron le record en matière de sécurité : 9 lois et mesures de plus en plus liberticides en 5 ans.    

 

La loi SILT ouvre le champ à la répression contre les ennemis présumés dangereux. Il ne s’agit plus de punir des actes commis mais de « neutraliser les personnes potentiellement dangereuses qui envisageraient potentiellement de commettre des infractions » Cette formulation permet de prononcer des décisions attentatoires aux libertés à l’égard de personnes qui ne peuvent pas être poursuivies par l’autorité judiciaire puisqu’elles n’ont pas commis d’infraction.

 

En fait, Macron, face aux évènements, sur-réagit sans recul et entretient une atmosphère nauséabonde mêlant lutte contre la délinquance et lutte contre le terrorisme, y insérant des mesures contre les migrants, approuvées par les racistes de tous poils. En 2018, la loi « Asile et immigration » durcit les conditions d’accueil des exilés. En 2019, pour mater les Gilets Jaunes,  la loi « anticasseurs » remet en cause le droit constitutionnel de manifester, autorisant la fouille de sacs, bagages et véhicules aux abords d’une manifestation, punissant d’un an de prison et de 15 000€ d’amende toute personne  « dissimulant volontairement tout ou partie de son visage sans motif légitime » au sein ou aux abords d’une manifestation, inscrivant systématiquement les personnes interdites de manifester dans le fichier des personnes recherchées.

 

En 2021, plusieurs centaines de milliers de personnes manifestent contre la loi  Sécurité globale de Darmanin, accordant des pouvoirs de police judiciaire à la police municipale et privée, généralisant la vidéosurveillance, entravant la liberté de la presse et sanctionnant la diffusion de « l’image du visage ou tout autre élément d’identification » d’un policier, gendarme ou militaire « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique ». Censurée par le conseil constitutionnel, une grande partie des éléments de celle-ci sera réintroduite dans la loi « Séparatisme ». En 2021, une loi élargit la technique de surveillance algorithmique en ligne et les droits de communication d’informations entre les services.

 

Puis, aussitôt après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty (2021), Macron annonce la loi « contre le séparatisme islamiste » : contrôle des associations, des écoles hors contrats et de l’instruction à domicile, des cultes. Il désigne « l’ennemi », ce qui encourage le Sénat  à en rajouter contre les musulmanes (interdiction du burkini dans les piscines ou du port du voile dans le sport), amendements  rejetés par le Conseil constitutionnel. Ce sont là des atteintes potentielles graves aux libertés fondamentales d’association, d’expression, de culte et d’enseignement 

 

Pour compléter l’arsenal, une « dernière » est votée en janvier 2022 sur l’usage des drones par les forces de l’ordre notamment lors de manifestations, la création d’un délit spécifique de violences volontaires contre les agents chargés de la sécurité intérieure, la possibilité de vidéo-surveillance dans les cellules de garde à vue et la hausse des peines pour un refus d’obtempérer.

 

Cette façon de légiférer à chaud, de surfer sur l’émotion pour faire passer des lois liberticides est une constante chez Macron, lancé dans la course en avant sécuritaire, sans débat démocratique. Un ensemble de lois (sans compter l’état d’urgence sanitaire et les mesures liberticides) qui doit nous tenir en alerte pour ne pas s’habituer aux atteintes aux libertés. Craignez, vous êtes surveillés !

 

Dans son programme 2022-27, Macron annonce une nouvelle réforme du droit d’asile, et notamment des procédures plus rapides et effectives afin que le refus d’asile entraîne automatiquement obligation à quitter le territoire.

 

L’écologie, ce n’est pas son souci

 

En 2016, Macron affirmait que la France serait « garante de l’accord de Paris » avec l’objectif de limiter le réchauffement à 1.5 °C. Qu’en est-il ? Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont diminué de 0.9 % en 2019, loin des 3 % attendus en 2025. Qu’est-il entrepris en matière de rénovation énergétique des bâtiments, d’investissements dans les transports publics et infrastructures de mobilité douce, de déploiement des énergies renouvelables ? Aucune mesure suffisante. La consommation des énergies renouvelables représentait en 2019 17 % de la consommation d’énergie, l’objectif fixé est de 32 % en 2030 (2).

 

Macron a foi dans le modèle économique basé sur la croissance et croit dans la technologie pour sauver la planète. « Je veux que nous ayons des champions de l’intelligence artificielle ici en France et attirer les champions du monde entier ». L’enjeu de la 5G, pour lui, est majeur car tout (et nous avec) sera connecté : voiture, bâtiments, agriculture, établissements scolaires… « La 5G offre un nouvel horizon de croissance ». Il s’est empressé de mettre au panier la proposition de la Convention citoyenne sur le climat consistant à évaluer les avantages et inconvénients de la 5G avant d’avoir accordé les licences pour son développement. Sa solution c’est le progrès technique, « l’innovation par la rupture », en matière de santé, de déchets nucléaires, etc… Surtout ne pas changer de société, celle qu’il défend, la société de production et de consommation.

 

Tout au long de son mandat, il a pratiqué effets d’annonce et résultat zéro.

 

Pour préserver la biodiversité, il affiche en 2018 zéro artificialisation nette des sols. Elle se poursuit au rythme de 57 600 hectares supplémentaires par an, soit un terrain de foot toutes les 7 minutes ! La terre est bradée au profit d’extension d’aéroports, d’entrepôts Amazon ou autres centres commerciaux par centaines. Ce qui est détruit en termes d’écosystème, de fonction des sols et de qualité agronomique, ne se récupère pas en retirant une couche de béton. Pour renaturer un sol, Terre de liens estime le coût de 50 à 170 milliards pour les 570 km2 artificialisés chaque année. Il faut diviser par deux le rythme d’artificialisation dans les 10 prochaines années d’ici 2050 et viser la zéro artificialisation ! Il faut soutenir les communes car ce sont elles qui déterminent les zones à construire et délivrent les permis. Aujourd’hui exsangues fiscalement, elles ont intérêt à bétonner pour se créer des rentrées fiscales. Les mesures concrètes relèvent de la fiscalité, de la taxation des plus-values foncières lors d’un changement d’usage d’une terre. Il faut soustraire les élus aux pressions qui peuvent s’exercer sur eux lorsqu’il s’agit de décider la constructibilité d’un terrain.

 

Il en est de même des promesses d’abandon des pesticides. Leur utilisation n’a quasiment pas baissé et aucun calendrier n’est établi. Le plan Ecophyto (2007) promettait pourtant une diminution de 50 % en 10 ans. Le glyphosate – principe actif du Roundup produit par Monsanto – est toujours le pesticide le plus vendu au monde, classé cancérigène probable par l’OMS. Macron, en 2017, évoque une interdiction pour 2020, puis se dédit quelques mois plus tard. Janvier 2019, il déclare que la France ne parviendra pas à se passer à 100 % du glyphosate dans les 3 ans. La consommation explose de 40 % en 2020. Même procédé pour contourner l’interdiction des néonicotinoïdes, insecticides responsables de la disparition des insectes pollinisateurs. Interdits en France en 2018, ils sont  autorisés sur dérogations, devenues la règle pour les betteraviers notamment. Des distances de sécurité ont été établies pour les épandages de pesticides  (entre 5 et 10 mètres selon le produit). C’est encore trop. En avril 2020, une nouvelle faveur est accordée aux épandeurs qui peuvent s’approcher davantage des habitations (jusqu’à 3 mètres). Suite à recours des habitants, le Conseil d’Etat a ordonné à l’Etat de mieux protéger les populations…

 

Quant à l’agriculture bio, elle est en berne. La PAC 2023-2027  diminue de près de 70 % les aides versées à ceux qui cultivent sans pesticides et sans engrais de synthèse. L’agriculture certifiée « haute valeur environnementale » autorisant l’usage de pesticides et d’engrais de synthèse bénéficiera des mêmes aides que l’agriculture biologique ! Fin 2020, 12 % des fermes françaises sont en bio, représentant 9,5 % de la surface agricole utile contre plus de 16 % en Italie, 20 % en Suède ou 26 % en Autriche.   

 

Dans son programme 2022-27 ? Le capitalisme vert et notamment l’énergie nucléaire, devenue verte ! (2).

 

  Enrichir les riches, serrer la vis aux pauvres, soumettre le peuple par la violence institutionnelle et policière, accélérer la croissance et fermer les yeux sur les risques écologiques et environnementaux. Tel est le résumé de ce que nous retiendrons du bilan Macron. Il faut mettre un coup d’arrêt à cette politique (par les urnes ?) par la définition d’un projet et la construction d’un rapport de forces reposant sur des propositions positives pour les peuples.

 

Odile Mangeot, le 23.03.2022

sources : Fakir, bastamag, Politis

 

(1)   Fakir février-avril 2022 « le livre noir du macronisme »

(2)   sur le sujet, voir article dans PES n° 80

 

 

Encart 1

Le 1% des plus aisés a profité des années Macron : gain annuel de 3 500€, soit + 2.8 %

Le 0.1 % des plus aisés + 4.1%

Les moins de 800€/mois ont été pénalisés : hausse de la fiscalité sur l’énergie, le tabac, suppression des emplois aidés, baisse des aides au logement…

 

Encart 2

Fortune cumulée des 5 familles les plus riches de France

Arnault, Hermès, Bettencourt, Wertheimer, Pinault

-        112 milliards en septembre 2016

-        256 milliards en septembre 2019

-        292 milliards en septembre 2020

-        419 milliards en septembre 2021

 

La fortune des 10 français les plus riches est supérieure de presque 100 milliards à celle des 490 autres grandes fortunes françaises. Bernard Arnault est n° 1, son patrimoine a progressé de plus de 55 milliards en un an pour atteindre 157 milliards €

 

 

 

Libérez Libre-Flot

 

Le 27 février, un homme de 37 ans, début une grève de la faim en prison. Il veut protester contre son incarcération de 14 mois, à l’isolement total, sans jugement (1).

 

« Cela fait 14 mois que je suis enterré vivant, dans une solitude infernale et permanente, sans avoir personne à qui parler, à juste pouvoir contempler le délabrement de mes capacités intellectuelles et la dégradation de mon état physique et ce, sans avoir accès à un suivi psychologique ». « Cet isolement, la torture blanche, est considéré comme inhumain et dégradant par plusieurs instances des droits humains ».

 

Arrêté le 8 décembre 2020 avec 7 autres personnes, il est mis en examen pour association de malfaiteurs. Il lui est reproché d’avoir « envisagé » des actions violentes contre des policiers et des militaires.

 

Dans quel pays un individu peut-il être incarcéré, à l’isolement, pour avoir peut-être envisagé des actions violentes ? Sans doute dans un pays bafouant les droits de l’Homme, avec un régime autoritaire.

 

C’est en France que ça se passe.

C’est en effet à Bois d’Arcy que Libre Flot est emprisonné.

 

Il lui est reproché par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure d’avoir possédé, dans le camion où il vivait, des produits chimiques pouvant entrer dans la composition de bombes artisanales, comme, par exemple, du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), du nitrate d’ammonium (présent dans les engrais chimiques), de l’essence (qui peut servir aussi à faire tourner un groupe électrogène) ainsi qu’un fusil de chasse. Il lui est également reproché, sous couvert de pratiquer l’Air-soft (tir au pistolet à billes), de s’entraîner au maniement des armes.

 

Donc, si vous pratiquez l’air-soft, si vous avez quelques sacs d’engrais, de l’eau oxygénée, des bidons d’essence pour votre tondeuse, et si vous avez conservé le fusil de chasse de votre grand-père, il serait peut-être plus prudent de quitter immédiatement le territoire français car la police anti-terroriste risque de vous mettre hors d’état de nuire et de vous incarcérer à l’isolement.

 

Cette police est celle qui, en 2008, a démantelé le « dangereux » groupe de Tarnac dont tous les membres furent…. acquittés quelques années plus tard. Seul Julien Coupat fut condamné à 4 mois de prison avec sursis pour « refus de se soumettre à un prélèvement biologique ». Le jugement était motivé de la façon suivante : « l’audience a permis de comprendre que le groupe de Tarnac était une fiction »…. Le premier synonyme que le dictionnaire donne pour fiction est  « invention ».

 

Ce petit rappel étant fait, l’affaire de Libre Flot apparaît totalement improbable, incompréhensible, incroyable. Un autre élément du dossier permet de la voir sous un autre angle.

 

Libre Flot s’est en effet rendu en Syrie. Pas pour combattre avec Daech, mais contre Daech avec les forces kurdes du Rojava. « Cela fait plus de 14 mois que je comprends que ce sont mes opinions politiques et ma participation aux forces kurdes des YPG dans la lutte contre Daech qu’on essaie de criminaliser ».

 

Pourquoi l’Etat français voudrait-il donc, criminaliser,

 réduire au silence les individus qui ont rejoint les forces armées kurdes ?

 

Serait-ce pour faire oublier que le Rojava est certainement l’expérience d’organisation sociale, politique et humaine la plus intéressante, la plus prometteuse de notre époque ? Cette région rebelle autonome est située dans le nord de la Syrie. Les milices kurdes ont profité du choc de la guerre civile syrienne pour y prendre le pouvoir. Ils ont mis en place une politique laïque, fondée sur des principes démocratiques, une forme de socialisme démocratique ; l’égalité des sexes et l’écologie transparaissent dans sa Constitution (qui est plus un contrat social). Ce système politique est inspiré par le confédéralisme démocratique théorisé par Abdullah Ocalan, leader du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan).

 

Au Rojava, vivent en plutôt bonne harmonie, ce qui est exceptionnel pour la région, 6 millions de personnes dont des Kurdes, des Arabes, des Turkmènes. Trois langues officielles y sont enseignées, le kurde, l’arabe et le syriaque. Des conseils populaires sont élus par des assemblées de  communes ; chaque conseil gère les ressources agricoles, énergétiques, de manière autonome, coopérative et écologique. Ce n’est certes pas le paradis sur terre mais un exemple très intéressant en matière d’organisation sociale.  

 

Dans une telle organisation, pas de multinationales qui financent, soutiennent des partis politiques, pas d’oligarques, pas de médias aux mains des marchands d’armes, pas d’homme seul qui décide que son pays (la Russie) de 144 millions d’habitants va attaquer son voisin…  

 

Le Rojava, un exemple à ne pas suivre si les élites en place veulent garder le pouvoir.

 

Serait-ce, également, pour faire oublier les trahisons des Occidentaux vis-à-vis des Kurdes ?

 

La promesse d’un Etat kurde en 1920, sur les restes de l’empire ottoman (traité de Sèvres) pour finir par une répartition des Kurdes sur trois Etats (Turquie, Syrie, Irak) qui pratiquèrent chacun l’assimilation forcée et violente. Comme par exemple l’attaque aux armes chimiques contre les Kurdes irakiens par le régime de Saddam Hussein (180 000 morts en 1987).

 

Le lâchage des milices kurdes par les Occidentaux dans la lutte contre Daech plus récemment a tué 11 000 Kurdes pour libérer Kobané, Raqqan et vaincre les djihadistes. Les Occidentaux ont certes soutenu logistiquement et financièrement les milices mais les morts étaient kurdes. Et quand le travail a été terminé, Daech vaincu, les Occidentaux sont rentrés à la maison et ont laissé les Kurdes seuls face aux Turcs qui ne se sont pas fait prier pour les attaquer et prendre une partie de leur territoire : la région d’Afrin.

 

Ou encore, est-ce pour passer sous silence le dernier « cadeau » laissé aux milices kurdes,

à savoir la surveillance, la gestion des prisonniers de Daech ?

 

Près de 60 000 djihadistes, dont des Occidentaux et, parmi eux, plusieurs centaines de français ainsi que leurs familles, ont été laissés aux bons soins des Kurdes. Les Kurdes n‘ont bien sûr pas les moyens d’assurer correctement cette mission. Donc les djihadistes sont soit, pour les combattants, entassés dans des prisons dans des conditions sanitaires catastrophiques, soit, pour les familles, parquées dans le camp de Al Hol, où 55 000 personnes sont détenues - dont beaucoup d’enfants - de 57 nationalités.  Il y aurait dans ce camp environ 80 femmes françaises et 200 enfants. La France en a rapatrié une quarantaine. Laisser ces gens à la charge des Kurdes est cynique et dangereux, car ces camps sont de véritables « pépinières de djihadistes », des bombes à retardement laissées dans la région. Car Daech a, certes, était vaincu mais de nombreuses cellules dormantes demeurent dans la région et les prisons bondées sont une cible privilégiée pour eux afin de libérer leurs camarades. Comme celle de Ghwaryan attaquée le 20 janvier. 3 500 djihadistes y étaient retenus. Le bilan est dramatique : près de 300 prisonniers et près de 100 gardiens y ont perdu la vie.

 

On comprend mieux pourquoi le pouvoir préfère qu’on ne parle pas trop du Rojava et des Kurdes. Ceux qui pourraient témoigner sont priés de se taire et s’ils ne le font pas sont, comme Libre Flot, broyés par la machine judiciaire.

 

« Puisque l’on cherche à criminaliser les militants et militantes ayant lutté avec les Kurdes contre Daech »

« Puisque l’on utilise la détention  soi-disant provisoire dans le but de punir des opinions politiques »

« Puisque cette histoire n’existe qu’à des fins de manipulation politique »

« Puisque aujourd’hui on ne me laisse comme perspective que la lente destruction de mon être »

« Je me déclare en grève de la faim depuis le dimanche 27 février 2022 à 18h. Je ne réclame à l’heure actuelle que ma mise en liberté en attendant de démontrer le caractère calomnieux de cette honteuse accusation ».

 

Le 16 mars, Libre Flot a donné de ses nouvelles : « Après 17 jours de grève de la faim, les institutions, bien conscientes de ce qui se passe, restent totalement indifférentes (…) alors, dégradation pour dégradation, séquelles pour séquelles, autant que ce soit mon choix, autant que ce soit pour pousser ce cri de vie, autant que ce soit pour lancer cet appel à l’aide

 

 Sortez-moi de ce tombeau ! »

 

On peut lui écrire via les comités de soutien locaux : Comité 812 Paris : LAP 393 393 rue de Vaugirard 75015 Paris

Pour se tenir informé : https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/

 

Jean-Louis Lamboley 

 

(1)   toutes les parties entre guillemets sont des extraits d’une lettre écrite par cet homme le 28 février 2022

 

encart

 

Abdullah Ocalan, également connu sous le surnom d’APO est un homme politique kurde de nationalité turque. Il est le leader du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). Ce parti revendique un Kurdistan unifié, indépendant et socialiste. Il se lance dans la lutte armée jusqu’en 1984. A partir de cette date, il donne la priorité à une solution politique pacifique et démocratique à la question kurde. Ce parti est considéré comme terroriste par les Etats-Unis, l’Union Européenne, la Turquie, entre autres.

 

APO est arrêté en 1999, emprisonné en Turquie et condamné à la peine de mort. Le pays abolissant la peine de mort en 2002, sa peine est commuée en prison à vie. C’est au cours des premières années de prison qu’il élabore, en collaboration écrite avec Murray Bookchin, écologiste libertaire états-unien, l’idée du confédéralisme démocratique.

 

Le PYD (Parti de l’Union démocratique) est la branche syrienne du PKK

Les YPG (Unités de protection du Peuple) et les YPJ (unités féminines de protection) en sont les branches armées qui comptent environ 40 000 combattants et combattantes.