Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 1 mars 2022

 

Capitalisme bleu

 

One Ocean Summit, un sommet pour l’océan pour rien. Un entre soi de businessmen, à Brest du 9 au 11 février, où se sont croisés scientifiques, jeunes entreprises, ONG libérales, multinationales (de Total Energie à Nestlé), banques, assurances et une vingtaine de chefs d’Etats : un festival de la croissance bleue qui a avalisé l’exploration des fonds marins. Rien sur la surpêche, sur l’exploitation minière sous-marine. Rien de contraignant sur la production des plastiques. L’engagement d’une trentaine d’Etats supplémentaires, une hypocrisie et ce, au nom de la biodiversité, à atteindre 30 % d’aires marines protégées, principalement dans les pays du Sud, lorgnées par les multinationales et les industries minières sous-marines puisque le statut d’aire marine protégée ne leur interdit pas l’extraction ! Rien pour freiner l’expansion des industries du fret et du tourisme sauf des mesures pour le verdir. Exemple : une dizaine de ports – comme Marseille – se sont engagés à raccorder les bateaux au réseau électrique lorsqu’ils sont au mouillage pour éviter de faire tourner leurs moteurs au fuel !

 

Des actions et manifestations ont eu lieu à l’extérieur car « Nous, pêcheurs, on n’est pas invités à ce genre de sommet » déplore un patron-pêcheur venu de Normandie pour manifester son désaccord avec les logiques capitalistes, aux côtés d’associations écologistes et de syndicats « Malheureusement, l’économie bleue ne comprend pas la pêche, elle va détruire la biodiversité et industrialiser la mer. La pêche artisanale est en grand danger ». OM.

 

Fourberies macroniennes

 

Cette vitrine pour le président-candidat Macron fut une « occasion ratée de réfléchir à la façon de réinventer notre rapport à l’océan » écrit Claire Nouvian – fondatrice de l’association Bloom pour la défense de l’océan. Les propos qui suivent sont extraits de son article « Un sommet de l’océan pour pas grand-chose » le Monde 16.02.22.

 

« Ce sommet n’a pas servi à grand-chose, sinon à confirmer la « méthode Macron » : instrumentaliser les annonces avant les échéances électorales et les calibrer pour optimiser leur effet médiatique tout en minimisant leur portée environnementale. Ce sommet est un cas d’école… E. Macron commence par faire de la programmation neurolinguistique : il martèle des éléments de langage qui le font passer pour un militant de la planète. Puis il égrène les enjeux de l’agenda international… appelant avec beaucoup de conviction à la réussite des négociations de l’OMC visant à mettre fin aux subventions menant à la surpêche dans le monde. C’est fourbe, ça fonctionne : sans prendre le moindre engagement, ni même clarifier la position de la France sur cet enjeu majeur, le président crée l’illusion d’être courageux sur des sujets structurels qu’en réalité il évite soigneusement et fait même reculer. Rappelons que son gouvernement a appuyé la réintroduction des catégories d’aides publiques les plus dangereuses pour l’océan au moment de la réforme de l’instrument financier européen de la pêche. La méthodologie présidentielle se poursuit avec des annonces environnementales « à double fond » qui, appuyées par des chiffres impressionnants, jettent de la poudre aux yeux, alors qu’elles dissimulent une porte de sortie permettant de ne pas porter préjudice aux intérêts financiers, industriels ou commerciaux. Il a annoncé, par exemple, des objectifs internationaux de protection de 30 % de notre territoire marin… Qu’en est-il vraiment ? 98 % des zones dites protégées ne protègent pas les écosystèmes marins des activités extractives à fort impact environnemental, comme le chalut de fond… Il a parlé de « protection forte », en évitant de prononcer les seuls mots qui sont sans ambiguïté, « protection intégrale »… Pour éviter d’aborder les vrais problèmes, il réalisa un véritable slalom… Pas un mot sur la pêche destructrice émettrice de carbone ni sur le fléchage des subventions vers ces mêmes pêches industrielles, première cause de destruction de l’océan. Pas un mot sur la prédation des ressources marines des pays en développement par nos flottes subventionnées, provoquant insécurité alimentaire et déstabilisation socio-économique. Silence  assourdissant sur l’exploitation minière dans les grandes profondeurs marines, le seul endroit de la planète à ne pas avoir été exploité par les humains… Aujourd’hui, des pays comme la France mettent la pression sur l’agence onusienne dépositaire de l’autorité sur les fonds marins pour que commence l’exploitation du dernier biotope vierge de notre planète… Le plan France 2030, contredisant les objectifs de l’agenda de l’ONU, prévoit d’allouer des centaines de millions d’euros à « l’exploration » des grandes profondeurs… Macron voit dans la nature un réservoir de ressources, dans les ressources une occasion d’exploitation et dans l’exploitation un potentiel de croissance…

Pour chaque problème, l’humanité a déjà inventé des solutions, c’est ce qui rend notre époque enthousiasmante. Mais l’impasse de la volonté politique, voilà ce qui rend notre époque si angoissante ».