Rouges de colère car les classes populaires ne doivent pas payer la crise du capitalisme.



Verts de rage contre le productivisme qui détruit l’Homme et la planète.



Noirs d’espoir pour une société de justice sociale et d’égalité


mardi 29 mars 2022

 

Nous avons lu

 

La grande braderie de l’Est

 

Pour plus de reculs par rapport aux bouleversements provoqués par l’agression russe en Ukraine, il est peut-être temps de (re)lire cet ouvrage paru en 2005. Les historiens dressent le constat des évènements qui se sont enchaînés après le démantèlement du mur de Belin et l’implosion de l’URSS. Si les idéologues nous ont vendu un avenir radieux, marqué par la prospérité, la paix, la démocratie, la réalité fut tout autre. La vague de privatisations vit émerger un capitalisme sauvage, liquidant les prestations sociales, culturelles, des services publics. Ce fut le hold-up du siècle, la corruption et le règne des escroqueries de toutes natures pour s’emparer des biens publics et nationaux ainsi que l’apparition d’une caste kleptocrate. Dans le même temps, on a assisté à l’intrusion, dans les pays de l’Est européen, des multinationales occidentales avides de conquêtes de nouveaux marchés et attirés par une main d’œuvre à bas coût. Résultat : ces pays virent une partie de leur jeunesse migrer vers l’ouest, leurs populations se réduire, les nationalismes resurgir, les idéologies réactionnaires refleurir et de nouveaux despotes, tel Orban en Hongrie, s’installer durablement à la tête des Etats. Les auteurs signalent d’ailleurs que la nomenklatura évincée (et/ou) reconvertie disposait de privilèges médiocres si on les compare aux oligarques et chefs des réseaux maffieux qui ont prospéré et qu’il est bien difficile de juguler.

Cet essai historique balayant différents pays de l’Est, y compris ceux issus de la guerre de l’OTAN contre l’ex-Yougoslavie, renvoie, sans la traiter, à la situation de la Russie poutinienne, au rêve tyrannique de reconstituer l’empire territorial de la Russie tsariste. L’histoire qui s’est déroulée des années 1990 à aujourd’hui n’est pas celle diffusée par la bien-pensance, elle est bien plus tragique. GD.

Sous la direction de Claude Karnooh et Bruno Drweski, Le temps des cerises, 2005, 18€

 

Ombre invaincue.

La survie de la collaboration dans la France de l’après-guerre (1944-1954)

 

L’auteur, historien, nous plonge dans les méandres de récits méconnus : ceux des réseaux fascistes et collaborationnistes, issus du régime de Vichy. Les partisans français du fascisme et du nazisme ont déployé toute une ingénierie sociale pour échapper aux tribunaux et négocier leur réapparition publique. Ils se sont appuyés sur des réseaux anticommunistes durant la guerre froide, se sont impliqués dans des structures favorisant la construction européenne puis, dans les années 1950, redressant la tête, ont réorganisé l’extrême-droite. Dans cette histoire troublante faite de complicités et de compromissions, on croise nombre de personnages connus, tels Mitterrand et Le Pen. Toutefois, ce qui est plus troublant c’est la réintroduction des idées pernicieuses que l’on pensait récusées. Elles sont désormais installées dans de nombreuses sphères du pouvoir. C’est à travers l’évolution de 13 mouvances décrites que s’ordonnent la survie et la réapparition de troubles personnages : le Parti Populaire Français de l’ex-communiste Jacques Doriot, le Rassemblement National Populaire de Marcel Déat, les Cagoulards d’Eugène Deloncle, les miliciens de Joseph Darnand. Si ces tristes sires ont disparu, les réseaux reconstitués furent actifs pour écrire une histoire largement méconnue, passée, et toujours bien présente que l’on ne peut réduire aux épouvantails Le Pen ou Zemmour. L’héritage de Vichy est bien partagé. GD

Christophe Bourseiller, ed. Perrin, 2021, 23€