Dénoncer
l’enfer des orpailleuses au Cameroun
Dans l’est du Cameroun, l’exploitation
de mines d’or intoxique les populations, surtout les femmes. A Batouri, les
orpailleuses souffrent dans un silence absolu « Il faut ruminer sa douleur dans le silence. Les entreprises chinoises
qui exploitent les mines d’or de la localité n’aiment pas les bruits ».
Augustine, tamis à la main, une partie de son corps immergé dans une eau
boueuse raconte son enfer « J’ai eu
des blessures tout autour de mon sexe. Je ne comprenais pas ce qui se passait.
J’étais en contact avec ces eaux et ces petites blessures s’aggravaient. A
l’hôpital le médecin m’a demandé de quitter la mine, il a retrouvé les traces
de mercure dans ma vulve ». Selon l’enquête de WWF, dans cette région,
98 compagnies (dont des chinoises) gèrent 133 chantiers miniers. Au sommet des
sites, les pompes projettent de l’eau pour laver le minerai, utilisant, bien
qu’interdit, du mercure. Une fois l’or capté dans des grands tamis métalliques,
l’eau souillée est déversée dans la nature et s’écoule vers les bassins de
l’aval où des femmes, contraintes par la pauvreté, certaines enceintes,
d’autres qui allaitent encore et des enfants de moins de 10 ans, cherchent des
résidus d’or. Les cours d’eau sont jaunâtres, les poissons meurent, les
populations manquent d’eau potable et ne peuvent plus pêcher dans le fleuve.
Maladies hydriques, infections pulmonaires, maladies de la peau… sont le lot
des orpailleuses et de leurs enfants, trempés dans une eau boueuse pendant des
heures, malaxant la terre molle sans protection pour trouver quelques pépites
et les vendre. La société civile alerte sur le désastre environnemental et
sanitaire, aidée, à Batouri, par un jeune médecin, sans être entendue, dans ce
pays où l’industrie aurifère n’est pas encadrée légalement.
Nous les associons aux revendications
des organisations syndicales CGT, FSU et Solidaires qui appellent à la grève
pour le droit des femmes le 8 mars prochain « Pour que ce 8 mars soit une grande déferlante ! » pour
l’égalité salariale, pour une société sans violence sexiste et sexuelle, pour
que leur « Ne nous libérez pas, on s’en
charge ! devienne réalité aussi au Cameroun !