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Criminels climatiques
Enquête sur les multinationales qui brûlent notre
planète
De Jacques
Attali prônant un capitalisme vert, à Pierre Rabhi, via sa fable du colibri qui
« fait sa part » en jetant des gouttes d’eau sur un incendie, tous
clament que l’on pourra mettre fin à la catastrophe en cours en adoptant des
gestes écoresponsables. Une morale écologique s’est ainsi abattue sur chacun
d’entre nous, nous persuadant que le tri de nos déchets ou le remplacement de
nos ampoules par des LED sont le minimum syndical de la lutte contre le
dérèglement climatique. Si les actes individuels écologiques peuvent nourrir
une certaine éthique personnelle, ils reflètent avant tout le triomphe de la
logique libérale dominante : l’individualisation de la responsabilité. En
juillet 2017, des travaux scientifiques pionniers ont jeté une lumière crue sur
la réalité sociale du dérèglement climatique, révélant que cent entreprises,
productrices de pétrole, de gaz ou de charbon, étaient responsables à elles
seules de 71 % des rejets de gaz à effet de serre imputables à
l’activité humaine. Pillage écocidaire des dernières réserves énergétiques,
corruption, néocolonialisme, introduction en Bourse, recherches technologiques, greenwashing… Ce
livre dévoile comment le trio des multinationales les plus climaticides au
monde déploient un arsenal de stratégies pour maintenir notre addiction aux
énergies fossiles. Elles sont peu, voire pas du tout connues du grand public. 1er
exportateur international de pétrole, Saudi Aramco, géant saoudien, est
la firme la plus émettrice de carbone de la planète, China Energy,
gigantesque conglomérat chinois est leader du charbon et Gazprom,
fleuron de l’économie russe, est le premier producteur international de gaz. Ce
livre désigne les réels responsables du chaos climatique qu’il est urgent de
mettre hors d’état de nuire. OM
Mickaël Correia, la Découverte, cahiers
libres, 2018 (Poche 2020), 19€