Nous avons lu…
L’empire qui
ne veut pas mourir.
Une histoire
de la Françafrique
Un collectif de journalistes, de militants
associatifs, tous spécialistes des relations françafricaines, par leurs
différentes contributions historiques, éclairent cette histoire occultée.
L’indépendance octroyée a permis aux différents gouvernements français, dès la
fin de la seconde guerre mondiale, de conserver une domination sur l’ensemble
des pays de l’Afrique de l’ouest et même de s’ingérer hors de son « pré
carré ». Des pactes de corruption furent conclus avec des caciques formés,
encadrés par l’armée française mais également par des civils introduits dans
les hautes sphères des Etats. Cette histoire méconnue est celle des massacres
comme celui de soldats « sénégalais » qui en 1944 réclamaient
pacifiquement leur solde. De cette guerre secrète menée au Cameroun des années
50 à 60 contre les guérillas indépendantistes de l’Union des populations
camerounaises, des camps de concentration, de torture, des bombardements
aériens, des insurgés fusillés dont les têtes tranchées furent exhibées au bord
des routes. C’est aussi celle de la sécession du Biafra, de la manipulation de
l’opinion à laquelle se sont livrés B. Kouchner et Foccart. Ça puait le pétrole
à ravir pour un échec colonialiste, se traduisant par 500 000 à 1 million
de morts - chiffres imprécis et comme disait Mitterrand, à propos du Rwanda
« un génocide dans ces pays-là,
c’est pas grave ».
Mais aujourd’hui, la jeunesse africaine, décidée à
s’en prendre aux vieux autocrates, à cette « République française des
mallettes », à la corruption, se trouve confrontée non seulement à la
répression mais aussi aux appétits des impérialismes concurrents qui viennent
faire leur marché dans cette Afrique convoitée (Russie, Chine, pétromonarchies,
sans compter les USA déjà installés).
A lire pour faire mentir cet adage : un peuple
qui en domine un autre ne peut être un peuple libre, d’autant que le pillage des ressources, tout
comme l’exploitation d’une main d’œuvre à bas coût entretient
indirectement un esprit de domination raciste à l’aide de miettes octroyées à
la classe moyenne qui bénéficie d’une consommation d’une production
délocalisée. Au-delà des tristes figures républicaines jamais inquiétées (y
compris les mercenaires employés) pour les crimes commandités, il y a des
personnages ignorés qu’il convient de découvrir comme Sylvanus Olympio, Ernest
Ouandié ou Felix Moumié (tous exécutés)… ou l’écrivain Mongo Beti. GD
Collectif : Thomas
Borrell, Amzat Boukari Yabara, Benoît Collombat, Thomas Deltombe, Seuil, 2021, 25€